xi eme‐ xiii eme siecles - Université Paris-Sorbonne

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l’entrée et à la sortie des ports ou des détroits, et lors des passages dangereux. Ils sont relayés, pour le reste de la traversée, par la force du vent 356 . Transportant surtout la soie, les épices et les denrées précieuses, ces embarcations sont rapides et constituent une escadre de choix pour la guerre grâce aux manœuvres rendues aisées par la propulsion des rames. Au XIII ème siècle, la galère mesure quarante mètres de longs, sur une largeur de cinque mètres cinquante. Il s’agit d’un birème (deux rames par banc) 357 . Gréée de deux mâts à voile latine, triangulaire et renforcée d’un château autour du mât médian. Dans la deuxième moitié du XIII ème siècle, elle transporte vingt tonnes de fret tout au plus avec un équipage de cent quarante hommes 358 . Le deuxième profil, un bâtiment rond (ou encore dit « de charges »), se reconnaît avant tout dans les nefs. Ce sont au XIII ème siècle des vaisseaux imposants à deux ou trois couvertes ( ou ponts) dont les extrémités sont exhaussées de sorte à obtenir des gaillards élevés tant à l’avant qu’à l’arrière. Ces derniers sont surmontés d’une plate-forme abritant les chambres des hôtes prestigieux et de châteaux crénelés et brétèches. Ce sont des vaisseaux lourds. Ils sont mus par des voiles latines fixées à de longues antennes et dirigés par deux timons latéraux. Plus de cent hommes d’équipage sont requis pour les manœuvres incessantes nécessaires au bâtiment pouvant transporter cinq cents tonnes au maximum, à savoir des matières premières, des céréales, du vin, de l’huile, du sel, de la laine, des métaux et de l’alun. Une nef vénitienne, telle la célèbre « Roccaforte », mesure trente-huit mètres dix-neuf de long et quatorze mètres vingt-deux de large ainsi que neuf mètres trente-cinq de haut, dans la partie médiane. Cette nef ou coque (qui se développe au cours du XIII ème siècle) est affinée vers le bas. Les trois quart de cette carène sont remplies de gravier ou de sables pour plus de stabilité Un navire rond peut être divisé en trois grandes parties : le mât de misaine, la poupe, la partie arrière. Dans les naves génoises, la zone comprise entre les deux premières parties est strictement réservée aux marchands : « aliquem peregrinum nec aliquam personam stare nisi solummodo mercatores » 359 . L’emplacement central ou poupe peut être également subdivisée en trois compartiments. La partie inférieure sert au stockage des munitions et des marchandises ainsi qu’au 356 Deux bâtiments font l’admiration des contemporains du XIII ème siècle, « La Comtesse » des Hospitaliers et « Le Faucon des Templiers ». Jal, A., op. cit., tome II, p. 384. 357 Il est également possible d’avoir trois rames par banc, le dossier iconographique propose certaines gravures. Certaines rames reposent sur l’apostis d’autres sur le plat-bord. 358 Balard, M., La méditerranée médiévale, p. 9, p. 20 359 Jehel, G., Les Génois en Méditerranée Occidentale, fin XI ème début XIV ème ébauche d’une stratégie pour un empire, Centre d’Histoire des sociétés, Université d’Amiens, 1993. Il signale que des clauses existent soulignant les différences entre marchands et pèlerins, concernant l’emplacement réservé : « ab arbore de medio versus pupam dicte navis aliquem peregrinum stare non permittemus ». p. 279. 151

angement des effets personnels du capitaine et des invités privilégiés. C’est aussi l’endroit où les matelots font un petit somme entre deux manœuvres pendant leur quart d’où son nom de pizolo. Le pont, du mât de misaine à la proue repose sur un long couloir dont les planches ont été étanchéifiées par du goudron. La partie médiane, appelée aussi puppa contient les tables disposées pour le repas, les matelas des voyageurs, un petit autel pour une messe sèche (sans Eucharistie), et au plafond souvent des armes défensives. C’est au milieu de tout cela que sont logés les pèlerins, dans une atmosphère souvent lourde, sans air et favorable à la prolifération de la vermine. Enfin, la partie supérieure, castello ou paradis comprend la boussole, le gouvernail, recouvert d’une toile imperméable, la cuisine, les aliments et en annexe le parc abritant des animaux vivants destinés à être cuisinés. Ces deux grands types de bâtiments ne seront « repensés » qu’à la suite de la crise du fret qui intervient à la fin des croisades (1270). En effet, une réflexion sur la productivité des transports par mer tend à émerger. Elle se traduit par d’importantes transformations techniques (qui perdureront jusqu’à l’avènement de la machine à vapeur). Cette révolution nautique médiévale, comme l’a nommée F. C. Lane 360 , se traduit par des innovations flagrantes dans les navires ronds. Les nefs sont remplacées par des « coques » au gréement carré et au gouvernail d’étambot. C’est en 1286 que les premières innovations apparaissent à Gênes avec les trois couvertes alors qu’elles n’arrivent que plus tardivement à Venise et concerne les vaisseaux longs (1312). Les navires ronds sont davantage réservés aux pèlerins jusqu’au XIII ème siècle, toutefois, la capacité d’accueil des passagers demeure imprécise. Alors qu’en 1248, « l’oliva », un navire génois proposait mille cent places de passagers lors d’un voyage vers la Syrie 361 , le Paradisus Magnus, construit pour la croisade de Saint-Louis cette même année, pouvait transporter cent personnes et deux cents tonnes de marchandises en 1280. Pourtant il est réputé comme l’un des plus gros bâtiments du moment. Par ailleurs, l’analyse de la liste des passagers du Saint-Victor 362 en 1250 recense quatre cent cinquante trois noms. Devant de 360 Lane, F.C., “Progrès technologiques et productivité dans les transports maritimes de la fin du Moyen Age au début des Temps modernes », Revue Historique, tome 510, 1976, p. 277-302. 361 Byrne, E., H., Genoese shipping in the twelfth and thirteenth centuries, Cambridge, 1930, p. 10. 362 Kédar, B., Z., op. cit. p. 269. 152

