xi eme‐ xiii eme siecles - Université Paris-Sorbonne

xi eme‐ xiii eme siecles - Université Paris-Sorbonne xi eme‐ xiii eme siecles - Université Paris-Sorbonne

theses.paris.sorbonne.fr
from theses.paris.sorbonne.fr More from this publisher
16.06.2013 Views

Malgré leur acuité, les pèlerins n’égalent pas Jean de Würzbourg et Theodoric qui copient près de trente sept inscriptions, (sept autres épigraphes figurent en appendice du premier). A propos de la petite église au val de Josaphat Jean de Würzbourg commente : « [ …] pulchra capella, in qua indicium manet sepulturae eius, his superpositis versibus » et collecte : « : Urgent Alphei natum sine lege iudei / causa necis fit ei nomen amorque dei. / Alphei natus de Templo precipitatus/ huc fuit allatus et devote tumulatus. » 703 . Au Mont Sion, sur le côté droit de l’église : « Christus discipulis apparuit hic galileis/ surgens, propterea locus est dictus galilea ». 704 Toutes ces références sont, encore une fois, un moyen de s’approprier les lieux, de se les remémorer après coup ou encore de les rapporter aux fidèles qui n’ont pu se déplacer jusque-là. Célébrant par ailleurs la gloire de la Vierge Marie, un onze décembre, dans le Temple, il a tout loisir de copier les citations ornementales : « In Templo Domini XI Kalendas Decembris dicitur beata virgo Maria iam trium annorum oblata fuisse, ut ii versiculi docent ibidem inscripti : Virginibus septem virgo comitata puellis / Servitura deo fuit hic oblata triennis. » 705 Puis le pèlerin relève les inscriptions « in magnis litteris » et « aureis litteris » situées aux quatre points cardinaux 706 : « In circuitu Templi quasi sub tecto extra continetur haec littera in ascensu versus occidentem : Pax aeterna ab aeterno patro sit huic domui. Benedicta gloria Domini de loco sancto Suo. Versus meridiem : Bene fundata est domus domini supra firmam petram. Beati qui habitant in domo tua, Domine, in secula seculorum laudabunt te. Versus orientem : Vere Dominus est in loco isto et ego nesciebam. In domo tua, Domine, omnes dicent gloriam. Versus septentrionem : « Templum Domini sanctum est, dei cultura est, dei aedificatio est. » Il complète en présentant l’aspect général de l’édifice : « Idem vero Templum Domini, miro tabulatu marmoreo intus et exterius a quocumque exstructum, formam habet rotundam decenter, immo circulariter octogonam, id est VIII angulos habentem in circuitu 703 Jean deWürzbourg, op. cit., p. 109, lignes 738-743. 704 Jean de Würzbourg, op. cit., p. 116, lignes 917-918. 705 Jean de Würzbourg, op. cit., p. 90, lignes 276- 280 . A ceci près qu’il manque un vers copié par Theodoric , op. cit., « Pascitur angelico virgo ministerio », p. 156, ligne 448. 706 Jean de Würzbourg, op. cit., p.94, lignes 386-399. 253

habens parientem de optimo musivo opere extreius adornatum usque ad medietatem eius, nam reliqua pars est de marmoreis lapidibus. » 707 . Theodoric, tout aussi prolixe sur le Temple et le Saint Sépulcre, passe les moindres matériaux ou inscriptions au crible. S’attardant d’abord sur l’aspect extérieur d’un bâtiment, il pénètre ensuite à l’intérieur et la description suit ses pas. Il note par exemple : « Ecclesia Dominici Sepulchri mirifico fulgens opere ab Helena regina constat esse fundata, cuius exterior murus quasi per circuli circumferenticum traductus ipsam ecclesiam facit esse rotundam, locus autem dominici sepulchri vicem centri in ipsa ecclesia optinet. » 708 Comme tous les pèlerins, il est frappé par la forme sphérique de la coupole. Nous ne revenons pas sur chacun des détails car les leçons sont très proches de celles du texte de son contemporain. Nous avons souligné cette belle évidence : les pèlerins voient d’abord dans un lieu sanctifié un réceptacle à leurs prières. Ils considèrent qu’ils se rapprochent de la présence divine, en foulant ces espaces empreints de sacralité. Mais ensuite, une deuxième démarche se met en place. Ils s’approprient alors ce lieu et y voient un témoignage de leur foi, un miroir pour ainsi dire de la joie qui les anime. Aussi une certaine osmose tend à se créer entre ce que l’un donne et ce que l’autre reçoit. E. Jérusalem : le terme du voyage Après bien des semaines de voyage, de souffrances, et de découvertes, les pèlerins parviennent à la destination qu’ils s’étaient fixés : Jérusalem 709 . Cette ville, ils ont eu plusieurs semaines pour l’appréhender mentalement. Ils ont revécu en pensée les éléments capitaux qu’elle a pu abriter et les voici pénétrant dans l’enceinte sacrée. Un sentiment d’impatience mêlé de joie et d’appréhension parcourt sans doute la multitude de pèlerins. Une impatience compréhensible car le chemin a été long et fatigant, ils ont hâte de toucher 707 Jean de Würzbourg, op. cit., p. 92, lignes 322-327. 708 Theodoric, op. cit., p. 147, lignes 138-142. 709 Bredero, A.-H., « Jérusalem dans l’Occident médiéval », Mélanges offerts à R. Crozet, tome 1, 1966, p. 259- 271. Poirion, D., Le mythe de Jérusalem du Moyen Age à la Renaissance, Publications de l’université de Saint- Etienne, 1995. 254

