xi eme‐ xiii eme siecles - Université Paris-Sorbonne
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De plus, des privilèges leur sont accordés. Gênes bénéficie d’importantes concessions à Jaffa, Arsuf et Césarée (dons de Baudouin I) dans les trois états francs de Syrie-Palestine grâce à sa participation dévouée à la conquête franque 320 durant la Croisade et bénéficie de l’exemption de multiples taxes et droits de douane. Venise 321 s’investit pleinement à son tour et reçoit du de Baudouin I une rue et un marché à Acre, puis douze ans plus tard, répondant à l’appel de Baudouin II pour le siège de Tyr, est comblée de privilèges. Un traité est scellé avec le Pactus Warmundi daté de 1123 et concédé par le patriarche de Jérusalem Gormond 322 . Une clause notamment mentionne le partage des revenus liés aux pèlerinages : deux tiers reviennent à Venise, le tiers restant au roi. Enfin, Baudouin II exempte les pèlerins des droits de douane concernant leurs effets et leurs provisions dans le port d’Acre en 1130, afin d’encourager les pèlerinages et dans le but d’obtenir plus de dons pour les sanctuaires 323 . Le port de Gênes est très actif. Le transport des pèlerins semble régulier et réglé depuis le XI ème siècle 324 . Benjamin, le voyageur Juif, originaire de la ville de Tudèle en Espagne, note scrupuleusement tous les détails de son voyage et raconte : « De [Marseille] on s’embarque pour la ville de Gênes située au bord de la mer. Le voyage dure quatre jours ». Et il ajoute plus loin : « Ils sont les maîtres de la mer : ils construisent des vaisseaux qu’ils appellent galères, avec lesquels ils vont spolier quotidiennement Chrétiens et Musulmans de même, de la Grèce à la Sicile, pour rapporter tout leur butin et leurs prises. Ils font continuellement la guerre aux gens de Pise » 325 . Toutefois, ce trafic va être jugulé par un décret concernant les navires narbonnais. En effet, un seul bateau par an va être autorisé au convoyage de pèlerins, qu’il soit en partance du Languedoc ou d’Italie. Ce n’est pas à des fins concurrentielles mais à cause des attaques possibles des cargaisons puisque les flottes qui se déplacent sont imposantes et attirent les convoitises. De par leur nombre et 320 Cahen, Cl., Orient et Occident au temps des croisades, Aubier, collection « historique », 1983, p. 78-79. 321 Queller, D.E., Katele, I., « Venice and the conquest of Latin Kingdom of Jérusalem », Studi Veneziani, 12, 1986, p. 28-29, 32-38. 322 La liste des privilèges accordés aux Vénitiens est rapportée dans la Chronique de Guillaume de Tyr, Croisades et pèlerinages, op. cit., livre XII, p.554-556. 323 Toutefois il semblerait que Venise ne soit pas exemptée de certaines taxes malgré le transport de pèlerins. Pozza, M., « Venezia e il Regno di Gerusalemme dagli Svevi agli Angioini», I Comuni italiani nel regno crociato di Gerusalemme,Ististuto di Medievistica, Genes,1984, p. 373-379. 324 Renouard, Y., op. cit. « A partir de la première croisade, toute la vie foisonnante de Gênes est tournée vers la mer : le commerce maritime et les constructions navales deviennent les activités essentielles, sinon exclusives ». p. 67. 325 Récits de voyage hébraïques au Moyen Age, textes traduits de l’hébreu par Joseph Shatzmiller, in Croisades et pèlerinages, op.cit. 141
leur taille, elles freinent également toute capacité de s’extraire d’une course poursuite en cas d’attaque, c’est pour cette raison qu’elles longent les côtes. En 1102, Saewulf est d’ailleurs témoin du naufrage de la flotte à Jaffa ; il souligne la catastrophe humaine et les dégâts matériels : « Igitur ex navibus triginta maximis, quarum quaedam dromundi, quaedam vera gulafri, quaedam autem catti, vulgariter vocantur, omnibus oneratis palmariis vel mercimoniis, antequam a litore discessissem vix septem illesae permanserunt, homines vero diversi sexus plusquam mille die illa perierunt 326 ». C’est également sur un navire gênois qu’embarque Ibn Jubayr lorsqu’il se rend en pèlerinage à la Mecque en compagnie de nombreux autres croyants dont son ami Ahmad ben Hassân. Parti de Grenade, il rejoint Tarifa puis traverse le détroit de Gibraltar et gagne le Maroc ; à Ceuta, il trouve « un navire chrétien génois » et il embarque pour Alexandrie via Majorque et Minorque, La Sardaigne et La Sicile. Le retour se fera également sur un navire génois depuis Acre, en témoigne le commentaire du voyageur, à propos de la maîtrise des marins, face aux caprices du vent : « Le patron et capitaine génois qui était versé dans l’art de la navigation et expert en pilotage louvoya […] 327 ». Quelques voyageurs du XIV ème siècle partent de Gênes, c’est le cas de Guillaume de Boldensele, en 1334, qui raconte : « […] je suis parti d’Allemagne, le pays de ma naissance, je suis passé par la Lombardie et venu à un port de mer aux marches de Gênes. Et là, je suis entré dans une galère bien armée et nous nous sommes efforcés d’accomplir notre voyage, voguant sur la mer Méditerranée » 328 . Il part ainsi de Noli via Gênes, gagne Portovenere, Pise, Civita Vecchia, Naples, Messine, Crotone, Cephalonie, Zante, Modon traverse les îles Grecques, longe la Crête, Rhodes, Chypre et parvient à Tyr puis il poursuit jusqu’à Saint Jean d’Acre où il débarque, alors que Simon Semeonis ayant embarqué à Marseille, débarque à Gênes, traverse la Lombardie et gagne Venise. Toutefois, il ne faut pas négliger les ports de La Pouille qui jouent un rôle très important dans le voyage en Terre Sainte. En effet, nombreux sont les représentants de l’ordre des Hospitaliers qui y détiennent des comptoirs ou un bureau, dès 1158, pour ne citer que les ports de Barletta, Bari, Trani, Monopoli, Brindisi ou Giovinazzo. Le même voyageur Juif 326 Saewulf, op . cit., p. 63, lignes 141-145. 327 Ibn Jubayr, op. cit., p. 334. 328 Guillaume de Boldensele, op. cit., p. 1002. 142
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Le port de Gênes est très actif. Le transport des pèlerins semble régulier et réglé depuis le<br />
XI ème siècle 324 .<br />
Benjamin, le voyageur Juif, originaire de la ville de Tudèle en Espagne, note<br />
scrupuleus<strong>eme</strong>nt tous les détails de son voyage et raconte : « De [Marseille] on s’embarque<br />
pour la ville de Gênes située au bord de la mer. Le voyage dure quatre jours ». Et il ajoute<br />
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de la Grèce à la Sicile, pour rapporter tout leur butin et leurs prises. Ils font<br />
continuell<strong>eme</strong>nt la guerre aux gens de Pise » 325 . Toutefois, ce trafic va être jugulé par un<br />
décret concernant les navires narbonnais. En effet, un seul bateau par an va être autorisé<br />
au convoyage de pèlerins, qu’il soit en partance du Languedoc ou d’Italie. Ce n’est pas à<br />
des fins concurrentielles mais à cause des attaques possibles des cargaisons puisque les<br />
flottes qui se déplacent sont imposantes et attirent les convoitises. De par leur nombre et<br />
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Cahen, Cl., Orient et Occident au temps des croisades, Aubier, collection « historique », 1983, p. 78-79.<br />
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Queller, D.E., Katele, I., « Venice and the conquest of Latin Kingdom of Jérusalem », Studi Veneziani, 12,<br />
1986, p. 28-29, 32-38.<br />
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La liste des privilèges accordés aux Vénitiens est rapportée dans la Chronique de Guillaume de Tyr,<br />
Croisades et pèlerinages, op. cit., livre XII, p.554-556.<br />
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Toutefois il semblerait que Venise ne soit pas exemptée de certaines taxes malgré le transport de pèlerins.<br />
Pozza, M., « Venezia e il Regno di Gerusalemme dagli Svevi agli Angioini», I Comuni italiani nel regno<br />
crociato di Gerusalemme,Ististuto di Medievistica, Genes,1984, p. 373-379.<br />
324<br />
Renouard, Y., op. cit. « A partir de la première croisade, toute la vie foisonnante de Gênes est tournée vers la<br />
mer : le commerce maritime et les constructions navales deviennent les activités essentielles, sinon exclusives ».<br />
p. 67.<br />
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Récits de voyage hébraïques au Moyen Age, textes traduits de l’hébreu par Joseph Shatzmiller, in Croisades<br />
et pèlerinages, op.cit.<br />
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