xi eme‐ xiii eme siecles - Université Paris-Sorbonne

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l’espace va ainsi fluctuer par strates concentriques se déployant vers l’extérieur de Jérusalem. Pierre l’Ermite, notamment, s’est d’abord intéressé à la Ville sainte puis aux vallées et aux collines environnantes à savoir le Mont des Oliviers, le Mont-Sion, le val de Josaphat. Il ouvre ensuite son cercle aux villes de Béthanie, de Bethléem (bien que plus éloignées), puis de Jéricho et enfin à la vallée du Jourdain. Il finit par parcourir la Galilée et va jusqu’à inclure Antioche 483 . Mais au XII ème siècle, certaines cités et en particulier la ville d’Antioche en sont exclues. Ainsi, la représentation mentale des limites de la Terre Sainte varie considérablement. Cependant, quelle que soit l’organisation choisie à l’écrit par les pèlerins, la Terre Sainte demeure un espace incontournable qui véhicule une idéologie voir un mode de vie très prégnant. Elle correspond, en effet, au lieu de la vie de Jésus Christ, à l’endroit même de ses souffrances, à la terre de la rédemption. Par conséquent, les pèlerins intégrent avant tout la Passion. Certains vont envisager à leur tour leur pèlerinage comme un itinéraire de souffrance. D’autres vont intégrer tous les moments heureux de la vie du Christ. De ce fait, ils se focalisent sur les événements qui s’y sont déroulés. Leur démarche souligne l’importance de ce qui s’est passé sur la terre qu’ils vont visiter et non sur l’état du lieu tel qu’il est au moment où ils sont sur place. 1) Les villes et les villages de la terre d’outre-mer. Exclus des limites strictes de la Terre Sainte, nombre de villes et de villages sont traversés par les voyageurs au gré de leur pèlerinage. N’ayant pas de rapport direct avec la vie du Christ ou d’illustres personnages de l’Ancien Testament ces espaces sont rapportés quasi tels qu’ils sont vus par certains pèlerins. Le voile teinté de l’univers christologique qui transfigure la réalité n’est pas en place ici. Ainsi des rapprochements sont esquissés, les pèlerins semblent porter de l’intérêt à leur environnement, allant même jusqu’à retranscrire sinon comprendre certaines coutumes. Toutefois, cette particularité ne concerne que quelques pèlerins de notre corpus, ceux qui ont choisi d’inscrire leur sentiment et leur vécu personnel au cœur de leur récit de voyage. 483 Dans La chanson d’Antioche nous pouvons percevoir cette délimitation par sphères concentriques, elle correspond au parcours des croisés et à leur perception à partir d’un promontoire. 191

Les paragraphes développés vont souligner le rapport à l’environnement de ces hommes, en insistant sur les réalités du monde qui les entoure. Nous tâcherons de signaler ce que le frère Thietmar a vu et retenu depuis son débarquement à Saint-Jean d’Acre, en tenant compte de son périple au Mont Thabor et sur les rives du lac Tibériade. Nous n’oublierons pas ce que le chanoine Riccold de Monte Croce a ressenti au fil de son avancée vers Nazareth et de ses prières, et encore nous mettrons en évidence les distances que Burchard de Mont Sion a parcourues et scrupuleusement notées dans son guide très apprécié par ses contemporains. Nous exploiterons également les données fournies par les textes d’itinéraires édités par MM. Michelant et Raynaud. Ceux-là permettent un vue synthétique des trajets envisageables, certains aspects sont davantage traités par un récit que d’autres, nous pensons au Pèlerinaige por aler en Ihérusalem qui liste particulièrement les monastères, abbayes, églises, chapelles voire reliques le long de la route côtière. La liste des lieux à parcourir se retrouve dans des itinéraires types avec les Fragments relatifs à la Galilée d’Ernoul, elle se lit également dans Les saints pèlerinages que l’on doit requerre en la Terre Sainte. Ces textes s’accordent tous sur les distances existant entre chaque étape et rejoignent le récit de Burchard du Mont Sion pour son aspect pratique. Par ailleurs, le trajet pour se rendre à Jérusalem n’étant pas rectiligne, ni unique, chacun contribue différemment à la description de la réalité qui l’entoure. Les remarques personnelles et les centres d’intérêt propres à chacun viennent enrichir les nombreuses informations ainsi recueillies. Malgré le semblant de détachement spirituel au prime abord, nous remarquons que le souci de guider un lecteur ou un futur pèlerin est très présent dans les propos rapportés. En outre, il nous a semblé qu’une lente conversion du profane au sacré se faisait jour dans les faits et gestes de Riccold de Monte Croce. Les pèlerins qui ont retenu notre attention sont contemporains de la perte de Jérusalem et du désagrégement du Royaume Latin de Jérusalem. Cependant, ils ne s’arrêtent pas uniquement sur des constatations négatives. Bien sûr, ils décrivent les réalités qui ont pu les choquer parmi celles rencontrées et insistent sur les désagréments subis au quotidien par les chrétiens en pays musulman, sur les conséquences de cette domination mais ils ne manquent pas non plus de noter ce qui a pu les émerveiller. Par souci de clarté nous avons organisé notre propos autour des deux aspects antithétiques mais il faut garder en mémoire que les pèlerins ne procèdent pas de cette façon. Avant d’entreprendre l’aperçu de ce que nos pèlerins ont retenu, il nous paraît important de nous arrêter sur la première ville d’outre-mer parcourue par ceux-ci : Saint-Jean d’Acre. 192

