Première livraison - Le Journal Des Télécoms

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14.06.2013 Views

JDT194_Service PM-P28-29 OK AG:Mise en page 1 20/03/2009 17:35 Page 28 Point marché Les opérateurs cherchent à accroître progressivement leurs revenus data en misant sur des offres de services et de contenus de plus en plus complètes. Mais les constructeurs, Apple et Nokia en tête, s’immiscent dans la partie. L’heure est aux négociations. Lors du dernier Mobile World Congress de Barcelone, la bataille des « applications stores » a commencé. Devant le succès rencontré par l’AppStore d’Apple, Microsoft et Nokia ont chacun présenté des platesformes de services très comparables. Microsoft a dévoilé son Windows Marketplace for Mobile et Nokia son Ovi Store, qui sera lancé dès ce mois de mai. Nokia a pu bâtir cette plate-forme progressivement grâce au rachat de neuf sociétés spécialisées chacune dans un domaine différent, comme Oz pour la messagerie mobiles, ou encore Navteq pour la navigation. « Les services que nous lançons vont nous permettre d’être plus proches de nos clients », concède François Bornibus, directeur général de Nokia France, « mais nous travaillons aussi en partenariat avec les opérateurs ». Ainsi, pour la messagerie, qui va permettre aux clients Nokia de disposer du push e-mail, il faudra que les clients prennent une option chez l’opérateur. « Nous avons la possibilité de faire en sorte que les clients nous paient directement, mais ce n’est pas notre stratégie », assure François Bornibus, « nous sommes d’ailleurs déjà en cours de finalisation de partenariats avec certains opérateurs ». En matière de naviga- Le Journal des télécoms N°194 Avril 2009 28 services Hervé Reynaud Opérateurs, constructeurs : services et contenus au secours de l’ARPU tion, tous les terminaux haut de gamme disposeront de cartographies gratuites, mais le service vocal de navigation sera payant. « Là encore, nous construisons des accords avec les opérateurs », dit François Bornibus. Même schéma pour la musique puisque Nokia propose de télécharger des morceaux sur son Nokia Music Store, mais cherche à construire des offres avec les opérateurs, comme l’offre Nokia Comes With Music déjà lancée dans certains pays et qui permet aux acheteurs d’un mobile Nokia de télécharger des titres pendant un an parmi les 5 millions de morceaux de musique que compte désormais le catalogue du constructeur. « Cela permet à certains opérateurs de pouvoir offrir un service sur la musique qu’ils n’ont pas encore aujourd’hui », précise François Bornibus. Même chose pour les jeux : « les opérateurs ont déjà une stratégie sur les jeux, Catherine Le Drogo Ferrari, directrice des offres multimédia mobiles chez Orange « Il y a des équilibres à trouver entre les services de chacun, mais les constructeurs doivent forcément être dans une logique de négociation et de partenariat avec les opérateurs ». Sur le modèle de l’AppStore L’AppStore d’Apple, qui compte plus de 18000 applications, semble tenir le rôle de modèle pour les autres acteurs qui développent un « applications store ». En effet, comme pour l’AppStore, tous les développeurs peuvent déposer leurs applis dans l’Ovi Store de Nokia (des applis Symbian en l’occurrence). 70 % des revenus leurs seront reversés. De son côté, Microsoft appliquera la même rémunération aux développeurs sur son Windows Marketplace for Mobile. RIM s’est un peu démarqué en annonçant 80 % pour son futur BlackBerry AppWorld. Google n’a pas encore donné de précisions pour la boutique d’applications qu’il proposer pour les mobiles Android. Pour le moment, les quelque 1000 applis disponibles sur Androïd Market (la plupart en anglais) sont gratuites. mais ils peuvent aussi intégrer notre plateforme à leur catalogue ». ■ Un équilibre délicat à trouver Nokia est en train de procéder à une négociation opérateur par opérateur pour trouver les meilleures solutions possibles. Le constructeur n’a, semble-t-il, pas d’autre alternative, car les opérateurs n’entendent pas bouleverser leur modèle économique. « Soit l’idée est de faire du revenu supplémentaire ensemble, et nous trouverons facilement un terrain d’entente », estime Thierry Zemmour, directeur des contenus chez SFR, « soit la stratégie de Nokia est de pousser des conte- nus pour fidéliser sa base de clients, et alors ce sera plus compliqué ». En effet, SFR, comme les autres opérateurs, entend conserver ses clients en leur proposant des offres de renouvellement maison. Si Nokia veut avant tout s’assurer du renouvellement sous sa marque, quel que soit l’opérateur, le deal s’annonce difficile. En fait, la seule stratégie qui semble possible consiste à ce que le constructeur conçoive des offres dans lesquelles il réserve des fonctionnalités ou des bénéfices exclusivement aux clients d’un opérateur. Pour couvrir le marché, il faut par conséquent qu’il passe des accords exclusifs avec chaque opérateur, en fonction de leurs spécificités. « Mais si Ovi Store n’a pas en-

