xi eme‐ xiii eme siecles - Université Paris-Sorbonne

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16.06.2013 Views

nosse, nam omnes fere civitates et villas, quibus olim tota locupletabatur Iudea, que a Romanis erant destructe, tam ipsi quam Hospitarii, constitutis ubique castellis et militibus in eis dispositis, sibi subiugaverunt, preter plurimas et infinitas possessiones, quas in exteris terris habere noscuntu. »r 575 Il ne commente pas les éventuelles disputes entre nations conquérantes. Au contraire de son contemporain, il se contente de relever l’épitaphe présente sur le tombeau du roi Baudouin : « Hic est Balduwinus, alter iudas Machabeus/ spes patriae, decus ecclesiae, virtus utriusque/ quem formidabant, cui dona tributa ferebant/ Cedar et Egyptus, Dan ac homicida Damascus/ Prochdolor, in modico clauditur hoc tumulo. » 576 Il collecte aussi les inscriptions tracées sur la tombe de Godefroi : « Deinde tercium sepulchrum fratris est ipsius, ducis Godefridi, qui ipsam civitatem Ierosolimam, a Sarracenis invasam ac Turcis, gladio et sapientia recuperavit et Christianis restituit, patriarcham a paganis eiectum in sede sua relocavit, clerum in ipsa ecclesia instituit, stipendia eis ut deo militare valerent ordinavit. » 577 Nous ne pouvons pas expliquer la colère de Jean de Würzbourg mais elle atteste d’une réaction très personnelle, preuve s’il en est que les récits des pèlerins ont bien une personnalité. Dans un tout autre registre Thietmar choisit de présenter un divertissement auquel il assiste près du Mont Carmel. Là encore on distingue les diverses communautés : « […] quando sunt treuge, Christiani, templariiet hospitarii domus Alamannorum, annuatim in mense Februario cum equis et mulis solent convenire et expandere tentoria sua in pratis et vivere in multa delectatione et iocunditate, et equos suos graminibus plurimum inpinguare. Et vocatur festum istud haraz apud eos. Solent eciam Sarraceni Boidewini ad locum illum illo tempore treugis interpositis accedere et alterutrum milicia exercere. Mirabiliter enim et artificiose sciunt equitare Boidewini. Erigunt autem circulum ad modum pugni in hasta quadam, quem impetu cursus sui nituntur hasta transire. » 578 Mais l’insatiable curiosité du pèlerin ne s’arrête pas à cela, Il est le seul à témoigner d’un réel contact avec les autochtones. Ainsi, au Krak de Moab, il jouit de l’hospitalité d’un évêque : « Ubi in tempestate noctis venit de vicinis locis episcopus Grecus, canus, persona venerabilis, facie reverendus, qui attulit mihi xenia sua, panem et caseum, et benedixit 575 Theodoric, op. cit., p. 164, lignes 708-713. 576 Theodoric, op. cit., p.154 lignes 366-370. 577 Théodoric, op. cit., p. 154 lignes 371-376. 578 Thietmar, op. cit., chapitre VIII, p. 22. 219

mihi suo ydyomate. » 579 Nous pouvons conjecturer qu’il est même logé chez l’habitant. Au Krak de Montréal, il est hébergé par une veuve franque. Il rapporte : « Ubi exceptus fui hospicio a quadam vidua Gallica, que me informavit de itinere et modo itineris per desertum usque ad montem Sinay, et fecit me habere iaticum panem bis coctum, caseos, uvam passam, ficus et vinum. Conduxit mihi eciam Boidewinos cum camelis usque ad Montem Sinay, quia aliis non est via nota per desertum. Quos quidem iuratos et fide et sua lege astrictos convenit hoc modo, ut me reducerent vivum vel mortuum».. 580 L’attitude du pèlerin est à souligner car elle est unique dans le corpus. Bien sûr, ses contacts s’organisent autour de personnes d’origine occidentale mais il n’hésite pas à entrer en contact direct avec les populations rencontrées. Dans leur perception de l’Autre, les pèlerins sont attentifs à maints détails concernant leur mode de vie en fonction : du climat, de la topographie du Proche-Orient ou encore des pratiques en vigueur qui leur sont immédiatement accessibles. Ils donnent l’impression de rapporter une image exacte d’un pays qui ne leur est pas familier. Toutefois, sous le couvert d’une présentation « objective », la relation de la rencontre avec autrui et la représentation qui en découle reflètent bien souvent, par la nature même des informations diffusées, les ignorances, les erreurs et tous les préjugés nourris la plupart du temps de récits et de légendes. Le regard porté sur l’Autre ne se fait cependant pas de manière uniforme ; il s’exerce sur le mode de la neutralité, de l’opposition ou de l’ambiguïté en fonction peut-être de la possibilité de le christianiser. Mais nous avons également pu constater que des querelles intra-communautaires pouvaient surgir, faisant presque oublier ses devoirs de charité chrétienne, de tolérance et de réserve à un homme d’Eglise, perdant de vue momentanément l’objectif de son pèlerinage. Toutefois ses propos amers peuvent aussi être considérés comme le témoignage de l’angoisse d’un croyant qui a peur de voir les lieux qu’il tient en la plus haute estime aux mains des Infidèles. 579 Thietmar, op. cit., chapitre XIV, p. 36. 580 Thietmar, op. cit., chapitre XV, p. 37. 220

