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xi eme‐ xiii eme siecles - Université Paris-Sorbonne

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outre, Thietmar concentre sa description autour d’éléments qui sortent du commun et qui<br />

n’appartiennent pas au cercle de la culture occidentale. Il focalise l’attention sur les femmes<br />

entièr<strong>eme</strong>nt voilées : « Mulieres Sarracenorum lintheaminibus de bocram velate et cooperte<br />

incedun 534 t », dénuées de toute liberté, et s’attarde sur le relâch<strong>eme</strong>nt des mœurs qui se traduit<br />

notamment par la polygamie.<br />

Ici, en raison de ses mœurs, l’Autre est en totale opposition avec le pèlerin occidental.<br />

Avant de partir à la croisade, Jean de Joinville a pu connaître le monde oriental par le biais<br />

de son père parti en expédition en Egypte en 1219 (mais décédé en 1233) et les récits que<br />

son entourage a pu raconter. Toutefois, son seul horizon personnel d<strong>eme</strong>ure sa Champagne<br />

natale. Confronté aux réalités du Proche-Orient, il va comparer ces nouveautés à ses<br />

propres repères, ceux d’un aristocrate du XIII ème siècle. C’est à travers des anecdotes ou<br />

des digressions que les Sarrasins vont être présentés. En effet, il ne leur consacre pas de<br />

chapitre à propr<strong>eme</strong>nt parler. Sa connaissance apparaît comme appro<strong>xi</strong>mative 535 pour les<br />

spécialistes. Ces derniers notent des erreurs dans l’interprétation de trois clauses notifiées<br />

lors des dernières négociations établies entre Chrétiens et Musulmans. En effet, chacun<br />

des partis en présence choisit ce qui constituerait à ses propres yeux un déshonneur<br />

suprême pour le cas où l’accord serait caduc. Joinville aurait attribué au pèlerinage à La<br />

Mecque la même valeur et les mêmes motivations qu’à un pèlerinage Chrétien, ajoutant<br />

aussi le fait de se découvrir la tête 536 . Le deu<strong>xi</strong>ème serment porte sur le divorce. Le<br />

sénéchal semble vouloir expliquer le principe de cette loi musulmane promulguant que le<br />

divorce n’est définitif que lorsque la femme a été répudiée trois fois. Cependant il en<br />

ignore certaines nuances et se trompe en notant que l’homme s’unissant de nouveau à la<br />

femme qu’il a répudié est déshonoré. Enfin il ne fait que véhiculer une curiosité déjà bien<br />

présente chez les chroniqueurs quand il rapporte l’interdiction de consommer de la viande<br />

de porc ; en ce sens, il n’apporte rien de nouveau. Toutefois, là encore, nous constatons<br />

l’absence de clichés négatifs à l’encontre des Musulmans comme ce pouvait être le cas au<br />

X ème ou XI ème siècle. Jean de Joinville ne se laisse pas aller aux préjugés véhiculés par la<br />

534<br />

Thietmar, op. cit, p. 12.<br />

535<br />

Des spécialistes tels MM. Monfrin ou Cahen ont longu<strong>eme</strong>nt développé leur opinion sur ce sujet dans leurs<br />

études sur Joinville et l’Islam.<br />

536<br />

Joinville, op. cit., §360-361 « […] honni comme cil qui par son pechié aloit en pelerinage a Mahommet a<br />

Maques sa teste descouverte […] comme cil qui laissoient leur femmes et les reprenoient après. De ce cas ne<br />

peuent lessier leur femme a la loy de Mahommet, que jamez la puissent ravoir se il ne voit un autre homme gesir<br />

a li avant que il la puisse ravoir. […] comme le Sarrazin qui manjue la char de porc. »<br />

206

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