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xi eme‐ xiii eme siecles - Université Paris-Sorbonne

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pour la communauté des Syriens, sans doute l’envisage-t-il comme moins perdue que les<br />

trois précédentes. Que ce soit à Mossoul ou à Bagdad, il essaie de réconcilier ces<br />

« égarées » avec le pape. Il n’est pas ici question de « païens » qui n’ont pas encore<br />

entendus ou compris la bonne parole, parce qu’ils sont chrétiens. Et c’est là tout le drame.<br />

Aussi, il considère ces Eglises comme hérétiques puisqu’elles se trompent dans la nature<br />

même de leur croyance. Dans la pratique, Riccold de Monte Croce va rapporter son<br />

entretien avec ces « schismatiques». Il organise son propos autour du distinguo théologique<br />

portant sur les deux natures du Christ. En effet, les Jacobites pratiquent une doctrine<br />

monophysite, ils estiment qu’il n’y a qu’une seule nature divine dans le Christ. Le<br />

missionnaire martèle son texte avec le pronom indéfini « unam » pour scander l’erreur<br />

profonde de la doctrine : « Sunt vero heretici, dicentes in Christo unam substantiam, unam<br />

naturam, unam voluntatem et unam operationem scilicet divinam tantum » 543 . Afin de<br />

bien mettre en relief son désaccord avec cette doctrine, il ponctue son discours à l’aide<br />

d’expressions telles : « errores eorum 544 », « quomodo ma<strong>xi</strong>me in Christo errabant 545 »<br />

ou encore « Et multi alii sunt errores eorum quos longum esset enumerare » et « errores<br />

Iacobinorum 546 », insistant par cette formule répétitive sur les défauts des Jacobites qu’il<br />

rapproche de ceux des Nestoriens. S’il reste courtois et poli envers ses interlocuteurs, il<br />

n’en d<strong>eme</strong>ure pas moins sévère dans les commentaires qu’il effectue. Car au fond, il ne<br />

peut envisager une pratique différente, comme le stipule le concile d’Ephèse (431). Il<br />

passe ainsi en revue tous les autres points divergents de la pratique partant des paroles<br />

proférées lors de la cérémonie du baptême, détaillant la fabrication de l’hostie avec du<br />

levain (comme les Nestoriens d’ailleurs), s’arrêtant sur l’omission de l’onction des<br />

malades ou encore sur les pratiques post-mortem sur la tombe du défunt, fustigeant la<br />

pratique interne de la confession, le divorce autorisé et la liberté d’agir des femmes<br />

répudiées et pour finir soulignant l’absence de connaissance du Purgatoire. Et de<br />

conclure : « […] et alios quasi infinitos errores habent 547 ».<br />

Par conséquent, c’est encore une fois sur le plan religieux qu’il envisage ces<br />

hommes, et c’est sur ce point que va porter son jug<strong>eme</strong>nt de valeur. En effet, le reste du<br />

texte semble aller dans le sens d’une entente cordiale ; le contact et l’accueil paraissent<br />

favorables. L’œuvre du missionnaire est bien présente ici puisqu’il rapporte une dispute<br />

543 Riccold, op. cit., p. 124.<br />

544 Riccold, op. cit., p. 126.<br />

545 Riccold, op. cit., p. 128.<br />

546 Riccold, op. cit., p. 130.<br />

547 Riccold, op. cit. p. 126.<br />

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