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Revue celtique - National Library of Scotland

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58 La Poésie populaire en Bretagne.<br />

archéologique, ni la faculté de puiser avec goût dans les Bollandistes ou<br />

le Cartulaire de Landevennec, seulement il tombe ici dans la même pétition<br />

de principe qu'il a déjà commise en citant à chaque instant le Barzaz<br />

comme une autorité classique dans son édition du Dictionnaire de Lego-<br />

nidec. Le titre même de ce livre est une erreur de plus : barzaz (chant<br />

bardique) est un néologisme absolument arbitraire, qui n'est ni breton,<br />

ni gallois, et qui a été fait avec la racine barz, laquelle a existé, puisqu'on<br />

la trouve dans D. Pelletier, mais qui a disparu tout à fait du breton<br />

actuel. La Basse-Bretagne a eu des bardes, il n'y a pas à le contester,<br />

bien que d'ailleurs M. de la Villemarqué ait recours a de singuliers argu-<br />

ments pour prouver la persistance de l'esprit bardique dans les Gaules,<br />

comme quand il transforme en barde une manière de sacristain (aditaus)<br />

à qui Ausone fait observer railleusement qu'il n'a pas ramassé fortune au<br />

service du Dieu Belenus. Le Barzaz Breiz est l'exemple unique d'un<br />

recueil de chants populaires dont le titre soit inintelligible au peuple<br />

chez lequel ces chants ont été recueillis : il est vrai que ce titre a au<br />

moins l'avantage de résumer par un mot la méthode qui a présidé à la<br />

composition du livre.<br />

Les dernières éditions du Barzaz s'ouvrent par un chant bizarre, obs-<br />

cur, qui semble un formulaire d'initiation. Il est intitulé les Séries (ar<br />

Rannou). Un « enfant blanc du Druide » (sic), néophyte aspirant aux<br />

mystères druidiques, s'adresse à un initié, qui lui chante successivement<br />

douze strophes contenant une série de nombres d'un à douze : ces<br />

strophes, qui n'ont ni sens apparent, ni liaison entre elles, forment un<br />

cours mnémonique complet de druidisme. Les voici textuellement :<br />

Tout beau, bel enfant du Druide, tout beau, réponds-moi, tout beau, que<br />

veux-tu que je te chante?<br />

— Chante-moi la série du nombre un jusqu'à ce que je l'apprenne aujour-<br />

d'hui.<br />

— Pas de série pour le nombre un : la nécessité unique: le Trépas, père de<br />

la Douleur : rien avant, rien de plus.<br />

Deux bœufs attelés à une coque: ils tirent, ils vont expirer: voyez la mer-<br />

veille!<br />

11 y a trois parties dans le monde, trois commencements et trois fins, pour<br />

l'homme comme pour le chêne. Trois royaumes de Merlin, pleins de fruits d'or,<br />

de fleurs brillantes et de petits enfants qui rient.<br />

Quatre pierres à aiguiser, pierres à aiguiser de Merlin, qui aiguisent les épées<br />

des braves.<br />

Cinq zones terrestres : cinq âges dans la durée du temps : cinq rochers sur<br />

notre tour.

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