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xi eme‐ xiii eme siecles - Université Paris-Sorbonne

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747, à Cuthbert, évêque de Cantorbéry, qu’on permît aux femmes et aux religieuses les<br />

fréquents voyages à Rome. « La plupart d’entre elles, disait-il, succombent, et bien peu<br />

d’entre elles reviennent avec leur chasteté. Il n’y a guère de ville en Lombardie et en Gaule<br />

où l’on ne trouve quelque Anglaise adultère ou prostituée. C’est une honte et un scandale<br />

pour toute l’Église 19 ». Puis, le concile de Fréjus de 791 avait interdit le pèlerinage aux<br />

femmes pour des raisons de sécurité. Sans prendre en considération les épreuves de la<br />

route, vécues par tous les pèlerins, cette interdiction serait à envisager sous l’aspect<br />

propr<strong>eme</strong>nt féminin et aurait été proférée dans un souci de préservation de dangers de<br />

viols, d’enlèv<strong>eme</strong>nt ou de prostitution. En outre, les risques liés à leur compagnie<br />

pourraient être lourds de conséquences. L’Eglise craint notamment que le pénitent ne soit<br />

détourné de sa quête par la tentation de la chair ou que la présence d’une femme n’entame<br />

les résolutions d’un pèlerin, ne freine sa progression tant physique que spirituelle. Ainsi,<br />

un témoignage du XV ème siècle souligne combien les pleurs et les lamentations de plusieurs<br />

femmes générées par le mal de mer et la peur dérangent les passagers d’un bateau,<br />

invers<strong>eme</strong>nt, leurs qualités d’infirmière et d’écoute en cas de maladie sont fort<br />

appréciées 20 . Dans son étude sur la population du Saint Victor en partance pour la<br />

septième croisade, B. Z. Kédar analyse la composition des quatre cent cinquante trois<br />

passagers embarqués en 1253 et compte quarante deux femmes 21 dont vingt-deux<br />

voyagent seules, quinze accompagnent leur mari, une son père et deux leurs frères,<br />

certaines semblent être des domestiques. Se rendent-elles en pèlerinage ? Ont-elles<br />

d’autres desseins ? En tous les cas, ces chiffres montrent que les femmes sont tout de<br />

même présentes, dans la suite d’une maisonnée ou à titre personnel.<br />

Cette interdiction n’entame pas l’enthousiasme de certaines pénitentes. Aussi parmi toutes<br />

les relations de pèlerinage que nous avons pu parcourir pour l’époque étudiée, celle<br />

d’Euphrosine est la seule dont l’auteur s’avère être une femme.<br />

Diverses nationalités se côtoient : si nous considérons la partie Européenne occidentale, il<br />

y a des voyageurs du Nord Ouest (Angleterre, Islande), du Nord (Scandinavie,<br />

Allemagne), du centre (France, Italie) et d’autres provenant de Russie ou d’Europe<br />

centrale. Deux sont originaires du Proche-Orient. Ainsi, en fonction des textes qui sont en<br />

19<br />

Rohrbacher, René-François, Dufour, Auguste-Henri, Histoire universelle de l’église catholique, Livre LII, p.<br />

26, Gaumes frères (éd.), 1857.<br />

20 ème ème<br />

Pouget-Tolu, Anne, Navires et navigations aux XI et XV siècles : d'après les récits de voyages , éditions<br />

de L'Harmattan, <strong>Paris</strong>, 2002.<br />

21<br />

Les femmes représentent 9,3 % de la population embarquée. Kédar, B.-Z., «The Passengers List of the<br />

Popular El<strong>eme</strong>nt on the Seventh Crusade», Studi Medievali, tome 131, p.270-272, 1972.<br />

22

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