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Revue celtique - National Library of Scotland

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$2 La Poésie populaire en Bretagne.<br />

fié » un petit recueil, Telen Arvor (la harpe d'Armorique), fâcheux essai<br />

dont il vaut mieux ne pas parler par respect pour l'auteur de Marie. Des<br />

recrues de cette valeur étaient rares : l'école était jeune, ardente, hon-<br />

nête et sincère, mais elle manquait d'unité, de direction : elle n'avait pas<br />

de tête, car le laborieux et modeste Legonidec n'avait pas du tout le<br />

tempérament d'un chef d'école. Le succès éclatant, irrésistible du Barzaz<br />

Breiz lui en donna un. Ces chants, recueillis au fond des campagnes,<br />

étaient écrits dans le breton puriste de Legonidec : quelle meilleure<br />

réponse aux critiques défiants qui doutaient qu'une langue aussi bien<br />

conservée se parlât encore au fond de quelques landes de Cornouailles !<br />

A l'exemple du maître, quelques travailleurs se mirent en quête de<br />

chants populaires sur divers points du territoire. Tous furent déçus, car<br />

ils ne recueillirent en fait de guerz historiques que des pièces aussi peu<br />

intéressantes que celles déjà données par M. de Fréminville. Ce maigre<br />

résultat n'ébranla pas un instant leur confiance dans l'authenticité du<br />

Barzas, ils se dirent qu'évidemment le jeune barde de Quimperlé avait<br />

trouvé la veine et l'avait épuisée à lui seul, et ils renoncèrent presque<br />

tous à lutter sur ce terrain avec un trouveur aussi heureux. Legonidec<br />

mourut: M. de la Villemarqué, reconnu par l'école comme son succes-<br />

seur naturel, mit la dernière main au volumineux dictionnaire de son<br />

prédécesseur et en donna une édition accrue d'un très-grand nombre de<br />

citations du Barzaz Breiz. C^était un coup de maître : si ces « exemples n<br />

étaient acceptés sans protestations, le Barzaz passait dans la bibliogra-<br />

phie bretonne à l'état de classique, et le plus autorisé de tous, puisque<br />

tels de ces chants étaient présentés comme contemporains de Jules<br />

César et de Merlin. Le lexique et le recueil des chants populaires allaient<br />

s'appuyer et se prouver l'un l'autre.<br />

III<br />

Cependant, en 1854, la Ri vue des Deux-Mondes publiait sur les littéra-<br />

tures <strong>celtique</strong>s un travail important d'un linguiste déjà célèbre alors,<br />

et parfaitement compétent pour juger la valeur littéraire et historique du<br />

Barzaz^. Prodigue d'éloges mérités sur le premier point, M. Renan se<br />

montrait, sur le second, peu disposé à accepter les commentaires « ingé-<br />

nieux ;> à l'aide desquels M. de la Villemarqué essayait d'établir la haute<br />

antiquité de la plupart de ces chants. Malgré la forme adoucie de la<br />

critique, ce nouveau travail du savant Breton n'obtint pas de la jeune<br />

école philologique de Bretagne l'approbation sympathique qu'il avait<br />

I. <strong>Revue</strong> des Deux-Mondes du i" février 1854. — Cet article a été réimprimé dans<br />

les Essiiis de morale et de littérature de M. Renan.

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