nosse, nam omnes fere civitates et villas, quibus olim tota locupletabatur Iudea, que a<br />

Romanis erant destructe, tam ipsi quam Hospitarii, constitutis ubique castellis et militibus<br />

in eis dispositis, sibi subiugaverunt, preter plurimas et infinitas possessiones, quas in<br />

exteris terris habere noscuntu. »r 575 Il ne commente pas les éventuelles disputes entre<br />

nations conquérantes. Au contraire de son contemporain, il se contente de relever<br />

l’épitaphe présente sur le tombeau du roi Baudouin : « Hic est Balduwinus, alter iudas<br />

Machabeus/ spes patriae, decus ecclesiae, virtus utriusque/ quem formidabant, cui dona<br />

tributa ferebant/ Cedar et Egyptus, Dan ac homicida Damascus/ Prochdolor, in modico<br />

clauditur hoc tumulo. » 576 Il collecte aussi les inscriptions tracées sur la tombe de<br />

Godefroi : « Deinde tercium sepulchrum fratris est ipsius, ducis Godefridi, qui ipsam<br />

civitatem Ierosolimam, a Sarracenis invasam ac Turcis, gladio et sapientia recuperavit et<br />

Christianis restituit, patriarcham a paganis eiectum in sede sua relocavit, clerum in ipsa<br />

ecclesia instituit, stipendia eis ut deo militare valerent ordinavit. » 577<br />

Nous ne pouvons pas expliquer la colère de Jean de Würzbourg mais elle atteste d’une<br />

réaction très personnelle, preuve s’il en est que les récits des pèlerins ont bien une<br />

personnalité.<br />

Dans un tout autre registre Thietmar choisit de présenter un divertiss<strong>eme</strong>nt auquel il assiste<br />

près du Mont Carmel. Là encore on distingue les diverses communautés : « […] quando<br />

sunt treuge, Christiani, templariiet hospitarii domus Alamannorum, annuatim in mense<br />

Februario cum equis et mulis solent convenire et expandere tentoria sua in pratis et vivere<br />

in multa delectatione et iocunditate, et equos suos graminibus plurimum inpinguare. Et<br />

vocatur festum istud haraz apud eos. Solent eciam Sarraceni Boidewini ad locum illum illo<br />

tempore treugis interpositis accedere et alterutrum milicia exercere. Mirabiliter enim et<br />

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quadam, quem impetu cursus sui nituntur hasta transire. » 578<br />

Mais l’insatiable curiosité du pèlerin ne s’arrête pas à cela, Il est le seul à témoigner d’un<br />

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évêque : « Ubi in tempestate noctis venit de vicinis locis episcopus Grecus, canus, persona<br />

venerabilis, facie reverendus, qui attulit mihi xenia sua, panem et caseum, et benedi<strong>xi</strong>t<br />

575 Theodoric, op. cit., p. 164, lignes 708-713.<br />

576 Theodoric, op. cit., p.154 lignes 366-370.<br />

577 Théodoric, op. cit., p. 154 lignes 371-376.<br />

578 Thietmar, op. cit., chapitre VIII, p. 22.<br />

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