xi eme‐ xiii eme siecles - Université Paris-Sorbonne

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conducteur repose sur le repas tant matériel que spirituel, la pause est revigorante à plus d’un titre, elle permet au pèlerin de reprendre des forces pour la suite du périple et elle redonne de l’énergie, la nourriture spirituelle opérant. Riccold de Monte Croce se projette parmi les apôtres ; la prière et le chant des Evangiles l’accompagnent en permanence. Cette remémoration concrète de la vie du Christ est ainsi relayée et amplifiée par la prédication. Les écrits des apôtres sont bien un souffle régénérant qui le guident. La démarche est rapportée par une conscience individuelle mais il n’est pas exclu que le phénomène opère sur tout le groupe de pèlerins partageant ces moments forts des chants et des lectures des Evangiles. 628 D. Les lieux de pèlerinage Se rendre à Jérusalem n’implique pas seulement de considérer la ville comme destination ultime, il faut aussi prendre en compte la multiplicité de sanctuaires présents sur la route de Jérusalem et envisager des excursions à partir de la ville sainte. Aussi, les nombreux guides ou itinéraires ne se contentent pas de donner une sorte de carte routière pour se diriger vers l’objectif ultime, mais ils mentionnent les lieux à parcourir, les sanctuaires, les sites favorables à la méditation. Nous nous sommes interrogés plus haut sur la façon dont le pèlerin abordait son environnement et sur la perception spatiale qu’il en avait. Nous avons envisagé cette question en nous intéressant aux regards que ces pèlerins portent sur les lieux et en insistant sur la prise de conscience des realia (de la part de certains). Maintenant, nous allons reconsidérer le problème en nous arrêtant sur les lieux saints. Ainsi, nous chercherons à comprendre comment le pèlerin se comporte face à cet environnement proprement lié à la dévotion. Son regard s’en trouve-t-il transformé ? Est-il davantage 628 C’est une démarche très personnelle, le moine Russe Daniel comme nombre de pèlerins du corpus s’arrête sur des aspects beaucoup plus concrets de l’espace parcouru ; les monastères qui l’accueillent en chemin sont passés en revue ainsi que leurs habitants, de même que la relique qu’ils renferment. C’est par le truchement de l’espace envisagé qu’il atteint la spiritualité. Il s’intéresse au visible pour gagner l’invisible. 233

happé par un monde tourné vers La Bible ? Privilégie-t-il les références à l’Ancien Testament ou aux Evangiles ? D’autres interrogations guident cette partie, elles s’organisent d’abord autour du trajet des pèlerins puis de leur perception de l’espace visité. Ainsi, le parcours est-il identique pour chacun des pèlerins du corpus ? La domination Franque ou Arabe joue-t-elle un rôle dans ce parcours ? Y a-t-il un ordre préférentiel à suivre pour le pèlerinage ? Y a-t-il un rituel ou chacun est-il libre d’aller et de venir ? Comment s’effectue l’appréhension de l’espace ? Les récits nous permettent-ils de dégager une organisation dans le pèlerinage ? Le pèlerin procède-t-il à une vision d’ensemble des Lieux saints ? Une fois dans le sanctuaire, à quoi s’intéresse ce même pèlerin ? A-t-il un regard pour l’architecture, l’iconographie, les fontaines, les éléments de la liturgie ou pour les traces des événements bibliques ? 1) Les itinéraires Les textes du corpus ne restituent pas toujours l’ensemble du pèlerinage mais nous avons montré plus haut que plusieurs possibilités s’offrent aux pèlerins. Soit ils suivent la route côtière et se rendent directement à Jérusalem puis en visitent le périmètre, soit ils choisissent, en plus, de parcourir la Galilée. a) La Galilée ou via superior L’examen de l’ensemble des récits ne permet pas d’affirmer qu’il y ait un ordre ou un parcours préférentiel à suivre. Cependant ce sont surtout les textes datés du XIII ème siècle qui organisent un parcours en Galilée 629 (cf Annexe n°4). Cela est sans doute lié au débarquement à Saint-Jean d’Acre puisque la majorité des pèlerins y transite. Par ailleurs, la Galilée correspond à la jeunesse du Christ, à la rencontre avec les disciples sur les bords du lac Tibériade, au sermon sur la montagne du Thabor et à la transfiguration sur le Mont Hermon 630 . En plus d’une proximité géographique avec le lieu de débarquement, ceci aurait pu correspondre à une logique temporelle : mettre ses pas dans ceux du Christ 629 L’étude de Nicole Chareyron sur des textes postérieurs souligne l’absence de visites en Galilée. 630 Se reporter à l’annexe n°6. 234

conducteur repose sur le repas tant matériel que spirituel, la pause est revigorante à plus<br />

d’un titre, elle permet au pèlerin de reprendre des forces pour la suite du périple et elle<br />

redonne de l’énergie, la nourriture spirituelle opérant.<br />

Riccold de Monte Croce se projette parmi les apôtres ; la prière et le chant des Evangiles<br />

l’accompagnent en permanence. Cette remémoration concrète de la vie du Christ est ainsi<br />

relayée et amplifiée par la prédication. Les écrits des apôtres sont bien un souffle<br />

régénérant qui le guident.<br />

La démarche est rapportée par une conscience individuelle mais il n’est pas exclu que le<br />

phénomène opère sur tout le groupe de pèlerins partageant ces moments forts des chants et<br />

des lectures des Evangiles. 628<br />

D. Les lieux de pèlerinage<br />

Se rendre à Jérusalem n’implique pas seul<strong>eme</strong>nt de considérer la ville comme destination<br />

ultime, il faut aussi prendre en compte la multiplicité de sanctuaires présents sur la route de<br />

Jérusalem et envisager des excursions à partir de la ville sainte. Aussi, les nombreux<br />

guides ou itinéraires ne se contentent pas de donner une sorte de carte routière pour se<br />

diriger vers l’objectif ultime, mais ils mentionnent les lieux à parcourir, les sanctuaires, les<br />

sites favorables à la méditation.<br />

Nous nous sommes interrogés plus haut sur la façon dont le pèlerin abordait son<br />

environn<strong>eme</strong>nt et sur la perception spatiale qu’il en avait. Nous avons envisagé cette<br />

question en nous intéressant aux regards que ces pèlerins portent sur les lieux et en<br />

insistant sur la prise de conscience des realia (de la part de certains). Maintenant, nous<br />

allons reconsidérer le problème en nous arrêtant sur les lieux saints. Ainsi, nous<br />

chercherons à comprendre comment le pèlerin se comporte face à cet environn<strong>eme</strong>nt<br />

propr<strong>eme</strong>nt lié à la dévotion. Son regard s’en trouve-t-il transformé ? Est-il davantage<br />

628 C’est une démarche très personnelle, le moine Russe Daniel comme nombre de pèlerins du corpus s’arrête sur<br />

des aspects beaucoup plus concrets de l’espace parcouru ; les monastères qui l’accueillent en chemin sont passés<br />

en revue ainsi que leurs habitants, de même que la relique qu’ils renferment. C’est par le truch<strong>eme</strong>nt de l’espace<br />

envisagé qu’il atteint la spiritualité. Il s’intéresse au visible pour gagner l’invisible.<br />

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