l’entrée et à la sortie des ports ou des détroits, et lors des passages dangereux. Ils sont relayés,<br />

pour le reste de la traversée, par la force du vent 356 . Transportant surtout la soie, les épices et<br />

les denrées précieuses, ces embarcations sont rapides et constituent une escadre de choix pour<br />

la guerre grâce aux manœuvres rendues aisées par la propulsion des rames. Au XIII ème siècle,<br />

la galère mesure quarante mètres de longs, sur une largeur de cinque mètres cinquante. Il<br />

s’agit d’un birème (deux rames par banc) 357 . Gréée de deux mâts à voile latine, triangulaire et<br />

renforcée d’un château autour du mât médian. Dans la deu<strong>xi</strong>ème moitié du XIII ème siècle, elle<br />

transporte vingt tonnes de fret tout au plus avec un équipage de cent quarante hommes 358 .<br />

Le deu<strong>xi</strong>ème profil, un bâtiment rond (ou encore dit « de charges »), se reconnaît avant tout<br />

dans les nefs. Ce sont au XIII ème siècle des vaisseaux imposants à deux ou trois couvertes ( ou<br />

ponts) dont les extrémités sont exhaussées de sorte à obtenir des gaillards élevés tant à l’avant<br />

qu’à l’arrière. Ces derniers sont surmontés d’une plate-forme abritant les chambres des hôtes<br />

prestigieux et de châteaux crénelés et brétèches. Ce sont des vaisseaux lourds. Ils sont mus par<br />

des voiles latines fixées à de longues antennes et dirigés par deux timons latéraux. Plus de<br />

cent hommes d’équipage sont requis pour les manœuvres incessantes nécessaires au bâtiment<br />

pouvant transporter cinq cents tonnes au ma<strong>xi</strong>mum, à savoir des matières premières, des<br />

céréales, du vin, de l’huile, du sel, de la laine, des métaux et de l’alun.<br />

Une nef vénitienne, telle la célèbre « Roccaforte », mesure trente-huit mètres dix-neuf<br />

de long et quatorze mètres vingt-deux de large ainsi que neuf mètres trente-cinq de haut, dans<br />

la partie médiane. Cette nef ou coque (qui se développe au cours du XIII ème siècle) est affinée<br />

vers le bas. Les trois quart de cette carène sont remplies de gravier ou de sables pour plus de<br />

stabilité<br />

Un navire rond peut être divisé en trois grandes parties : le mât de misaine, la poupe, la<br />

partie arrière. Dans les naves génoises, la zone comprise entre les deux premières parties<br />

est strict<strong>eme</strong>nt réservée aux marchands : « aliquem peregrinum nec aliquam personam<br />

stare nisi solummodo mercatores » 359 .<br />

L’emplac<strong>eme</strong>nt central ou poupe peut être égal<strong>eme</strong>nt subdivisée en trois compartiments.<br />

La partie inférieure sert au stockage des munitions et des marchandises ainsi qu’au<br />

356 Deux bâtiments font l’admiration des contemporains du XIII ème siècle, « La Comtesse » des Hospitaliers et<br />

« Le Faucon des Templiers ». Jal, A., op. cit., tome II, p. 384.<br />

357 Il est égal<strong>eme</strong>nt possible d’avoir trois rames par banc, le dossier iconographique propose certaines gravures.<br />

Certaines rames reposent sur l’apostis d’autres sur le plat-bord.<br />

358 Balard, M., La méditerranée médiévale, p. 9, p. 20<br />

359 Jehel, G., Les Génois en Méditerranée Occidentale, fin XI ème début XIV ème ébauche d’une stratégie pour un<br />

empire, Centre d’Histoire des sociétés, <strong>Université</strong> d’Amiens, 1993. Il signale que des clauses e<strong>xi</strong>stent soulignant<br />

les différences entre marchands et pèlerins, concernant l’emplac<strong>eme</strong>nt réservé : « ab arbore de medio versus<br />

pupam dicte navis aliquem peregrinum stare non permittemus ». p. 279.<br />

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