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Revue celtique - National Library of Scotland

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Étymologie du nom de Chaource. 495<br />

analogue au phénomène qui a lieu quand nous prononçons z Vs placé<br />

entre deux voyelles. On peut aussi avec Grimm citer comme analogue<br />

la permutation de 1'^ en z dans plusieurs mots gothiques.<br />

Quant au d de Cadussia il tient lieu, je crois, d'un t primitif. En latin<br />

le / s'est souvent affaibli en d dans l'intérieur des mots (Corssen, Aus-<br />

sprache^, t. I, p. 207). Cet affaiblissement est devenu surtout fréquent<br />

dans les bas temps et dans les langues romanes (Diez, Grammaîik^,<br />

p. 21 1-2 13). Nous disons «coude» de cubitum, «aider» d'adjutare,<br />

« cadenas » de catenatium, « cadeau » de catellum, « cadet » de capi-<br />

tellum (Littré, Dict. de la langue française). Ce d substitué au t par affai-<br />

blissement a fini par disparaître dans un grand nombre de mots : ainsi<br />

à côté de « cadenas » (catenatium) nous avons « chaîne », forme fran-<br />

çaise du latin catena. De même le d bas latin de Cadussia (pour Catussia)<br />

n'a pas été conservé dans le français « Chaource ».<br />

Catussia, nom primitif de Chaource, paraît dérivé de Catussa, nom<br />

d'homme gaulois conservé par une inscription de Lyon qui porte dans<br />

le recueil d'Orelli le n° 4803<br />

(t. II. p. 339. Cf. Gr. C.^, p. 764, 786).<br />

Pompeius Catussa était un citoyen de Besançon, civis sequanus.<br />

Catu-ssa est dérivé du thème caîu au moyen du suffixe -ssa. Il y a<br />

de ce suffixe plusieurs exemples d'origine gauloise {Gr. C.^, p. 786).<br />

Ce suffixe nous est <strong>of</strong>fert par les anciennes langues de l'Italie dans les<br />

formes -essa, -osso, -issa (Corssen, Krit. Beitrsge, p. 479-48$), dont la<br />

dernière se trouve en grec (Régnier, Traité de la formation des mots de<br />

la langue grecque, p. 238), dans les langues romanes (Diez, Gramm.'^,<br />

p. 238) et dans les langues néo-<strong>celtique</strong>s (G. C.^, p. 788, 833). On<br />

a proposé de l'expliquer par un primitif -;z?w, c'est-à-dire par un par-<br />

ticipe présent suivi du suffixe -ia. Le t suivi d'/ se serait changé en<br />

s ; Vi se serait assimilé à 1'^, phénomène identique à celui qui s'est pro-<br />

duit dans les verbes grecs en -ssto, issus de racines qui finissent par<br />

un -. Puis Vn, étant suivi d's, aurait été supprimé. Le nom propre<br />

d'homme gaulois Catussa = Catu-ntia.<br />

C'est le système proposé par M. Corssen dans ses Kritische Beitmge<br />

et maintenu par lui dans la seconde édition de son savant traité de la<br />

prononciation latine, Aussprache, t. I, p. 62. Mais ce système présente<br />

en latin une difficulté : c'est que, comme M. Corssen lui-même Va établi,<br />

l'assibilation du t suivi d'/ et d'une autre voyelle ne commence à se pro-<br />

duire en latin qu'au iV siècle après notre ère [Aussprache^, t. I, p. 64).<br />

Il peut donc sembler plus rationnel d'expliquer la désinence -sso -ssa par<br />

la variante indoeuropéenne -vans du suffixe indoeuropéen varit qui sert à<br />

former des participes parfaits actifs. C'est l'opinion de Schleicher [Com-

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