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xi eme‐ xiii eme siecles - Université Paris-Sorbonne

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question sarrasine sur la fin de son ouvrage, rapportant les sottises et les propos erronés<br />

entendus et les confrontant à sa propre expérience comme pour rétablir une certaine vérité<br />

(il a pourtant avoué ne pas bien les connaître !). Il termine en accentuant les<br />

rapproch<strong>eme</strong>nts avec le christianisme : « Credulitas eorum est, sanctam Mariam, dominam<br />

nostram, de flatu angeli concepisse et nichilominus virginem permansisse. Ipsum autem<br />

Christum, Dominum nostrum, credunt prophetam ma<strong>xi</strong>mum post Maumet esse. Credunt<br />

eum super mare ambulasse, mortuos suscitasse, et alia multa miracula vere fecisse, et<br />

tandem mirabiliter in celum corporaliter raptum fuisse. Habent in magna parte ewangelia<br />

nostra ; prophetas et aliquos libros Moysi, martires et confessores quosdam habent in<br />

magna veneratione » 530 . Pour autant, n’est-ce pas ce qu’il souhaite entendre ? En tous les<br />

cas, il cherche les passerelles pouvant conduire un musulman au christianisme, et songe<br />

sans doute qu’en lui expliquant qu’il s’est fourvoyé, il pourrait l’amener à changer de<br />

religion pour la vraie. Cela se traduit aussi dans le commentaire qu’il ajoute à propos des<br />

pèlerinages à La Mecque : «Sed nec dives nec pauper admittitur, nisi det aureum<br />

denarium. Ibi plus effectus placet, quam affectus ; plus aurum requiritur, quam cor<br />

contritum. » 531 Encore une fois, il s’agit de remarques personnelles qui reflètent une<br />

méconnaissance des pratiques cultuelles.<br />

Pourtant les commentaires se font plus incisifs lorqu’il est question des mœurs. Une<br />

critique très acerbe se dégage de tous les épisodes évoqués. Ainsi le ton change dans la<br />

rencontre relatée au champ de Moab, le pèlerin émet un jug<strong>eme</strong>nt de valeur, alors que ce<br />

n’était pas perceptible avant. S’extasiant devant la richesse des blés et la belle vigueur du<br />

bétail (en grand nombre), il note : «Incole quidem deformes, miseri et miserrime induti in<br />

magna parte habitant in cavernis petrarum. » 532 Inconsciemment peut-être, il associe une<br />

exploitation florissante à un certain cadre de vie. Et ici, de par leur d<strong>eme</strong>ure, les Sarrasins sont<br />

assimilés à des animaux. Il est possible que la laideur extérieure (perçue par le pèlerin) soit<br />

considérée comme un reflet de leur intériorité. De même la tenue négligée et le misérabilisme<br />

sont connotés très négativ<strong>eme</strong>nt. En outre, il fustige les hommes qui ne sont pas capables de<br />

suivre leurs propres règles, comme lorsqu’il fait mention de l’abondance de vin dans la région<br />

de Damas : « « Querunt eciam Sarraceni occasionem veniendi illuc, ut ibi bibant vinum<br />

occulte, quia eis vinum bibere iuxta rituum suum non licebat » 533 . Il condamne donc ces<br />

hommes qui ne sont pas dignes de considération puisqu’ils ne respectent pas leur religion. En<br />

530 Thietmar , op. cit., chapitre XXVI, p. 50.<br />

531 Thietmar , op. cit,.chapitre XXIV, p. 49.<br />

532 Thietmar, op. cit., chapitre XII, p. 35.<br />

533 Thietmar, op. cit., chapitre VI, p. 18.<br />

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