JDT194_Service PM-P28-29 OK AG:Mise en page 1 20/03/2009 17:35 Page 29 core véritablement démarré, c’est probablement que Nokia n’a pas encore réussi à trouver de bons partenariats avec les opérateurs », conclut avec malice Thierry Zemmour. « Il y a des équilibres à trouver entre les services de chacun », reconnaît Catherine Le Drogo Ferrari, directrice des offres multimédia mobiles chez Orange, « mais les constructeurs doivent forcément être dans une logique de négociation et de partenariat Thierry Zemmour, directeur des contenus chez SFR « Soit l’idée est de faire du revenu supplémentaire ensemble, et nous trouverons facilement un terrain d’entente, soit la stratégie de Nokia est de pousser des contenus pour fidéliser sa base de clients, et alors ce sera plus compliqué » avec les opérateurs, car nous restons dans tous les cas le « facturier » des clients ». Orange et SFR préfèrent évidemment pousser leurs propres offres de services. Parmi ceux-ci, l’accès aux chaînes de télévision est un vecteur de croissance important. Orange dispose aujourd’hui d’environ 700 000 clients se connectant tous les mois, avec une moyenne de consommation supérieure à 1 h mensuelle pour les clients actifs. « En ce qui concerne la musique, je pense que la logique de boutique a de l’avenir », juge Catherine Le Drogo Ferrari. Orange a lancé l’été dernier Frédéric Ruciak, directeur général adjoint de Bouygues Télécom « Nous ne pensons pas qu’il soit possible de faire grimper les ARPU en rajoutant des tranches de services » une offre de téléchargement illimité sur 500 titres pour 12 € par mois. De son côté, SFR annonce plus de 10 millions de titres téléchargés et 60 % de parts de marché. « La musique reste un moyen de générer de la préférence de marque et de l’attractivité », explique Thierry Zemmour, « notamment au travers du sponsoring de salles de concert, de l’accompagnement de lancements d’album, et de la découverte de jeunes talents ». SFR a aussi lancé le studio SFR en plein Paris, un lieu dans lequell’opérateur fait venir ses meilleurs clients pour assister à des concerts intimistes qui sont également retransmis en direct à destination des mobiles. ■ S’entendre au lieu de s’affronter En ce qui concerne la télévision, SFR annonce 2 millions de clients abonnés et 400 à 500 000 clients actifs mensuels. « En revanche, la VOD reste un marché naissant », explique Thierry Zemmour. Sur le téléchargement de jeux, SFR est le premier opérateur européen avec 2 millions de clients ayant téléchargé au moins une fois un jeu en 2008, pour un total de 5 millions de téléchargements, soit une progression de 34 % en valeur par rapport à 2007. Quant aux services de géolocalisation, l’opérateur dispose aujourd’hui de 100 000 clients abonnés, « sans compter les utilisateurs de Google Maps », ajoute Thierry Zemmour. De son côté, Bouygues Télécom n’a pas la même stratégie de verticalisation de son offre que ses deux concurrents. « Nous ne pensons pas qu’il soit possible de faire grimper les ARPU en rajoutant des tranches de services », estime Frédéric Ruciak, directeur général adjoint. Depuis son origine, Bouygues Télécom s’inscrit dans une logique de partenariat avec les éditeurs de contenus. Aujourd’hui, l’accès à des sites internet à forte notoriété est mis en avant par l’opérateur. « Nous sommes souvent dans le top 3 des opérateurs en ce qui concerne l’usage de Facebook », dit Frédéric Ruciak. Dans ce contexte, l’arrivée de plates-formes de services de constructeurs n’inquiète guerre l’opérateur. « Nous n’avons pas de problème avec Nokia par exemple », résume Frédéric Ruciak, « en revanche, nous serions obligés de discuter si Nokia voulait nous imposer l’achat d’un de ses services ». A suivre. 29 Le Journal des télécoms N°194 Avril 2009

