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xi eme‐ xiii eme siecles - Université Paris-Sorbonne

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pèlerinage est rapportée par Bohémond : « j’ai cueilli des palmes au jardin de saint<br />

Abraham, je les ai fait décorer et emballer de soie avec des fils d’argent », ainsi que par<br />

Hugues du Maine : « j’ai cueilli mes palmes, elles sont bordées d’étoffe précieuse. »<br />

A travers la démarche consistant à rapporter les palmes, chacun signifie son congé de la<br />

terre d’Orient, c’est une première étape au départ. Nous constatons égal<strong>eme</strong>nt que la<br />

préparation des végétaux est élaborée. Certaines étoffes précieuses ou d’autres matériaux<br />

tout aussi onéreux participent aux apprêts. La plante acquiert une dimension double tant<br />

orn<strong>eme</strong>ntale que précieuse. Le souvenir se transforme en un objet de valeur. C’est un petit<br />

morceau de Terre Sainte, même si ce n’est pas une relique. Les palmes ainsi préparées<br />

pouvaient être fixées sur le dos du pèlerin. Il était libre de les déposer sur l’autel de l’église<br />

de sa paroisse à son retour.<br />

Le souvenir peut tout aussi bien se concrétiser dans le récit qui en est fait, puis dans la<br />

réalisation de « l’objet-livre ». C’est en quelque sorte la trace du passage du pèlerin, le<br />

témoignage d’une conscience. Cette pratique est plutôt novatrice, elle est timide au IV ème<br />

siècle, s’affirme au XII ème siècle et prend son essor au XIII ème siècle. Le souvenir s’inscrit<br />

alors dans une démarche réfle<strong>xi</strong>ve personnelle se poursuivant bien après le retour. Puis il<br />

est diffusé et partagé, il devient collectif et édifie les fidèles qui ne sont pas partis. Il<br />

acquiert ainsi une nouvelle dimension, quasi universelle.<br />

B. Rester ou partir? Des bienfaits du pèlerinage.<br />

Pourtant certains pèlerins manifestent des difficultés quand il faut envisager de rentrer. Ils<br />

s’interrogent sur la nécessité d’un départ. En effet, pourquoi repartir alors que l’on se<br />

trouve près du tombeau du Christ ou que l’on foule les terres bibliques ? La difficulté<br />

réside ici et surgit aussi bien pour les vivants que pour les êtres à l’article de la mort. C’est<br />

pourquoi nous avons pu constater que bien des pèlerins (hommes ou femmes) souhaitaient<br />

être ensevelis à Jérusalem afin de d<strong>eme</strong>urer à jamais près des tombeaux saints et de<br />

s’imprégner de leurs vertus. Nous avons évoqué les vœux d’Euphrosine, de la reine<br />

Botilde, du chevalier bourguignon, Liébaut. La question se pose naturell<strong>eme</strong>nt pour les<br />

pèlerins en pleine santé : faut-il rester et vivre dans un état de grâce quasi permanent ? La<br />

ville de Jérusalem ou les régions alentours ne seraient-elles pas des garanties, des gardefous<br />

aux excès des pèlerins ? Au contraire, ne serait-ce pas un piège ? Ne serait-pas<br />

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