xi eme‐ xiii eme siecles - Université Paris-Sorbonne
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vie autant de fois 423 ». Mais les pèlerins ont cette grande force intérieure qui leur permet de subir l’aventure sans fléchir. Ils puisent leur énergie dans le trajet déjà parcouru, les maux soufferts, et bien sûr la protection de Dieu 424 . Chacun se place sous la protection divine et la clémence de Dieu ou de ses Saints est toujours remerciée 425 . Mais la vue de la côte est aussi source d’une joie inaliénable quand on a traversé des épisodes douloureux, ce sont toutes ces émotions contenues qui éclatent pour les compagnons de Saewulf : « […] sed septem noctes tanta tempestate et periculo fuimus devicti, quod fere omni spe evadendi privati essemus. Mane quoque surgente sole apparuit etiam litus de portu Ioppen coram oculis nostris et quia tanta turbatio periculi nos in desolatione constritavit, gaudium improvisum et desperatum laetitiam in nobis centuplicavit.» 426 Au regard de toutes les épreuves traversées par le pèlerin, l’épisode maritime est particulièrement signifiant. En effet, la mer peut être considérée comme un espace symbolique, où s’instaure une sorte de face à face avec Dieu, où l’homme prend conscience de sa petitesse, de sa fragilité, de l’importance d’assurer son salut. C’est l’enseignement que semblent en tirer chacun des voyageurs de même que saint Louis 427 ou encore Foulque Nerra qui redouble de piété après la tempête qu’il subit aux larges des côtes Syriennes. En outre, parce que l’embarcation est un lieu clos où les hommes vivent en autarcie, le pèlerin est tout autant confronté à lui-même. Au-delà des considérations matérielles sur de possibles attaques ou de tempêtes, l’homme peut se concentrer sur sa personne et son rapport à Dieu, mener une introspection sur les raisons profondes qui le motivent. Le pèlerin commence sans doute dès ce moment, une lente conversion qu’il poursuivra en Terre Sainte. 423 Ibn Jubayr, op. cit., p. 108. 424 Santo Brasca, « Exaudi nos Domine Sancte, Pater Omnipotens, Eterne Deus », op. cit. p. 56. 425 Joinville, op. cit., §630. 426 Saewulf, op. cit., p. 61, lignes 82-87. 427 Joinville, op. cit. §635 « Car aussi comme Dieu dit a ceulz qui eschapent de grans maladies : « Or veez vous bien que je vous eussebien mors se je vousisse », et ainsi peut-il dire a nous : « Vous veez bien que je vous eusse tous noiez se je vousisse ». 636 « Or devons, fist le roy, regarder a nous que il n’i ait chose qui li desplaise par quoy il nous ai ainsi espentez, et se nous trouvons chose qui luy desplaise que nous n’ostions hors ; car se nous le fesions autrement après ceste menace que il nous a faite, il ferra sus nous ou par mort ou par autre grant mescheance, au doumage des cors et des ames ». Voir également les paragraphes 39 à 42. 175
VI. La Terre Sainte Après un long périple par voie terrestre ou maritime les pèlerins atteignent le Proche- Orient. Cependant, bien que s’en rapprochant, leur destination finale n’est pas encore atteinte, il leur faut encore se rendre à Jérusalem. Dans ce chapitre, nous mettrons en évidence les aspects très concrets de l’arrivée au Proche-Orient et du périple qui suit. Nous envisagerons d’abord les formalités requises lors de l’arrivée des voyageurs maritimes, puisque nous avons pu constater que la plupart des pèlerins de notre corpus empruntait cette voie. Puis, dans la continuité du débarquement, nous verrons comment les pèlerins s’organisent pour atteindre Jérusalem, qui les prend en charge, comment ils sont véhiculés et combien de temps dure leur séjour. Nous avons également recueilli ces informations sous forme de cartes retraçant le trajet et la durée de séjour de chacun des pèlerins quand cela nous a été possible 428 . En outre, nous nous sommes aperçus que la question des frontières était très présente pour ces voyageurs qui semblent faire fi des réalités et se rapporter à des limites mentales fondées sur l’univers christologique (et très peu sur l’Ancien Testament d’ailleurs). Mais, à l’issue de cette constatation, nous avons envisagé une description du Proche-Orient selon deux grands axes : d’abord les villes exclues par les pèlerins de la limite de la Terre Sainte, simples villes d’Outre-mer mais qui recèlent maintes richesses à explorer, puis les villes reconnues comme appartenant à la sphère de la Terre Sainte. Les premières sont évoquées dans leur réalité, c’est à dire qu’elles sont perçues comme des cités exotiques avec leurs richesses, leurs habitants, leurs coutumes, mais également leurs désagréments. Les voyageurs qui en font mention rapportent ce qu’ils en voient sans distinction religieuse, il en va de même du regard qu’ils portent sur leur environnement tant humain que naturel avec ses merveilles. Ces villes seront l’objet de récits de rencontres heureuses ou malheureuses et souvent de frais à débourser. Nous consacrons aussi un développement à la ville de Saint-Jean d’Acre qui est au cœur des témoignages. Les secondes sont, pour la majorité des voyageurs, (nous nuancerons au cours de l’analyse) des villes dont l’aspect religieux véhiculé par les récits christologiques ou par les sanctuaires, priment et effacent 428 Notre recensement est à considérer avec distance car il n’est pas certain que les pèlerins aient effectivement visité les nombreux lieux mentionnés. Se reporter à l’annexe n°6 pour les itinéraires. 176
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