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xi eme‐ xiii eme siecles - Université Paris-Sorbonne

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Sainte, se poursuit et touche presque à sa fin sur le Calvaire. Accomplissant les stations de<br />

la Passion, il s’abandonne alors à une contemplation mystique, s’installant à<br />

l’emplac<strong>eme</strong>nt de la croix et portant son regard sur une représentation en mosaïques du<br />

Christ crucifié et de Marie en larmes. Il est complét<strong>eme</strong>nt subjugué par l’émotion, à la fois,<br />

pleurant de compassion pour le Christ et de douleur pour la Vierge. A partir de ce<br />

moment, l’énonciation change, l’emploi de la troisième personne cesse et il n’est plus<br />

témoin de la vie du Christ (comme ses notes le laissaient penser avec l’emploi répétitif de<br />

«ibi ostendunt »). Il devient acteur à part entière, l’énonciation se fait à la première<br />

personne, le fidèle se dévoile dans une longue lamentation. Aux prises avec le doute, il<br />

veut entrer en communication avec le sauveur de l’humanité. Son émotion se traduit par<br />

des vocatifs « O anima, o anima peccatoris hominis », et une question réthorique qui<br />

souligne sa faiblesse. Il éprouve une immense déception, il aurait aimé rencontrer<br />

véritabl<strong>eme</strong>nt son Seigneur ; le champ le<strong>xi</strong>cal de la vue parcourant l’extrait suivant insiste<br />

sur cet aspect : « Circumspiciens autem sollicite si vere viderem Dominum meum oculis<br />

corporis pendentem in cruce non vidi nisi oculis fidei ; oculis autem corporis vidi locum<br />

crucifi<strong>xi</strong>onis et saxum conscissum a summo usque deorsum et partem columpne suptus ad<br />

quam flagellatus est Dominus que sustentabat lapidem altaris deorsum prope stationem<br />

ubi mater et Virgo plorabat. » 734<br />

Ainsi, cherchant le Christ, il s’appuie sur les derniers lieux qu’il a foulés pour provoquer<br />

cette rencontre. En ce sens, le chemin de croix est considéré comme une passerelle pour<br />

entrer en communication avec lui. C’est ainsi qu’il organise une procession depuis la<br />

colonne de la flagellation. Toujours dans cet état d’esprit quasi en transe, il part à la<br />

recherche du Christ avec plus de cent pèlerins. La ferveur, la transe est telle qu’ils<br />

s’imaginent être sur les pas de Marie lorsqu’elle se rend au tombeau. Tous les éléments<br />

propices à la rencontre mystique sont présents, augmentés pas les chants, les cris, la foule.<br />

Arrivés au tombeau, ils constatent qu’il est vide, « et exeuntes cum non inveniremus<br />

Dominum. » 735 , le rendez-vous n’a pas eu lieu. Cependant, c’est la preuve pour les fidèles<br />

que l’espoir est permis, que la rencontre se fera ailleurs. Jérusalem est bien la ville de la<br />

rédemption, de la résurrection.<br />

Toute cette mise en scène n’est pas vaine, elle permet d’accéder aux mystères de la Passion<br />

et de la résurrection. Par ailleurs, dès la fin du XIV ème siècle, les Cordeliers instaurent un<br />

ordre dans la découverte des lieux saints, ils marquent ainsi trois étapes permettant une<br />

734 Riccold, op. cit., p. 68-70.<br />

735 Riccold, op. cit., p. 70.<br />

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