Première livraison - Le Journal Des Télécoms

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JDT194_INTERVIEWP30-31OK AG:JDT193 24/03/2009 11:25 Page 30 Interview ❚ Votre nomination marque-t-elle une nouvelle orientation pour Alcatel Lucent France, plus orientée business que RD ? On peut se demander si votre prise de fonction est un signe envoyé au marché… Il n’y a pas d’antagonisme entre la R&D et le commercial. Et mon parcours n’est pas uniquement celui d’un commercial. J’ai une formation business et d’ingénieur, j’ai commencé ma carrière au milieu des années 90 dans le capital risque dans la Silicon Valley, où je travaillais au plus près des équipes de R&D dans des start up. Ensuite, ma carrière s’est davantage déplacée vers le business et le commerce. Lorsqu’on travaille dans un groupe comme Alcatel-Lucent, on ne peut pas faire l’un sans l’autre. Il n’y a donc pas de signaux particuliers dans ma nomination. Mon parcours montre au contraire qu’Alcatel-Lucent France doit être gérée dans la totalité de la chaîne, puisque l’objectif final, c’est de servir nos clients. ❚ On a l’impression que depuis l’arrivée de Ben Verwaayen, la spirale négative dans laquelle semblait engagée la société depuis plusieurs années s’est inversée, au profil d’une nouvelle impulsion, d’une plus grande mobilisation, d’une plus grande ouverture. Le regard des vos clients a-t-il changé ? Le Journal des télécoms N°194 Avril 2009 30 les gens & les chiffres Pierre Barnabé, PDG d’Alcatel Lucent France Les infras mobiles seront développées sur le long terme Pas d’antagonisme entre commerce et RD pour le jeune (38 ans) et nouveau PDG d’Alcatel Lucent France, qui, dans les pas de Ben Verwaayen, le PDG du groupe, inscrit son action sous le signe du pragmatisme technologique, d’une démarche écologique globale au service des économies d’énergie durables , et du déploiement des TIC comme un axe stratégique de relance pour le pays. Propos recueillis par Ariel Gomez Il est évident qu’il y a une nouvelle impulsion. Ben Verwaayen est quelqu’un qui a beaucoup d’énergie, beaucoup de charisme, qui a une vision… Il a mis en place une stratégie autour de cette vision et, par effet de « percolation », une dynamique forte s’est créée autour. Avec le développement de toute la couche applicative à partir de plates-formes de type IMS, la stratégie consiste également à développer les services et les applications basés sur de grands piliers de solutions technologiques (l’IP, l’optique, le mobile sans fil et le large bande fixe). Ce que vous percevez, les clients le perçoivent. Indéniablement, il y a une accélération. ❚ L’annonce du contrat LTE avec Verizon [cf JDT 193] vous redonne une visibilité de premier plan sur les infras mobiles. Où en sont vos clients français en matière de LTE ? Didier Lombard a dit qu’il ne voyait pas le LTE chez Orange avec 2011-2012… Tous les clients français observent et analysent le LTE. Le LTE, c’est une évolution, pas une rupture. C’est une évolution qui va toucher autant l’accès radio que l’organisation du cœur de réseau et le transport. Nous allons implémenter l’IP au plus près des accès radio et avoir finalement un réseau qui va être commun et convergent pour les applications de type large bande fixe. Le LTE, c’est un travail d’anticipation, donc cela va prendre du temps pour être mis en place en France. C’est pour cela qu’il y a au préalable un travail de réflexion sur la transformation des réseaux. Il y a aussi des étapes à venir dans l’évolution de la 3G. L’introduction d’innovations technologies nécessite aussi que tout un écosystème de terminaux, d’applications, de réseaux, se mette en place. La problématique dépend aussi de certains pays et de certaines positions d’opérateurs. L’essentiel pour nous c’est que, en premier lieu, le doute est définitivement levé : le mobile est un élément extrêmement important d’investissement. C’est une activité que nous allons développer sur le long terme. Deuxièmement, nous sommes capables d’opérer sur plusieurs types de technologie : le GSM 2G, la CDMA, la 3G et les évolutions de la 3G, le Wimax pour l’accès fixe de large bande, et l’évolution de l’ensemble de ces réseaux vers le LTE. L’idée, c’est de servir à nos clients, en fonction de ce qu’ils veulent, la bonne solution au bon moment. ❚ Vous remportez des contrats sur WIMAX, quel est l’avenir de cette technologie ? Est-elle enterrée comme technologie mobile ? Aujourd’hui, les grandes applications que l’on voit, c’est soit la desserte des zones blanches dans les pays développés, soit, dans les pays en voie de développement, des solutions d’accès Internet fixe large bande. Nous sommes pragmatiques : le marché est là, c’est là que nous allons investir. Si demain, il y a une évolution du Wimax vers le nomadisme, nous regarderons cette opportunité. ❚ La 4G est en phase de discussion auprès des organismes de standardisation, LTE Advanced ou Gigabit Wimax, quelle est votre préférence ? Il existe beaucoup d’éléments communs entre les deux technologies. Ce que vous développez sur le LTE peut-être mis en commun avec le Wimax. Il n’y a pas de duplication des équipes de

