xi eme‐ xiii eme siecles - Université Paris-Sorbonne

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maisons dans les Alpes en 1200 298 . Les hospices des Alpes, jusqu’au neuvième siècle, furent surtout d’un grand secours aux pèlerins qui venaient de la Gaule, et se dirigeaient vers quelque port d’Italie, où ils s’embarquaient ensuite pour l’Orient. Mais après cette époque, grâce à la conversion des Hongrois, la route de terre jusqu’à Constantinople est davantage empruntée. On trouve alors des hospices presque jusqu’à la capitale de l’empire Grec. Seul le séjour au Proche-Orient figure dans certains récits et encore, très peu d’auteurs nous révèlent leur condition d’hébergement. A travers les témoignages des pèlerins du corpus, nous avons la certitude que les monastères accueillent les ecclésiastiques. Ainsi, Jean de Würzbourg est hébergé par les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem. Il rapporte l’existence de nombreuses maisons où se pressent les malades tant des hommes que des femmes. On leur prodigue des soins et et de la nourriture à grands frais, plus de deux cents malades s’y reposaient quand il y était. Il apprend également au cours d’une discussion avec un serviteur que pas moins de cinquante cadavres sont évacués par jours, les corps sont ensevelis au cimetière voisin, le champ d’Acedelma. Ne pouvant s’empêcher de montrer sa préférence, il note que les Templiers font preuve d’une charité sans borne pour les pauvres du Christ mais ce n’est pas le dixième de ce que font les Hospitaliers. Cette remarque peu délicate à le mérite de servir à notre travail et confirme les aides apportées par ces « ordres militaires », d’ailleurs il ajoute qu’à côté du Temple de Salomon une étable est conçue pour abriter deux cents chevaux et cent cinquante chameaux. Seraient-ils exclusivement réservés aux Templiers ou serviraient-ils aux pèlerins ? Burchard du Mont Sion quant à lui est très prolixe sur les monastères grecs, nous avons supposé que c’était son mode d’hébergement principal. Ainsi à Sébaste : « hanc, Greci inhabitant monachi Christiani, qui me benigne receperunt et paverunt » 299 ; à Béthulie : « Mansi enim in Dothayn una nocte. […] Et habitant ibi monachi Greci .» Le guide de pèlerinage intitulé Les Saints pelerinages que l’on doit requerre trace le parcourt le long de la route côtière et détaille les nombreux monastères grecs et leurs reliques. De même, l’hygoumène Daniel marque de multiples étapes entre le Jourdain et Jéricho. Il s’arrête dans des monastères et ne manque pas de rapporter la relique conservée (§35). Il passe également une nuit chez des chrétiens aux alentours de Bethléem (§56). Le pèlerin souligne encore combien l’accueil des Latins, établis depuis peu, est favorable et 298 Mollat, M., Les pauvres au Moyen Age, Bruxelles, Complexe, 1984. 299 Burchard, op. cit., p. 53, §17 et p. 45, §40. 127

chaleureux, notamment sur le Thabor (§87) et à Nazareth (§93) où lui sont fournis tous les soins dont il a besoin en plus du ravitaillement. A Jérusalem, les hommes d’Eglise sont logés au monastère du Mont Sion alors que les laïcs sont accueillis à l’Hôpital Saint-Jean en face du Saint Sépulcre. En 1393, les Franciscains établis depuis 1296 à Ramleh, achètent le caravansérail proche et fondent l’Hôpital des pèlerins. L’hôpital de Charlemagne, fondé au IX ème est sans doute devenu trop petit à moins qu’il ne soit détruit lorsqu’arrive en 1027 une masse de pèlerins. Ce dernier accordait logement et nourriture aux pèlerins d’ « expression romane ». De nouvelles solutions d’hébergement s’imposent et le recours à des intermédiaires comme des moines occidentaux vivant sur place ou des guides locaux va se développer. En 1055, cinq marchands d’Amalfi acquièrent l’église Saint Jean et fondent un hôpital « pour soigner pèlerins, pauvres et malades », construction à l’origine de l’ordre des Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem. Ce réseau hospitalier est étendu jusqu’à Acre. Ainsi, à la fin du XIII ème siècle, Théodoric est logé chez les Hospitaliers d’Acre, il mentionne l’existence de l’ensemble de la structure d’accueil mais en 1291 la fin du royaume de Jérusalem engendre la destruction de celle-ci et la vie chez l’habitant, la location de chambre chez des particuliers se fait plus fréquente. Lorsque les Croisés pénètrent dans Jérusalem en 1099, ils découvrent l’hôpital de frère Gérard destiné aux pèlerins, datant du milieu du XI ème siècle. Il se réfère à la Règle de Saint Benoît consacrée au soin des hôtes du monastère, où tout homme, indisctinctement qu’il soit pauvre, malade est accueilli également comme la figure du Christ. Il est noté au chapître 53 : « omnes supervenientes tamquam Christus suscipiantur » c'est-à-dire « tous ceux qui surviennent, quels qu’ils soient, seront reçus comme le Christ ». Le soin des malades et l’accueil des voyageurs sont également considérés comme une participation aux souffrances du Christ et à la compassion qu’il a manifesté envers les affligés. Les hôpitaux se chargent ponctuellement d’aider les pèlerins, surtout les plus démunis. Certains textes racontent qu’en plus des pieds, c’est la tête voire le corps qui est lavé, les vêtements sont nettoyés, le couchage est assuré dans des lits moelleux, l’éclairage persiste la nuit et les hôtes sont servis comme des seigneurs 300 . Guillaume de Tyr 301 rapporte 300 Leclerq, J., op. cit . 128

