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xi eme‐ xiii eme siecles - Université Paris-Sorbonne

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procède à l’ouverture de sépultures, et l’on effectue la distribution de reliques appelées<br />

« pignora », « beneficia », « memoria », « nomina », « sanctuaria », « benedictiones »,<br />

« eulogiae » ou « brandea ». Il faut retenir que ce ne sont pas des parcelles de corps mais<br />

bien du tissu qui a été en contact avec le corps dans la tombe.<br />

A partir de cette définition première, on assiste à une gradation dans la sphère des objets<br />

gravitant autour de la figure du Christ. D’abord les éléments de la Passion tels que la croix,<br />

les clous, la couronne d’épines, l’éponge qui a servi à désaltérer le malheureux, le linceul<br />

et l’ampoule renfermant l’huile dont le cadavre a été oint. Puis par association, il va s’agir<br />

d’objets du quotidien auxquels on confère de l’intérêt, parce qu’ils ont appartenu à<br />

l’intimité du Christ ou d’un saint. A titre illustratif : les vêt<strong>eme</strong>nts, le manteau de pourpre,<br />

les sandales du Christ. Ce sont des reliques secondaires.<br />

Ces reliques conduisent aux miracles, Richard le pèlerin 800 raconte qu’un homme ayant<br />

perdu la vue depuis plus de trente ans va la recouvrer en touchant une partie de l’étoffe qui<br />

a servi au nettoyage du Saint Sépulcre.<br />

Paradoxal<strong>eme</strong>nt, ce qui aurait dû relever du transitoire à acquis une permanence. A titre<br />

d’exemple, nous pourrions citer le vêt<strong>eme</strong>nt du Christ qui revêt une dimension sacrée voire<br />

magique dès son vivant ; ainsi Matthieu de s’exclamer : « Si je peux toucher ton manteau,<br />

je serai guéri. » 801<br />

Par extension, cela s’applique aux fragments d’un corps saint. Le plus fréquemment, ce<br />

sont des oss<strong>eme</strong>nts mais il peut s’agir de tout objet ayant été en contact avec celui-ci de<br />

son vivant voire après sa mort. C’est ainsi que des témoins muets des souffrances ou des<br />

miracles du Christ comme les rochers ou les pierres vont acquérir une forte dimension<br />

spirituelle. De la même manière, toutes les traces attribuées au Christ (ou à un saint) durant<br />

sa vie terreste vont être assimilées à ces reliques secondaires. Nous l’avons signalé plus<br />

avant dans l’étude, en Terre Sainte, les pèlerins sont particulièr<strong>eme</strong>nt attentifs à la colonne<br />

de la flagellation, aux taches de sang, de lait, aux traces de pas, de mains… Ils sont très<br />

friands de toute marque visible. Et c’est ainsi que Jérusalem puis la Judée, la Galilée et la<br />

Palestine sont peu à peu perçues comme des reliquaires. La Ville sainte, parce qu’elle a été<br />

le témoin des grands évén<strong>eme</strong>nts, sa région parce qu’en contact avec la première, la<br />

Galilée parce qu’elle incarne la jeunesse du Christ.<br />

800 Richard le pèlerin, op. cit., chant V, 14.<br />

801 La Bible de Jérusalem, op. cit., Matthieu, IX 20-21.<br />

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