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xi eme‐ xiii eme siecles - Université Paris-Sorbonne

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qui lui est offert de voir. Burchard du Mont Sion témoigne à son tour de ce qui a été 498 , il<br />

distingue une étape révolue avec l’emploi de l’imparfait de l’indicatif et une situation<br />

nouvelle grâce à la préposition : « Mons Fortis quod fuerat hospitalis theutonicorum, sed<br />

nunc penitus est destructum ». Alors que Daniel se rend dans une Nazareth reconstruite,<br />

Saewulf témoigne égal<strong>eme</strong>nt d’un spectacle de désolation à Hébron : « adhuc, destructa<br />

est Sarracenis ».<br />

Nous pouvons aussi considérer ce trait stylistique comme la rupture effective avec le passé<br />

prestigieux de ces villes vétéro-testamentaires. Ainsi, Thietmar n’a devant lui que des vestiges<br />

de villes réputées antérieur<strong>eme</strong>nt. Ceci peut égal<strong>eme</strong>nt s’interpréter comme une volonté<br />

manifeste de ne pas s’enfermer dans un monde illusoire, dans une recréation toute artificielle<br />

de la géographie de l’Ancien Testament. En ce sens il va à l’encontre de la démarche de la<br />

plupart des pèlerins de notre corpus qui se construisent une bulle coupée de la réalité. Cette<br />

idée se lit égal<strong>eme</strong>nt dans son récit au lac de Tibériade. Il rappelle combien les habitants du<br />

lieu étaient renommés mais ajoute : « […] que a Sarracenis destructa adhuc a paucis tam<br />

Sarracenis quam Christianis inhabitatur. » 499 . Par ailleurs, Thietmar insiste sur la toponymie<br />

contemporaine en rappelant le nom de la ville biblique et celui attribué à son<br />

époque : « Postea veni Tyberiadem, que quondam dicta fuit Cynareth. Que a Cyberio Cesare<br />

nomen accepit. […] que munita valde fuit et famosa. […] » 500 .<br />

Le temps a fait son œuvre et les pèlerins sont confrontés aux vestiges de<br />

sanctuaires réputés. Burchard du Mont Sion ne cache pas sa déception lors de son arrivée à<br />

Jéricho : «Il y a à peine huit maisons et les ruines d’un bourg déchu, et tous les monuments<br />

des lieux saints qui étaient là sont entièr<strong>eme</strong>nt détruits 501 », Daniel 502 ne peut que constater<br />

que la réalité diffère du texte biblique. Champ de ruine égal<strong>eme</strong>nt pour les églises édifiées<br />

en commémoration de l’étoile du berger à trois milles de Bethléem « ubi est memoria<br />

pastorum ma<strong>xi</strong>ma ruina ecclesiarum que fuerunt ibi edificate » 503 et constat amer sur l’état<br />

général de Jérusalem : « […] etiam vere potest nominari civitas ruine et destructionis. » 504<br />

En plus de la dégradation concrète, visuell<strong>eme</strong>nt perceptible, un bâtiment peut subir une<br />

atteinte dans sa fonction référentielle. Ici, la dimension cultuelle voire spirituelle est plus<br />

sensible aux pèlerins et aux hommes d’Eglise que sont Riccold de Monte Croce ou<br />

498 Riccold, op. cit., §29, p. 31.<br />

499 Thietmar, op. cit., Chapitre II, p. 6.<br />

500 Thietmar, op. cit., Chapitre II, p. 6.<br />

501 Burchard, op. cit., 7, §38.<br />

502 Daniel, op. cit., § 35.<br />

503 Riccold, op. cit., p. 60.<br />

504 Riccold, op. cit., p. 48.<br />

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