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xi eme‐ xiii eme siecles - Université Paris-Sorbonne

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Tout autant empreint de spiritualité, le pèlerin italien Riccold de Monte Croce est<br />

total<strong>eme</strong>nt subjugué par le lieu, et ce qu’il symbolise, il a même la sensation d’assister à la<br />

naissance du Christ quand il découvre un bébé dans la crèche. Il vit plein<strong>eme</strong>nt cette<br />

rencontre, associant Noël à l’Epiphanie : « invenimus in presepio pulcerimum infantem<br />

filium paupercule cristiane que habitaba iuxta ecclesiam et in eo letantes adoravimus<br />

Christum natum ad modum Magorum et dantes parvulo munera reddidimus matri » 677 . Ce<br />

qui est remarquable avec ce pèlerin, c’est qu’il peut être complét<strong>eme</strong>nt absorbé par une<br />

telle scène, ou plutôt, comme nous l’avons vu précédemment par une appropriation<br />

spirituelle des épreuves, alors même qu’il affiche très souvent une prise de distance avec ce<br />

qui est dit par les guides. Il semble se contenter de rapporter les propos au discours indirect<br />

sans asserter forcément ces dires. Ainsi, à l’endroit de la pause de Marie et de Joseph sur<br />

la route menant à Bethléem, il rapporte : « ostenderunt nobis puteum quem dicebant<br />

excrevisse aquam 678 ». Toujours dans cette optique de (re)vivre la naissance de Jésus il<br />

descend au champ des bergers. Contrair<strong>eme</strong>nt au récit contenu dans Les chemins et les<br />

pelerinages 679 les éléments constitutifs de la nativité comprenant la crèche, l’étoile<br />

scintillante des bergers, la venue des rois Mages ne sont pas restitués dans une chronologie<br />

dénuée de tout commentaire et au présent de vérité générale ; le récit de Riccold de Monte<br />

Croce est une tranche de vie, un épisode vécu personnell<strong>eme</strong>nt au plus profond de son être.<br />

Guillaume de Boldensele prie égal<strong>eme</strong>nt sur ces lieux remarquables : « […] dans l’église<br />

de la nativité, j’ai fait chanter une messe par un prêtre qui m’accompagna pendant tout<br />

mon voyage. Il pouvait bien célébrer cette messe, car nous étions munis de l’autorisation<br />

du Saint-Père » 680 .<br />

Distante de six lieues de Bethléem (Les sains pelerinages) et de sept lieues de la Ville<br />

Sainte (Les pelerinaiges por aller en Jerusalem) Hébron est célèbre pour le tombeau des<br />

patriarches, c’est un de rares lieux appartenant à l’univers de l’Ancien Testament. Les<br />

pèlerins de toute confession s’y rendent, une belle église y a été érigée que « même les<br />

Sarrasins ont en grande vénération à cause d’Abraham 681 ». Jacob ben Natanel ha-cohen<br />

qui visite le tombeau des patriarches déguisé en pèlerin chrétien décrit la double structure<br />

du bâtiment dans la grotte. Fustigeant le comport<strong>eme</strong>nt des prêtres chrétiens au passage, il<br />

677 Riccold, op. cit., p. 60.<br />

678 Riccold, op. cit., p. 60.<br />

679 Les chemins et les pèlerinages, op. cit., p. 186.<br />

680 Guillaume de Boldensele, op. cit., p. 1015.<br />

681 Thietmar, op. cit., p. 945.<br />

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