JDT194_INTERVIEWP30-31OK AG:JDT193 24/03/2009 11:25 Page 31 R&D, il n’y a donc pas de choix à faire. L’accès radio sera de plus en plus agnostique. Dans le fixe, vous avez souvent de nombreuses technologies (ADSL ATM, ADSL IP, Fibre) qui sont portées par même un nœud d’accès. Petit à petit, sur la radio, nous allons arriver à des nœuds d’accès capables de traiter énormément de types de fréquences avec différentes technologies. ❚ En matière de TMP, vous apparaissez aujourd’hui comme le premier promoteur de la techno DVB-SH ; en quoi peut-elle accélérer l’avènement de la télévision sur mobile ? Le DVB-SH est une des technologies de notre portefeuille. Ce qui est certain, c’est qu’il y a une individualisation de la consommation de la télévision et une multiplication des écrans. Très rapidement, la télévision va devenir mobile et nomade… Je ne crois pas que totalité des offres qui vont arriver chez les abonnés soit portée par une seule technologie ; à nos clients de choisir celle qui leur convient. L’idée, c’est d’offrir un éventail de solutions dans toutes les bandes de fréquences qui sont en train de se libérer actuellement. Mais la problématique du client n’est pas que technologique, elle est aussi financière, de stratégie, d’image… Veut-il se présenter comme fournisseur de télévision, comme fournisseur d’accès, etc ❚ Le Green IT est actuellement au cœur de toutes les stratégies. En quoi ALU se distingue-t-il de ses concurrents sur cette partie ? Dans quelle mesure l’approche « Green » pèse-t-elle dans le choix de vos clients ? Les grandes entreprises d’innovation se doivent d’investir totalement la problématique écologique. Et cela passe obligatoirement par la fourniture de solutions, car la problématique verte, c’est tout un environnement. Nous travaillons assez étroitement avec nos clients pour qu’ils implémentent la problématique de gouvernance, au sens large, comme critère de sélection dans leurs appels d’offres. Et une partie de la gouvernance, c’est le respect de l’environnement. Pour parler de l’environnement radio, il y a des solutions de type logiciel [voir aussi notre dossier Green IT, p. 36 à 45, NDLR] qui vont gérer et de manière centralisé et par site la consommation en fonction des besoins d’énergie à certaines heures de la journée en fonction du trafic. C’est une première approche, cela permet de baisser drastiquement la consommation d’énergie électrique. Il y a aussi l’alimentation électrique alternative, avec l’éolien et le photovoltaïque. Nous expérimentons à Villarceaux une station radio qui a les deux, et qui est pratiquement autonome en électricité. ❚ L’éolien et le photovoltaïque, n’est-ce pas des solutions essentiellement applicables sur les antennes plutôt isolées ? Parce que faire cela à Paris ou à Tokyo, c’est moins plausible… Là aussi, l’idée reste d’avoir un arsenal de solutions pour répondre à tous les besoins. Pour alimenter une antenne en photovoltaïque, il faut de la surface. Cela peut donc se faire sur les zones peu peuplées ou dans les pays en voie de développement. Nous avons fourni ce type de solutions en Afrique sub-saharienne. Si on parle de stations radio dans les zones denses, il faut travailler aussi sur les composants, avec des composants qui demandent moins d’énergie pour être réfrigérés. Dans les Bells Labs, nous avons plein de projets. En France, on fait chaque année un concours d’entrepreneuriat où les équipes des Bell Labs proposent des sujets. Il y en plein qui sont liés à la consommation d’énergie et au green. Cela va jusque dans les composants. C’est pour cela que, quand on parle de green dans les télécoms, cela impacte la gestion logicielle, la gestion du management du réseau et les composants. ❚ Certains acteurs de la filière télécoms (FIEN, FICOME…) militent pour faire entrer les télécoms dans le plan de relance de Patrick Devedjian, via une prime à la casse pour le remplacement des vieux autocoms (pour passer à l’IP) et un crédit d’impôt « Petit à petit, sur la radio, nous allons arriver à des nœuds d’accès capables de traiter énormément de types de fréquences avec différentes technologies ». « Avec le développement de toute la couche applicative à partir de plates-formes de type IMS, la stratégie consiste également à développer les services et les applications basés sur de grands piliers de solutions technologiques (l’IP, l’optique, le mobile sans fil et le large bande fixe) ». pour les investissements dans les communications unifiées ? Soutenez-vous ces initiatives ? Pour moi, la problématique TIC est stratégique pour la France, la relance doit aussi s’appliquer sur le monde des TIC. Au travers notamment d’Alliance TICS, nous soutenons totalement les propositions autour de quatre sujets de croissance : le haut débit pour tous, le très haut débit, la TMP et l’amélioration des communications d’entreprises et interentreprises, avec l’implémentation des solutions IP. Le tissu économique français a besoin de TICS extrêmement développées et pointues. Je suis content qu’Alcatel-Lucent France ait la France comme « terrain de jeu », puisque c’est un des marchés les plus avancés au monde en termes de télécommunications. Je pense qu’il faut maintenir et amplifier cette avance puisque quand l’économie repartira, le pays qui aura su investir dans les TICS gagnera des points de croissance. 31 Le Journal des télécoms N°194 Avril 2009

