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xi eme‐ xiii eme siecles - Université Paris-Sorbonne

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Ibn Jbayr, le musulman, expose l’importance revêtue par celui qui revient du pèlerinage à<br />

La Mecque pour les habitants de Damas : « Ils ont aussi comme habitude merveilleuse de<br />

vénérer les pèlerins bien qu’ils soient proches des lieux de pèlerinage, que ce soir facile<br />

pour eux de l’accomplir et qu’ils puissent le faire aisément. Au retour des pèlerins, on<br />

cherche à se frotter à eux et on se précipite vers eux pour s’attirer la bénédiction 812 ». Il<br />

insiste bien sur le fait que les habitants n’accordent pas d’intêret au pèlerin pour<br />

l’exceptionnalité de son geste puisqu’ils peuvent en faire autant mais bien pour la portée<br />

symbolique de leur démarche spirituelle. Ainsi, le pèlerin acquiert une grâce spéciale, il<br />

est une transition entre le spirituel et l’humain et on lui confère la Baraka.<br />

Cependant ces pèlerins, rentrent-ils meilleurs après avoir mis leurs pas dans ceux du<br />

Christ, revécus des épisodes marquants et soufferts (proportionnell<strong>eme</strong>nt aux conditions du<br />

pèlerinage) ? N’oublions pas que les quelques témoignages qui nous sont parvenus sur les<br />

conditions de voyage des pèlerins ne les présentent pas comme des êtres dénués de tout<br />

défaut. Ils restent des hommes, certains auront évolué et tendront vers une vie meilleure,<br />

mais la donnée première d<strong>eme</strong>ure identique. D’un point de vue strict<strong>eme</strong>nt logique, si le<br />

pèlerin se rend à Jérusalem pour absoudre ses péchés, il s’en retourne guéri, mais pas<br />

forcément immunisé. Aussi, à moins d’avoir compris son erreur et de la regretter<br />

terribl<strong>eme</strong>nt, il n’est pas en mesure de ne pas la réitérer. Cela peut d’ailleurs tourner au<br />

comport<strong>eme</strong>nt maladif, témoin, la cruauté de Foulque Nerra qui se rend à Jérusalem à trois<br />

reprises. De même, selon la chronique de Bersold, il n’est pas certain que l’évêque Othon<br />

de Strasbourg se soit corrigé après son pèlerinage pénitentiel. En outre, une des premières<br />

recommandations (métaphorique) de Félix Fabri n’est-elle pas d’accepter de se transformer<br />

en homme meilleur ? « Quod tunc sit, quando peregrinus in locis sanctis suos defectus<br />

recognoscit et <strong>eme</strong>ndat, seque a vitiis et malis consuetudinibus avertit. Qui enim vadit a<br />

Jerusalem, et defectus non <strong>eme</strong>ndat, peccata et eorum occasiones non vitat, in vanum<br />

prorsus laborat, et hoedos inducit, et foetidos hircos reducit » 813 . Tout est question de<br />

volonté. Par conséquent pour être concis, le pèlerinage d<strong>eme</strong>ure une démarche spirituelle<br />

qui ne transforme pas radical<strong>eme</strong>nt la nature humaine qui ne souhaite pas être modifiée.<br />

sancti sepulchri militem, et rogabant me, ut mane eis Missam legerem et cum eis recederem. Mane facto<br />

Missam celebravi, cum eis gentaculum sumpsi, et recessu solverunt pro me, et in medio exercitus me secum<br />

ducebant cum gaudio et solatio ».<br />

812<br />

Ibn Jubayr , op. cit., p. 308.<br />

813<br />

Félix Fabri, op. cit., p. 25.<br />

302

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