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xi eme‐ xiii eme siecles - Université Paris-Sorbonne

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s’amenuisaient. Mais le navire ressemblait à une ville avec tous ses vivres. On y trouvait<br />

tout ce qu’on voulait acheter : pain, eau, condiments, fruits : grenades, coings, melons du<br />

Sind, poires, châtaignes, noix, pois chiches, fèves crues et cuites, oignons, ail, figues,<br />

fromage, poisson, et autres choses dont la liste serait trop longue à détailler. Nous<br />

constatâmes que tous ces produits étaient à vendre. » 260 Plus loin, il raconte comment,<br />

après avoir subi de nombreux dommages à la suite d’une tempête, les passagers emploient<br />

leur temps lors d’une accalmie : « Les passagers renouvelèrent leurs provisions et l’eau car<br />

les habitations étaient proches. Les habitants de l’île vinrent leur vendre du pain, de la<br />

viande, de l’huile et des condiments ; leur pain n’était pas de pur froment, mais fait d’un<br />

mélange d’orge et sa couleur tirait sur le noir. Les passagers se jetèrent sur lui malgré sa<br />

mauvaise qualité et sa cherté. » 261 . Le temps passe et le navire n’est toujours pas arrivé à<br />

destination. Le vaisseau finit par appareiller en Calabre, le pèlerin musulman raconte alors<br />

comment les Chrétiens s’en vont, trop heureux de toucher terre, et il mentionne ce qu’il<br />

advient de leurs vivres : « A cet endroit, un grand nombre de pèlerins débarquèrent,<br />

échappant à la disette qui sévissait à bord à cause du manque et de la pénurie de vivres.<br />

Pensez que nous étions réduits à une ration de livre de pain sec que nous partagions à<br />

quatre, nous le mouillions avec un peu d’eau et nous nous en contentions. Tous les pèlerins<br />

qui avaient débarqué avaient vendu les provisions qui leur restaient. Les Musulmans<br />

cherchèrent leur profit en achetant ce qu’ils pouvaient malgré la cherté ; en effet, un seul<br />

pain de farine pure valait un dirham. Que penser d’un séjour de deux mois sur mer pour<br />

faire une traversée que les passagers pensaient faire en dix ou quinze jours tout au plus !<br />

Le plus prévoyant avait fait des provisions pour trente jours, la plupart pour quinze ou<br />

vingt » 262 . Bien sûr, un retard ne fait qu’ajouter aux dépenses.<br />

Ces témoignages soulignent la multitude de produits consommables transportés à bord par<br />

les voyageurs et donnent des indices sur le commerce qui en est fait. Pourtant, il n’y a pas<br />

une grande diversité d’aliments, ce sont surtout des fruits et des céréales. Mais tout est<br />

matière à troc et à monnayage pour satisfaire les estomacs.<br />

Les sardines mises à part, aucun autre poisson n’est mentionné dans la liste des pèlerins du<br />

XIV ème siècle, alors que la charcuterie à la part belle. On aurait pu s‘attendre à une<br />

alimentation plus poissonneuse pour un périple en Méditerranée. Cela correspond toutefois<br />

260 Ibn Jubayr, op. cit. p. 336.<br />

261 Ibn Jubayr, op. cit. p. 339.<br />

262 Ibn Jubayr, op. cit. p. 342.<br />

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