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core véritablement démarré, c’est<br />

probablement que Nokia n’a pas encore<br />

réussi à trouver de bons partenariats avec<br />

les opérateurs », conclut avec malice Thierry<br />

Zemmour.<br />

« Il y a des équilibres à trouver entre les services<br />

de chacun », reconnaît Catherine <strong>Le</strong><br />

Drogo Ferrari, directrice des offres multimédia<br />

mobiles chez Orange, « mais les<br />

constructeurs doivent forcément être dans<br />

une logique de négociation et de partenariat<br />

Thierry Zemmour,<br />

directeur des contenus chez SFR<br />

« Soit l’idée est de faire du revenu<br />

supplémentaire ensemble, et nous<br />

trouverons facilement un terrain<br />

d’entente, soit la stratégie de Nokia<br />

est de pousser des contenus pour<br />

fidéliser sa base de clients, et alors<br />

ce sera plus compliqué »<br />

avec les opérateurs, car nous restons dans<br />

tous les cas le « facturier » des clients ».<br />

Orange et SFR préfèrent évidemment pousser<br />

leurs propres offres de services. Parmi<br />

ceux-ci, l’accès aux chaînes de télévision est<br />

un vecteur de croissance important. Orange<br />

dispose aujourd’hui d’environ 700 000 clients<br />

se connectant tous les mois, avec une<br />

moyenne de consommation supérieure à 1 h<br />

mensuelle pour les clients actifs. « En ce qui<br />

concerne la musique, je pense que la logique<br />

de boutique a de l’avenir », juge Catherine<br />

<strong>Le</strong> Drogo Ferrari. Orange a lancé l’été dernier<br />

Frédéric Ruciak,<br />

directeur général adjoint de Bouygues Télécom<br />

« Nous ne pensons pas<br />

qu’il soit possible de faire<br />

grimper les ARPU en<br />

rajoutant des tranches de<br />

services »<br />

une offre de téléchargement illimité sur 500<br />

titres pour 12 € par mois. De son côté, SFR<br />

annonce plus de 10 millions de titres téléchargés<br />

et 60 % de parts de marché. « La<br />

musique reste un moyen de générer de la<br />

préférence de marque et de l’attractivité »,<br />

explique Thierry Zemmour, « notamment<br />

au travers du sponsoring de<br />

salles de concert, de l’accompagnement<br />

de lancements d’album, et de la<br />

découverte de jeunes talents ». SFR a<br />

aussi lancé le studio SFR en plein<br />

Paris, un lieu dans lequell’opérateur<br />

fait venir<br />

ses meilleurs<br />

clients pour assister à des concerts intimistes<br />

qui sont également retransmis en<br />

direct à destination des mobiles.<br />

■ S’entendre au lieu de<br />

s’affronter<br />

En ce qui concerne la télévision, SFR annonce<br />

2 millions de clients abonnés et 400 à<br />

500 000 clients actifs mensuels. « En revanche,<br />

la VOD reste un marché naissant »,<br />

explique Thierry Zemmour. Sur le téléchargement<br />

de jeux, SFR est le premier opérateur<br />

européen avec 2 millions de clients ayant téléchargé<br />

au moins une fois un jeu en 2008,<br />

pour un total<br />

de 5 millions<br />

de téléchargements,<br />

soit une progression<br />

de<br />

34 % en valeur<br />

par rapport<br />

à 2007.<br />

Quant aux<br />

services de<br />

géolocalisation,<br />

l’opérateur dispose aujourd’hui de<br />

100 000 clients abonnés, « sans compter les<br />

utilisateurs de Google Maps », ajoute Thierry<br />

Zemmour.<br />

De son côté, Bouygues Télécom n’a pas la<br />

même stratégie de verticalisation de son<br />

offre que ses deux concurrents. « Nous ne<br />

pensons pas qu’il soit possible de faire grimper<br />

les ARPU en rajoutant des tranches de<br />

services », estime Frédéric Ruciak, directeur<br />

général adjoint. Depuis son origine,<br />

Bouygues Télécom s’inscrit dans une logique<br />

de partenariat avec les éditeurs de contenus.<br />

Aujourd’hui, l’accès à des<br />

sites internet à forte notoriété<br />

est mis en avant par<br />

l’opérateur. « Nous sommes<br />

souvent dans le top 3 des<br />

opérateurs en ce qui<br />

concerne l’usage de Facebook<br />

», dit Frédéric Ruciak.<br />

Dans ce contexte, l’arrivée<br />

de plates-formes de services<br />

de constructeurs n’inquiète guerre l’opérateur.<br />

« Nous n’avons pas de problème avec<br />

Nokia par exemple », résume Frédéric Ruciak,<br />

« en revanche, nous serions obligés de<br />

discuter si Nokia voulait nous imposer<br />

l’achat d’un de ses services ». A suivre.<br />

29 <strong>Le</strong> <strong>Journal</strong> des télécoms N°194 Avril 2009

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