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R&D, il n’y a donc pas de choix à faire. L’accès<br />

radio sera de plus en plus agnostique. Dans le<br />

fixe, vous avez souvent de nombreuses<br />

technologies (ADSL ATM, ADSL IP, Fibre) qui sont<br />

portées par même un nœud d’accès. Petit à petit,<br />

sur la radio, nous allons arriver à des nœuds<br />

d’accès capables de traiter énormément de types<br />

de fréquences avec différentes technologies.<br />

❚ En matière de TMP, vous apparaissez<br />

aujourd’hui comme le premier promoteur<br />

de la techno DVB-SH ; en quoi peut-elle<br />

accélérer l’avènement de la télévision sur<br />

mobile ?<br />

<strong>Le</strong> DVB-SH est une des technologies de notre<br />

portefeuille. Ce qui est certain, c’est qu’il y a<br />

une individualisation de la consommation de la<br />

télévision et une multiplication des écrans. Très<br />

rapidement, la télévision va devenir mobile et<br />

nomade… Je ne crois pas que totalité des<br />

offres qui vont arriver chez les abonnés soit<br />

portée par une seule technologie ; à nos clients<br />

de choisir celle qui leur convient. L’idée, c’est<br />

d’offrir un éventail de solutions dans toutes les<br />

bandes de fréquences qui sont en train de se<br />

libérer actuellement. Mais la problématique du<br />

client n’est pas que technologique, elle est<br />

aussi financière, de stratégie, d’image… Veut-il<br />

se présenter comme fournisseur de télévision,<br />

comme fournisseur d’accès, etc<br />

❚ <strong>Le</strong> Green IT est actuellement au cœur de<br />

toutes les stratégies. En quoi ALU se<br />

distingue-t-il de ses concurrents sur cette<br />

partie ? Dans quelle mesure l’approche<br />

« Green » pèse-t-elle dans le choix de vos<br />

clients ?<br />

<strong>Le</strong>s grandes entreprises d’innovation se doivent<br />

d’investir totalement la problématique<br />

écologique. Et cela passe obligatoirement par la<br />

fourniture de solutions, car la problématique<br />

verte, c’est tout un environnement. Nous<br />

travaillons assez étroitement avec nos clients<br />

pour qu’ils implémentent la problématique de<br />

gouvernance, au sens large, comme critère de<br />

sélection dans leurs appels d’offres. Et une<br />

partie de la gouvernance, c’est le respect de<br />

l’environnement. Pour parler de<br />

l’environnement radio, il y a des solutions de<br />

type logiciel [voir aussi notre dossier Green IT,<br />

p. 36 à 45, NDLR] qui vont gérer et de manière<br />

centralisé et par site la consommation en<br />

fonction des besoins d’énergie à certaines<br />

heures de la journée en fonction du trafic. C’est<br />

une première approche, cela permet de baisser<br />

drastiquement la consommation d’énergie<br />

électrique. Il y a aussi l’alimentation électrique<br />

alternative, avec l’éolien et le photovoltaïque.<br />

Nous expérimentons à Villarceaux une station<br />

radio qui a les deux, et qui est pratiquement<br />

autonome en électricité.<br />

❚ L’éolien et le photovoltaïque, n’est-ce<br />