maisons dans les Alpes en 1200 298 . Les hospices des Alpes, jusqu’au neuvième siècle,<br />

furent surtout d’un grand secours aux pèlerins qui venaient de la Gaule, et se dirigeaient<br />

vers quelque port d’Italie, où ils s’embarquaient ensuite pour l’Orient. Mais après cette<br />

époque, grâce à la conversion des Hongrois, la route de terre jusqu’à Constantinople est<br />

davantage empruntée. On trouve alors des hospices presque jusqu’à la capitale de l’empire<br />

Grec.<br />

Seul le séjour au Proche-Orient figure dans certains récits et encore, très peu d’auteurs<br />

nous révèlent leur condition d’héberg<strong>eme</strong>nt. A travers les témoignages des pèlerins du<br />

corpus, nous avons la certitude que les monastères accueillent les ecclésiastiques.<br />

Ainsi, Jean de Würzbourg est hébergé par les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem. Il<br />

rapporte l’e<strong>xi</strong>stence de nombreuses maisons où se pressent les malades tant des hommes<br />

que des femmes. On leur prodigue des soins et et de la nourriture à grands frais, plus de<br />

deux cents malades s’y reposaient quand il y était. Il apprend égal<strong>eme</strong>nt au cours d’une<br />

discussion avec un serviteur que pas moins de cinquante cadavres sont évacués par jours,<br />

les corps sont ensevelis au cimetière voisin, le champ d’Acedelma. Ne pouvant s’empêcher<br />

de montrer sa préférence, il note que les Templiers font preuve d’une charité sans borne<br />

pour les pauvres du Christ mais ce n’est pas le di<strong>xi</strong>ème de ce que font les Hospitaliers.<br />

Cette remarque peu délicate à le mérite de servir à notre travail et confirme les aides<br />

apportées par ces « ordres militaires », d’ailleurs il ajoute qu’à côté du Temple de Salomon<br />

une étable est conçue pour abriter deux cents chevaux et cent cinquante chameaux.<br />

Seraient-ils exclusiv<strong>eme</strong>nt réservés aux Templiers ou serviraient-ils aux pèlerins ?<br />

Burchard du Mont Sion quant à lui est très prolixe sur les monastères grecs, nous avons<br />

supposé que c’était son mode d’héberg<strong>eme</strong>nt principal. Ainsi à Sébaste : « hanc, Greci<br />

inhabitant monachi Christiani, qui me benigne receperunt et paverunt » 299 ; à Béthulie :<br />

« Mansi enim in Dothayn una nocte. […] Et habitant ibi monachi Greci .»<br />

Le guide de pèlerinage intitulé Les Saints pelerinages que l’on doit requerre trace le<br />

parcourt le long de la route côtière et détaille les nombreux monastères grecs et leurs<br />

reliques. De même, l’hygoumène Daniel marque de multiples étapes entre le Jourdain et<br />

Jéricho. Il s’arrête dans des monastères et ne manque pas de rapporter la relique conservée<br />

(§35). Il passe égal<strong>eme</strong>nt une nuit chez des chrétiens aux alentours de Bethléem (§56). Le<br />

pèlerin souligne encore combien l’accueil des Latins, établis depuis peu, est favorable et<br />

298 Mollat, M., Les pauvres au Moyen Age, Bruxelles, Complexe, 1984.<br />

299 Burchard, op. cit., p. 53, §17 et p. 45, §40.<br />

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