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xi eme‐ xiii eme siecles - Université Paris-Sorbonne

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Ludolph de Sudheim dans sa description des nefs et des galères a été attentif à la<br />

disposition des rames, il remarque : « il y a soixante bancs de chaque côté et sur chacun<br />

d’eux trois rameurs, manoeuvrant trois rames, et un archer. » 400 Peu de pèlerins, le<br />

chanoine Pietro Casola excepté (il voudrait échanger sa place avec ces marins envers<br />

lesquels il éprouve de la pitié), font mention de leurs conditions de vie avant Félix Fabri,<br />

ce dernier a de la compassion pour ces galeotti dormant sur leur banc et sans protection<br />

contre les intempéries 401 . Le prêtre dresse un tableau de l’organisation de cette petite<br />

société et compare leur activité à celle des « ânes qu’on stimule avec des coups de fouet,<br />

des insultes », puis à des chevaux « tir[a]nt fort un lourd chariot sur un chemin qui monte :<br />

plus ils tirent fort, plus on les aiguillonne » et conclut en notant : « jamais je n’ai vu de<br />

bêtes frappées de manière aussi atroces ». La plupart des rameurs font du commerce, tirant<br />

partie d’un don personnel, d’une aptitude particulière. Il distingue bien ces personnes : « Il<br />

y a cependant parmi eux quelques honnêtes marchands qui se soumettent à ce terrible<br />

esclavage pour pouvoir commercer dans les ports : certains sont couturiers ou cordonniers,<br />

et pendant leur repos fabriquent des chaussures, des tuniques, des chemises. D’autres sont<br />

blanchisseurs et lavent le linge moyennant finance. Général<strong>eme</strong>nt tous les galériens sont<br />

commerçants : chacun a à son banc quelque chose qu’il propose à la vente dans les ports<br />

ou qu’il négocie sur le navire. Ils connaissent en général trois langues : le slavon, le grec et<br />

l’italien et la plupart le turc égal<strong>eme</strong>nt ». (sic). 402<br />

Plus général<strong>eme</strong>nt, les rapports ordinaires entre les matelots et les pèlerins semblent<br />

emprunts de méfiance. Une grande partie des pèlerins loge en dessous de l’étage des<br />

rameurs, ils se trouvent protégés des intempéries mais résident dans un espace confiné, où<br />

les hommes d’équipage prennent ombrage des effets personnels des pèlerins qui jonchent<br />

le sol alors qu’eux travaillent sans relâche. Les pèlerins ont peur des gestes brusques de ces<br />

marins, des vols. C’est la raison pour laquelle ils stipulent une protection voire une mise à<br />

l’écart des marins quand ils préparent leur contrat de voyage. Nombreux sont les<br />

documents qui spécifient que le capitaine doit préserver les pélerins des galeotti.<br />

400 Ludolph de Sudheim, op. cit., p. 1040.<br />

401 Les rapports entre passagers et matelots des XIV et XV ème siécles ont été examinés avec soin dans l’article de<br />

Jean Richard, « Les gens de mer vus par les croisés et les pèlerins occidentaux au Moyen Age », Le genti del<br />

mare Mediterraneo, R. Ragosta (éd.), Naples, 1982, p. 341-355.<br />

402 Félix Fabri, op. cit. p. 125-126.<br />

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