pas des solutions essentiellement<br />

applicables sur les antennes<br />

plutôt isolées ? Parce que faire<br />

cela à Paris ou à Tokyo, c’est<br />

moins plausible…<br />

Là aussi, l’idée reste d’avoir un<br />

arsenal de solutions pour répondre<br />

à tous les besoins. Pour alimenter<br />

une antenne en photovoltaïque, il<br />

faut de la surface. Cela peut donc<br />

se faire sur les zones peu peuplées<br />

ou dans les pays en voie de<br />

développement. Nous avons fourni<br />

ce type de solutions en Afrique<br />

sub-saharienne. Si on parle de<br />

stations radio dans les zones<br />

denses, il faut travailler aussi sur<br />

les composants, avec des<br />

composants qui demandent moins<br />

d’énergie pour être réfrigérés. Dans les Bells<br />

Labs, nous avons plein de projets. En France,<br />

on fait chaque année un concours<br />

d’entrepreneuriat où les équipes des Bell Labs<br />

proposent des sujets. Il y en plein qui sont liés<br />

à la consommation d’énergie et au green.<br />

Cela va jusque dans les composants. C’est<br />

pour cela que, quand on parle de green dans<br />

les télécoms, cela impacte la gestion<br />

logicielle, la gestion du management du<br />

réseau et les composants.<br />

❚ Certains acteurs de la filière télécoms<br />

(FIEN, FICOME…) militent pour faire entrer<br />

les télécoms dans le plan de relance de<br />

Patrick Devedjian, via une prime à la casse<br />

pour le remplacement des vieux autocoms<br />

(pour passer à l’IP) et un crédit d’impôt<br />

« Petit à petit, sur la radio, nous allons arriver à des<br />

nœuds d’accès capables de traiter énormément de types<br />

de fréquences avec différentes technologies ».<br />

« Avec le développement de<br />

toute la couche applicative à<br />

partir de plates-formes de type<br />

IMS, la stratégie consiste<br />

également à développer les<br />

services et les applications<br />

basés sur de grands piliers de<br />

solutions technologiques (l’IP,<br />

l’optique, le mobile sans fil et le<br />

large bande fixe) ».<br />

pour les investissements dans les<br />

communications unifiées ? Soutenez-vous<br />

ces initiatives ?<br />

Pour moi, la problématique TIC est stratégique<br />

pour la France, la relance doit aussi s’appliquer<br />

sur le monde des TIC. Au travers notamment<br />

d’Alliance TICS, nous soutenons totalement les<br />

propositions autour de quatre sujets de<br />

croissance : le haut débit pour tous, le très haut<br />

débit, la TMP et l’amélioration des<br />

communications d’entreprises et interentreprises,<br />

avec l’implémentation des<br />

solutions IP.<br />

<strong>Le</strong> tissu économique français a besoin de TICS<br />

extrêmement développées et pointues. Je suis<br />

content qu’Alcatel-Lucent France ait la France<br />

comme « terrain de jeu », puisque c’est un des<br />

marchés les plus avancés au monde en termes<br />

de télécommunications.<br />

Je pense qu’il faut maintenir et amplifier cette<br />

avance puisque quand l’économie repartira, le<br />

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