Malgré leur acuité, les pèlerins n’égalent pas Jean de Würzbourg et Theodoric qui copient<br />

près de trente sept inscriptions, (sept autres épigraphes figurent en appendice du premier).<br />

A propos de la petite église au val de Josaphat Jean de Würzbourg commente : « [ …]<br />

pulchra capella, in qua indicium manet sepulturae eius, his superpositis versibus » et<br />

collecte : « : Urgent Alphei natum sine lege iudei / causa necis fit ei nomen amorque dei. /<br />

Alphei natus de Templo precipitatus/ huc fuit allatus et devote tumulatus. » 703 . Au Mont<br />

Sion, sur le côté droit de l’église : « Christus discipulis apparuit hic galileis/ surgens,<br />

propterea locus est dictus galilea ». 704 Toutes ces références sont, encore une fois, un<br />

moyen de s’approprier les lieux, de se les remémorer après coup ou encore de les rapporter<br />

aux fidèles qui n’ont pu se déplacer jusque-là.<br />

Célébrant par ailleurs la gloire de la Vierge Marie, un onze décembre, dans le Temple, il a<br />

tout loisir de copier les citations orn<strong>eme</strong>ntales : « In Templo Domini XI Kalendas<br />

Decembris dicitur beata virgo Maria iam trium annorum oblata fuisse, ut ii versiculi<br />

docent ibidem inscripti : Virginibus septem virgo comitata puellis / Servitura deo fuit hic<br />

oblata triennis. » 705 Puis le pèlerin relève les inscriptions « in magnis litteris » et « aureis<br />

litteris » situées aux quatre points cardinaux 706 : « In circuitu Templi quasi sub tecto extra<br />

continetur haec littera in ascensu versus occidentem :<br />

Pax aeterna ab aeterno patro sit huic domui. Benedicta gloria Domini de loco sancto Suo.<br />

Versus meridiem :<br />

Bene fundata est domus domini supra firmam petram. Beati qui habitant in domo tua,<br />

Domine, in secula seculorum laudabunt te.<br />

Versus orientem :<br />

Vere Dominus est in loco isto et ego nesciebam. In domo tua, Domine, omnes dicent<br />

gloriam.<br />

Versus septentrionem :<br />

« Templum Domini sanctum est, dei cultura est, dei aedificatio est. »<br />

Il complète en présentant l’aspect général de l’édifice : « Idem vero Templum Domini,<br />

miro tabulatu marmoreo intus et exterius a quocumque exstructum, formam habet<br />

rotundam decenter, immo circulariter octogonam, id est VIII angulos habentem in circuitu<br />

703 Jean deWürzbourg, op. cit., p. 109, lignes 738-743.<br />

704 Jean de Würzbourg, op. cit., p. 116, lignes 917-918.<br />

705 Jean de Würzbourg, op. cit., p. 90, lignes 276- 280 . A ceci près qu’il manque un vers copié par Theodoric ,<br />

op. cit., « Pascitur angelico virgo ministerio », p. 156, ligne 448.<br />

706 Jean de Würzbourg, op. cit., p.94, lignes 386-399.<br />

253

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!