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xi eme‐ xiii eme siecles - Université Paris-Sorbonne

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embarqué, même si le capitaine du bateau est tenu de fournir les repas, il est recommandé<br />

de se constituer une réserve car l’ordinaire n’est pas toujours ragoûtant et varie<br />

sensibl<strong>eme</strong>nt en fonction des possibilités de faire escale. Aussi, il n’est pas rare que les<br />

passagers partagent des biscuits trop secs et de l’eau croupie, faute de mieux. Mais le<br />

tonnage même du bateau ne permet pas d’embarquer des vivres en quantités suffisantes<br />

pour tous. Il y a de nombreuses restrictions, surtout si le navire transporte des<br />

marchandises : la cargaison étant préférée aux passagers. De plus, la cuisine est de<br />

tradition méditerranéenne avec des produits locaux qui ne sont pas forcément appréciés de<br />

tous. Par exemple, les aliments sont cuisinés à l’huile d’olive, ou à l’ail, ce qui n’est pas du<br />

goût des estomacs en provenance du Nord, peu habitués à ce type d’assaisonn<strong>eme</strong>nt. Les<br />

passagers allemands sont les premiers à s’en plaindre et s’organisent pour cuisiner leurs<br />

propres plats. Les sources italiennes 259 de notre enquête, habituées à cette cuisine,<br />

conseillent d’emporter des poulets vivants dans une petite cage ( le capitaine autoriserait<br />

un « fret » de dix à douze poulets par personne), un petit tonneau d’eau, un autre de vin, de<br />

la langue de bœuf salée, des jambons, des sardines, du fromage dur, des biscuits ( il s’agit<br />

de pain recuit, très dur), du sucre, des fèves, des pommes, des figues, du raisin qui<br />

sècheront, et d’autres victuailles qui se conservent comme des dattes ou des amandes. Ces<br />

produits garantissent un minimum de nourriture entre les escales et permettent de lutter<br />

contre le scorbut même si les carences en vitamines C, D et A d<strong>eme</strong>urent importantes, ce<br />

qui conduit l’organisme affaibli aux infections (sans compter les épidémies et la nourriture<br />

avariée). Nos voyageurs avisés notent égal<strong>eme</strong>nt les prix moyens des provisions et de l’eau<br />

achetées pendant les escales. Ils cherchent à établir un étalon afin que les pèlerins qui<br />

voyageront à leur suite, achètent les produits qui leur sont nécessaires en toute<br />

connaissance de cause. C’est une liste bien intéresante puisqu’elle met à jour les dépenses<br />

occasionnées par la traversée pour un voyageur moyen. En effet, la possibilité de cuire ses<br />

propres aliments, de les conserver permet certaines économies. En outre, elle nous révèle<br />

de quoi l’assiette d’un voyageur maritime peut être constituée.<br />

Le regard curieux du voyageur musulman, partageant une embarcation avec des chrétiens<br />

depuis Acre, nous indique les possibilités de ravitaill<strong>eme</strong>nt à bord du bateau même. Tout<br />

se monnaye, pour le plus grand étonn<strong>eme</strong>nt du pèlerin : « Depuis notre départ de Akka,<br />

nous étions en mer depuis vingt-deux jours si bien que nous avions perdu le sens de<br />

l’intimité et que nous ressentions an<strong>xi</strong>été et désespoir. […] Les provisions des voyageurs<br />

259<br />

Santo Brasca, Viaggio in Terra Santa et G. Capodilista, Itinerario,éd. A-L. Momigliano-Lepschy, Milan,<br />

1966.<br />

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