xi eme‐ xiii eme siecles - Université Paris-Sorbonne

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16.06.2013 Views

moins concrètes mais toutes autant négatives pour leur salut. C’est emprunts de détermination, de courage et en déployant une force mentale exceptionnelle qu’ils sont parvenus au but. Pourtant, accablés d’émotion, ce sont souvent leurs pleurs que l’on entend à travers ces récits de pèlerinages. Mais ces larmes ne traduisent-elles pas le dépassement de soi justement, la capacité à avoir affronté tout cela avec une seule idée en tête, puis le relâchement une fois l’effort accompli ? Parce que ces pèlerins ne sont pas des surhommes, ce sont des êtres humains qui ont vécu un moment d’exception, des êtres perfectibles qui se présentent tous ici comme des pénitents. Des créatures de Dieu qui souhaitent suivre le modèle du Christ pour progresser et devenir meilleures. Une fois rentrés, la discussion s’engage sur ce qu’ils ont vu, ce qu’ils ont entendu, sur les paroles et les actes à méditer. Le dialogue qui avait commencé en Terre Sainte se poursuit, non plus entre le pèlerin et Dieu ou le pèlerin et les Lieux saints mais un échange entre le pèlerin et son entourage. Il peut s’agir encore d’un travail interne, en prolongement de celui amorcé pendant le pèlerinage, permettant de recentrer sa vie sur la spiritualité, voire de donner un sens à sa vie. Par ailleurs, chacun ayant été attiré par des aspects divers du Proche-Orient, les fondements d’un autre type de voyage sont posés. Ils aboutiront à des modèles d’écriture précis et se constitueront en genre par la suite. Notre analyse cependant a été confrontée à des obscurités difficiles à élucider. Cela tient à la nature même du texte support. En effet, les récits ne sont pas institués en un genre défini, il n’y a pas de véritable règle d’écriture, même si certains textes ont d’évidence servi de modèles à d’autres. Aussi, les narrateurs ont pris le parti de noter ce qui leur semblait important dans leur démarche, et notamment dans leur parcours spirituel. Ils ont produit un récit propre à leur horizon d’attente et à celui de leurs contemporains. Bien sûr, cela freine le travail du chercheur aujourd’hui. De plus, non seulement ils ont raconté ce qui leur semblait adapté mais ils se sont aussi appuyés sur des ouvrages pseudoscientifiques renommés afin d’enrichir leur travail. Ceci dans un souci d’être exhaustifs, dans un souci de permettre à leurs lecteurs de s’édifier, de participer mentalement au pèlerinage. Cette démarche somme toute louable contribue à obscurcir le champ d’étude. En effet, nous ne pouvons distinguer ce qui a réellement été visité de ce qui est repris d’un autre. Nous nous sommes constamment interrogés sur la réalité de la visite, sur sa transcription d’après un modèle considéré comme plus correct que sa propre plume. Aussi ce sont des conjectures qui sont proposées, et non des certitudes. Inversement, chacun étant 307

libre du contenu de son récit, nous avons été heureux de découvrir que des aspects variés avaient attiré l’attention des pèlerins. Ceci nous a permis de souligner les contacts ou l’absence de contact avec d’autres populations. Nous avons pu mettre à jour une « photographie » des lieux parcourus puisque des textes ont été prolixes en matière d’architecture, d’autres sur la végétation et le relief, d’autres encore sur le climat ou les réalités du quotidien. Ainsi, notre corpus d’étude est une sorte de kaléidoscope sur le pèlerinage en Terre Sainte. Il s’attache à souligner la foi inébranlable des pèlerins, leur émotion au contact de cette terre considérée comme la plus sacrée et la pérennité de ces pèlerinages. En effet, ils ne tarissent pas malgré les relations parfois tendues entretenues avec le Proche-Orient, c’est par conséquent un signe fort. 308

moins concrètes mais toutes autant négatives pour leur salut. C’est emprunts de<br />

détermination, de courage et en déployant une force mentale exceptionnelle qu’ils sont<br />

parvenus au but. Pourtant, accablés d’émotion, ce sont souvent leurs pleurs que l’on entend<br />

à travers ces récits de pèlerinages. Mais ces larmes ne traduisent-elles pas le dépass<strong>eme</strong>nt<br />

de soi just<strong>eme</strong>nt, la capacité à avoir affronté tout cela avec une seule idée en tête, puis le<br />

relâch<strong>eme</strong>nt une fois l’effort accompli ? Parce que ces pèlerins ne sont pas des<br />

surhommes, ce sont des êtres humains qui ont vécu un moment d’exception, des êtres<br />

perfectibles qui se présentent tous ici comme des pénitents. Des créatures de Dieu qui<br />

souhaitent suivre le modèle du Christ pour progresser et devenir meilleures.<br />

Une fois rentrés, la discussion s’engage sur ce qu’ils ont vu, ce qu’ils ont entendu, sur les<br />

paroles et les actes à méditer. Le dialogue qui avait commencé en Terre Sainte se poursuit,<br />

non plus entre le pèlerin et Dieu ou le pèlerin et les Lieux saints mais un échange entre le<br />

pèlerin et son entourage. Il peut s’agir encore d’un travail interne, en prolong<strong>eme</strong>nt de<br />

celui amorcé pendant le pèlerinage, permettant de recentrer sa vie sur la spiritualité, voire<br />

de donner un sens à sa vie. Par ailleurs, chacun ayant été attiré par des aspects divers du<br />

Proche-Orient, les fond<strong>eme</strong>nts d’un autre type de voyage sont posés. Ils aboutiront à des<br />

modèles d’écriture précis et se constitueront en genre par la suite.<br />

Notre analyse cependant a été confrontée à des obscurités difficiles à élucider. Cela tient à<br />

la nature même du texte support. En effet, les récits ne sont pas institués en un genre<br />

défini, il n’y a pas de véritable règle d’écriture, même si certains textes ont d’évidence<br />

servi de modèles à d’autres. Aussi, les narrateurs ont pris le parti de noter ce qui leur<br />

semblait important dans leur démarche, et notamment dans leur parcours spirituel. Ils ont<br />

produit un récit propre à leur horizon d’attente et à celui de leurs contemporains. Bien sûr,<br />

cela freine le travail du chercheur aujourd’hui. De plus, non seul<strong>eme</strong>nt ils ont raconté ce<br />

qui leur semblait adapté mais ils se sont aussi appuyés sur des ouvrages pseudoscientifiques<br />

renommés afin d’enrichir leur travail. Ceci dans un souci d’être exhaustifs,<br />

dans un souci de permettre à leurs lecteurs de s’édifier, de participer mental<strong>eme</strong>nt au<br />

pèlerinage. Cette démarche somme toute louable contribue à obscurcir le champ d’étude.<br />

En effet, nous ne pouvons distinguer ce qui a réell<strong>eme</strong>nt été visité de ce qui est repris d’un<br />

autre. Nous nous sommes constamment interrogés sur la réalité de la visite, sur sa<br />

transcription d’après un modèle considéré comme plus correct que sa propre plume. Aussi<br />

ce sont des conjectures qui sont proposées, et non des certitudes. Invers<strong>eme</strong>nt, chacun étant<br />

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