16.06.2013 Views

xi eme‐ xiii eme siecles - Université Paris-Sorbonne

xi eme‐ xiii eme siecles - Université Paris-Sorbonne

xi eme‐ xiii eme siecles - Université Paris-Sorbonne

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

A. La prière<br />

1) Comment prie-t-on ?<br />

a) En collectivité<br />

Nous avons déjà évoqué le déplac<strong>eme</strong>nt des pèlerins en groupe. Ce phénomène est lié à<br />

des raisons pratiques, économiques, sécuritaires et aussi liturgiques comme nous allons le<br />

montrer.<br />

D’abord, plusieurs textes du corpus soulignent « la meute » des pèlerins. Sans revenir sur<br />

les témoignages déjà exploités confirmant les chiffres, nous allons nous intéresser à<br />

certains d’entre eux qui mettent en évidence une pratique liturgique collective. Riccold de<br />

Monte Croce par exemple organise une procession qui chemine vers le Saint Sépulcre le<br />

jour de Pâques et mentionne des participants « erant ultra centum » 755 , ou encore lors de la<br />

cérémonie du baptême au Jourdain il rapporte le chiffre de «ultra decem milia » 756 , cette<br />

mention est sans doute exagérée mais elle permet cependant, dans son ampleur, de<br />

corroborer cette idée selon laquelle la prière est collective.<br />

En effet, la célébration de la magnificence de Dieu se fait au grand jour, avec le plus grand<br />

nombre. De ce fait, elle est rendue d’autant plus intense qu’elle est collective. De plus, il y<br />

a une certaine communion d’esprits qui tend à se dégager de l’ensemble. Ainsi, cette<br />

importance marquée de la foule témoigne d’un désir de montrer la ferveur de chacun,<br />

d’exacerber la foi qui se dégage de chaque pèlerin. Par conséquent, le culte revêt une<br />

dimension spectaculaire voire ostentatoire afin de faire davantage participer les célébrants<br />

à la fête. Le pèlerin se sent plus impliqué dans l’évén<strong>eme</strong>nt auquel il participe. Cela se<br />

traduit très concrèt<strong>eme</strong>nt dans la gestuelle appliquée lors des messes. Ainsi, les récits<br />

rapportent cette pratique de la messe où l’officiant se tourne vers les lieux nommés dans<br />

son prêche ou dans sa prière. Les récits d’Ernoul et de son continuateur par exemple en<br />

témoignent : « Li diacres, quant il list l’Evangile, si se tourne devers le Mont Calvaire<br />

quand il dist « crucifixum », apriès si se retorne devers le Monument et il dist « Surre<strong>xi</strong>t,<br />

non est hic ». Apriès si monstre al doit « Ecce locus ubi posuerunt eum ». Et puis s’en<br />

retorne al livre et pardist son evangile 757 ». Les verbes « tourner », « retourner » et<br />

« montrer » ont une valeur performative, la parole se fait geste afin d’exacerber la foi et les<br />

émotions du pèlerin, afin de l’inscrire dans une autre dimension temporelle proche de celle<br />

755 Riccold, op. cit.,p. 70.<br />

756 Riccold, op. cit. p. 54.<br />

757 Ernoul, op. cit., p. 36 et Continuateur anonyme, op. cit., p. 148.<br />

275

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!