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xi eme‐ xiii eme siecles - Université Paris-Sorbonne

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signavit in lapidem in testimonium. Ego autem ere<strong>xi</strong> et signavi ibi lapidem. 789 » Mais le<br />

pèlerin laisse éclater toute sa détresse au Calvaire : « Ibi est locus tante devotionis quod si<br />

quis non fleret compassione filii clamantis et morientis in cruce, flere cogitur compassione<br />

matris flentis ad pedes Christis morientis pro nobis ». Tout le pathétique de la situation<br />

s’exprime à travers l’isotopie des pleurs : « fleret compassione», « flere », « flentes » et la<br />

répétition du participe « morientis ». Il est renforcé par la suite du texte, composée de<br />

phrases interrogatives dans lesquelles le pécheur se r<strong>eme</strong>t en question et par l’emploi du<br />

vocatif « ô anima, ô anima peccatoris hominis ». Il se perd ensuite dans une<br />

contemplation mystique où le désir de voir et de vivre le Christ est intense : « Si vere<br />

fuissem devotus ut credebam, dolore vel gaudio mori potui de completione tanti desiderii.<br />

Circumspiciens autem sollicite si vere viderem Dominum meum oculis corporis pendentem<br />

in cruce non vidi nisi oculis fidei […] » 790<br />

Le prêtre Daniel retranscrit égal<strong>eme</strong>nt une atmosphère chargée d’émotion lors<br />

de la célébration pascale, nous avons déjà étudié l’aspect sonore de celle-ci, mais nous<br />

insisterons sur la dimension de quasi transe où tous les fidèles pleurent, versent des<br />

« torrents de larmes » ; tout le monde semble faire acte de contrition, d’introspection,<br />

reconnaît avoir péché car le miracle attendu du feu sacré n’a pas lieu. La conclusion du<br />

pèlerin est très simple : « si un homme avait un cœur de pierre, il aurait pleuré » et elle se<br />

double d’une interrogation : « Est-ce possible que la lumière divine ne descende pas à à<br />

cause de nos péchés ? » Les larmes de Baudouin sont égal<strong>eme</strong>nt rapportées car l’émotion<br />

touche tout les hommes et toutes les classes sociales.<br />

C. Y a-t-il des pratiques de la ferveur religieuse ?<br />

Nous nous sommes interrogés sur l’e<strong>xi</strong>stence de pratiques qui témoigneraient d’une<br />

volonté manifeste de montrer sa foi et d’un désir de faire plus qu’un voyage sur le tombeau<br />

du Christ, (périple pourtant déjà éprouvant en soi et dangereux). Cependant rien dans le<br />

corpus ne laisse présager de mortification, de jeûnes, de confession si ce n’est la mention<br />

par Theodoric, du port d’une croix le jour du samedi saint et celle de flagellations au<br />

789 Dans un style plus contenu, Theodoric rapporte cette même scène : « E<strong>xi</strong>nde campus e<strong>xi</strong>stit, in quo plurime<br />

lapidum congeries posite sunt, quos simplices peregrini illec ideo congessise se gaudent, quia in die iudicii in<br />

hiis sedibus se sessuros autumnant » , op. cit., p. 179, lignes 1120-1123.<br />

790 Riccold, op. cit., p. 68.<br />

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