xi eme‐ xiii eme siecles - Université Paris-Sorbonne
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nombreux superlatifs et un champ lexical mélioratif tel : « rem admirabilem », « delicatus », « delicati » et « delectamenta » 598 . Par ailleurs, l’atmosphère de foire qui règne à Damas, (la ville est très fréquentée et les marchés nombreux) le marque ; il ne manque pas de s’intéresser aux spécialités culinaires : « Viginti species panis et plures vidi ibi et partim gustavi. » 599 . Il note à ce propos que l’hygiène est strictement contrôlée. En effet, si le commerce ambulant et la coutume de faire la cuisine à l’extérieur sont très développés, en revanche : « Raro aliquis cibos suos domi preparat, quia consuetudo habet, quod in foro loco communi preparantur huiusmodi, et preparata ad vendendum deferuntur per civitatem. Nullus autem, quia sub pena gravissima prohibitum est, audet cibaria hesterna sine signo, quod hesterna sunt, ad vendendum deportare. Cibaria enim, que non sunt recentia ad spacium unius noctis, solent emere pauperiores. » 600 Rien n’échappe à l’œil du pèlerin. Les charmes de l’Orient se font aussi merveilles, et relèvent parfois de faits inexplicables pour les pèlerins. Ernoul rapporte la fabrication d’un antidote « le triacle » contre les morsures venimeuses. La recette surgit au milieu des épisodes marquants de la vie du Christ. Le soin est le suivant : « Li hons qui les prent si fait un cerne entour la gastine et va disant son carmin en cantant al cerne faire. Tout li serpent qui l’oent, vienent a lui et il les prent aussi simplement comme .i. aigneil et les porte vendre par les cités a ciaux qui font le triacle. Or si en des sages de ces serpents, quant il entent que cil commence sen carmin, si boute une de ses orelles en tiere, e l’autre estoupe de sa keue pour che qu’il n’oe l’encant ; par tant si escape. De cel triacle c’on fait de ces serpens, garist on de tous envenimemens ». 601 (sic) Jean de Würzbourg mentionne une racine bienfaisante au val de Mambré : « […] ad radicem cuius therebintus illa quae « dirps » vocatur, id est ylex aut querc ». 602 Rorgo Fretel rapporte une pratique de guérison d’une maladie propre aux chevaux à partir des vertus supposées du chêne de Mambré près d’Hébron : « Que licet arida medicabilis tamen esse probatur in hoc quod, si aliquid de ea equitans quisquam diu secum tulerit, animal 598 Thietmar, op. cit., chapitre III, p. 11. 599 Thietmar, op. cit., chapitre III, p. 11. 600 Thietmar, op. cit., chapitre III, p. 11. 601 Ernoul, Fragments, op. cit., p. 68. 602 Jean de Würzbourg, op. cit., lignes 515-517, p. 93. 225
suum non infundit. 603 » La leçon de Jean de Würzbourg est très proche : « Quae licet arida, medicabilis tamen esse probatur in hoc, quod si equitans quis de ea aliquid quamdiu secum detulerit, animal suum non infunditur. » 604 Souvent les merveilles rapportées sont montrées comme telles, les pèlerins emploient des modalisateurs pour se distancier du propos. Il en va ainsi de la légende d’Andromède délivrée par Persée à Jaffa, Thietmar conclut sur la formule : « credat qui velit ! 605 ». Mais parfois les faits semblent acceptés comme une volonté de Dieu, un mystère de Dieu. Thietmar est le spécialiste de la question car son récit est truffé de récit de miracles ou de légendes. Certaines datent du XI ème siècle comme celle du champ d’Hébron dont la terre est remplie de vertus. Il écrit que les Sarrasins la commercialisent, et que le phénomène se poursuit car « Quantumcumque autem terre effosum est, post anni circulum reperitur redintegratum» 606 Il ajoute qu’il s’agit de la terre rouge dans laquelle Adam a été pétri. Cette légende issue des Evangiles apocryphes est aussi rapportée par le Juif Jacob ben Natanel Ha-Cohen : « […] on trouve aussi le lieu où fut créé Adam. Pour cette raison, les gens viennent chercher de la terre pour construire leurs maisons. Malgré cela la terre ne manque jamais et est toujours abondante » 607 . Ailleurs en Galilée, au lieu dit La Table, poussent des herbes aromatiques impossibles à défricher, quelle que soit la saison. Après avoir détruit une chapelle édifiée en ce lieu, les Sarrasins ne sont pas parvenus à arracher les plantes, Thiemar conclut : «[…] voluntati Dei contraire non possunt. » 608 Saewulf est marqué par l’odeur du baume qui se dégage du tombeau des patriarches : il est subjugué par cette merveille olfactive : « […] adhuc autem usque in presens odor balsami et aromatum preciosissimorum, unde sancta corpora erant peruncta, suavissime de sepulchris fragrans nares implet assistentium. » 609 Il y a des légendes véhiculées depuis l’Histoire Naturelle de Pline comme celle du sable/ verre dans le fleuve Belus : « Fons autem istius fluvi vallem habet rotundam, vitream emittens harenam.Quam cum homines exhauserint, locus idem rursus inpletur et 603 Rorgo Fretel, op.cit. 604 Jean de Würzbourg, op. cit., lignes 522-526, p. 94. 605 Thietmar, op. cit., chapitre VIII, p. 24. 606 Thietmar, op. cit., chapitre X, p. 29. 607 Jacob ben Natanel, Récits hébraïques, op. cit., p. 1347. 608 Thietmar, op. cit., chapitre I, p. 5. 609 Saewulf, op. cit., p. 73, lignes 484-487. 226
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604 Jean de Würzbourg, op. cit., lignes 522-526, p. 94.<br />
605 Thietmar, op. cit., chapitre VIII, p. 24.<br />
606 Thietmar, op. cit., chapitre X, p. 29.<br />
607 Jacob ben Natanel, Récits hébraïques, op. cit., p. 1347.<br />
608 Thietmar, op. cit., chapitre I, p. 5.<br />
609 Saewulf, op. cit., p. 73, lignes 484-487.<br />
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