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xi eme‐ xiii eme siecles - Université Paris-Sorbonne

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Tout navire court le danger de faire naufrage, de tomber aux mains des pirates chrétiens ou<br />

musulmans, d’être saisi à titre de représailles ou d’être simpl<strong>eme</strong>nt malmené par un gros<br />

temps qui peut le faire chavirer ou le contraindre de jeter à la mer la cargaison.<br />

Le péril de mer guette les passagers. Il est lié aux conditions climatiques : trop<br />

de vent ou une tempête sont responsables de bien des naufrages ou de grandes peurs. Le<br />

pèlerin anglais, Saewulf, a essuyé de nombreux caprices météorologiques qui ont eu des<br />

conséquences allant du risque de tomber à l’eau (voire de se noyer) au naufrage complet du<br />

bâtiment. Dans les deux cas, la mort est une finalité. Il rapporte ainsi au premier danger<br />

rencontré à trois milles des côtes Italiennes : « a violentia undarum passi sumus<br />

naufragium ». Il identifie le deu<strong>xi</strong>ème péril : « magna tempestate compulsi ». La troisième<br />

grave intempérie a lieu au large de Chypre. L’embarcation est contrainte d’y retourner<br />

après une semaine de gros temps : « per septemdies marinis tempestatibus iactabamur<br />

antequam adportem pervenire potuimus […] sed cl<strong>eme</strong>ntia divina ». La dernière<br />

catastrophe maritime dont il est le témoin cette fois est le naufrage de plusieurs navires au<br />

large de Jaffa. Il en réchappe car un marin averti a prévenu à temps l’équipage et les<br />

passagers de débarquer.<br />

Il n’en d<strong>eme</strong>ure pas moins choqué et raconte les faits dans leur intégralité : « Dum enim<br />

illuc pervenimus, vidimus tempestatem altitudinem superexcellerce montium, corpora<br />

quidem innumerabilia hominum utriusque sexus summersorum in litore miserime iacentia<br />

aspescimus, naves minutatim fractac iuxta volutantes simul vidimus. Sed qui preter<br />

rugitum maris et fragorem navium quicquam audire potuit ? Clamorem etenim populi<br />

sonitumque omnium tubarum excessit. Navis autem nostra, ma<strong>xi</strong>ma atque fortissima,<br />

aliaeque multae frumento aliisque mercimoniis atque peregrinis venientibus atque<br />

redeuntibus oneratae, anchoris funeribusque adhuc in profundo atcunque detentae,<br />

quomodo fluctibus iactabantur, quomodo mali metu incidebantur, quomodo mercimonia<br />

abicienbantur, qualis oculus intuentium tam durus atque lapideus a fletu se posset<br />

retinere 415 ? » Le récit circonstancié, prend à partie le lecteur avec les questions oratoires,<br />

il le plonge aussi au cœur du naufrage, mettant en scène la dimension sonore de l’épisode<br />

et jouant sur le pathétique.<br />

Devant de tels phénomènes, tout homme serait effrayé de voir sa dernière heure arrivée.<br />

Nicolas de Martoni est de ceux-là, mais il est surtout l’un des rares voyageurs à avouer sa<br />

415 Saewulf, op. cit., p. 62-63, lignes 110-123.<br />

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