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xi eme‐ xiii eme siecles - Université Paris-Sorbonne

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l’assurance de se perdre et de voir s’affadir les bienfaits du pèlerinage ? En cela ces<br />

interrogations rejoignent la réfle<strong>xi</strong>on de Saint Jérôme évoquée dans la deu<strong>xi</strong>ème partie de<br />

notre analyse concernant les motivations au pèlerinage. L’idée de vivre correct<strong>eme</strong>nt à<br />

Jérusalem, sans commettre d’excès prend toute sa dimension.<br />

Ne vaut-il pas mieux partir et raconter cette formidable aventure spirituelle? Le roi<br />

norvégien Sigurdr qui prend part au siège de Sidon en 1100, ne reçoit-il pas un éclat de<br />

« la vraie croix » afin de « promouvoir » la chrétienté en Scandinavie ? C’est une<br />

démarche identique qui est adoptée par les fidèles nous transmettant leur récit de<br />

pèlerinage, et certains même leurs émotions. L’ensemble est louable et fort<strong>eme</strong>nt<br />

recommandé.<br />

Mais comment envisager la vie après le pèlerinage ? Sera-t-elle transformée ? La réponse<br />

est sans conteste positive. On ne ressort par indemne d’une telle aventure ou alors c’est<br />

qu’on n’a rien compris. Une réaction va se produire. A plus ou moins long terme. Certains<br />

pèlerins possédant des richesses font alors des dons importants, alors qu’ils sont encore sur<br />

place ou dès leur retour. Ils souhaitent promouvoir le message du Christ, restaurer les<br />

églises ou encore aider les pèlerins. D’autres changent d’état en se convertissant au<br />

monachisme. L’expérience religieuse leur a permis de murir une réfle<strong>xi</strong>on en germe, à<br />

moins qu’ils n’aient acquis le recul nécessaire pour analyser ce qu’ils ont vécu et ce qu’ils<br />

ont ressenti. C’est la démarche du baron Gérard de Nazareth qui devient ermite. Du<br />

pèlerinage collectif, il ressort alors un travail personnel, où le dialogue individuel avec<br />

Dieu a permis au pèlerin de se trouver.<br />

D’aucuns peuvent ressentir une angoisse face à ce retour, sans parler des dangers et des<br />

situations difficiles qu’ils auront à affronter lors du voyage ; une angoisse quant à la vie<br />

qu’il faudra reprendre, surtout pour les laïcs. Une question toute simple aura sans doute<br />

traversé l’esprit de ces pèlerins : quel sera l’accueil réservé à celui qui est devenu un autre,<br />

un étranger, par son voyage ? D’autres n’y songent pas encore, préférant vivre au jour le<br />

jour les peines et les joies de ce monde. Il n’y a pas de témoignage direct de l’accueil<br />

réservé aux pèlerins (de notre corpus premier) lors du retour, mais à l’aune des récits des<br />

prédicateurs et de celui de Félix Fabri 811 , nous pouvons conjecturer qu’il est très favorable.<br />

811 Jean Gobi, op. cit., exempla et Félix Fabri, op. cit., p. 77 : «Et fuit hospitium plenum ferocibus armigeris.<br />

Qui audientes me de terra sancta venisse venerabantur, ut sacerdotem et religiosum, et ut terrae sanctae et<br />

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