Les paragraphes développés vont souligner le rapport à l’environn<strong>eme</strong>nt de ces hommes,<br />

en insistant sur les réalités du monde qui les entoure. Nous tâcherons de signaler ce que le<br />

frère Thietmar a vu et retenu depuis son débarqu<strong>eme</strong>nt à Saint-Jean d’Acre, en tenant<br />

compte de son périple au Mont Thabor et sur les rives du lac Tibériade. Nous n’oublierons<br />

pas ce que le chanoine Riccold de Monte Croce a ressenti au fil de son avancée vers<br />

Nazareth et de ses prières, et encore nous mettrons en évidence les distances que Burchard<br />

de Mont Sion a parcourues et scrupuleus<strong>eme</strong>nt notées dans son guide très apprécié par ses<br />

contemporains. Nous exploiterons égal<strong>eme</strong>nt les données fournies par les textes<br />

d’itinéraires édités par MM. Michelant et Raynaud. Ceux-là permettent un vue synthétique<br />

des trajets envisageables, certains aspects sont davantage traités par un récit que d’autres,<br />

nous pensons au Pèlerinaige por aler en Ihérusalem qui liste particulièr<strong>eme</strong>nt les<br />

monastères, abbayes, églises, chapelles voire reliques le long de la route côtière. La liste<br />

des lieux à parcourir se retrouve dans des itinéraires types avec les Fragments relatifs à la<br />

Galilée d’Ernoul, elle se lit égal<strong>eme</strong>nt dans Les saints pèlerinages que l’on doit requerre<br />

en la Terre Sainte. Ces textes s’accordent tous sur les distances e<strong>xi</strong>stant entre chaque étape<br />

et rejoignent le récit de Burchard du Mont Sion pour son aspect pratique. Par ailleurs, le<br />

trajet pour se rendre à Jérusalem n’étant pas rectiligne, ni unique, chacun contribue<br />

différemment à la description de la réalité qui l’entoure. Les remarques personnelles et les<br />

centres d’intérêt propres à chacun viennent enrichir les nombreuses informations ainsi<br />

recueillies. Malgré le semblant de détach<strong>eme</strong>nt spirituel au prime abord, nous remarquons<br />

que le souci de guider un lecteur ou un futur pèlerin est très présent dans les propos<br />

rapportés. En outre, il nous a semblé qu’une lente conversion du profane au sacré se faisait<br />

jour dans les faits et gestes de Riccold de Monte Croce. Les pèlerins qui ont retenu notre<br />

attention sont contemporains de la perte de Jérusalem et du désagrég<strong>eme</strong>nt du Royaume<br />

Latin de Jérusalem. Cependant, ils ne s’arrêtent pas uniqu<strong>eme</strong>nt sur des constatations<br />

négatives. Bien sûr, ils décrivent les réalités qui ont pu les choquer parmi celles<br />

rencontrées et insistent sur les désagréments subis au quotidien par les chrétiens en pays<br />

musulman, sur les conséquences de cette domination mais ils ne manquent pas non plus de<br />

noter ce qui a pu les émerveiller. Par souci de clarté nous avons organisé notre propos<br />

autour des deux aspects antithétiques mais il faut garder en mémoire que les pèlerins ne<br />

procèdent pas de cette façon. Avant d’entreprendre l’aperçu de ce que nos pèlerins ont<br />

retenu, il nous paraît important de nous arrêter sur la première ville d’outre-mer parcourue<br />

par ceux-ci : Saint-Jean d’Acre.<br />

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