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Revue celtique - National Library of Scotland

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Bibliographie. 267<br />

« du breton du x"" siècle absolument conforme au nôtre » (p. 1 2I. Il ne<br />

connaît guère mieux l'histoire de la langue française. Il se refuse à<br />

admettre que le latin fût devenu la langue commune des Gaules à<br />

l'époque de l'invasion des Francs, « parce que le latin n'est et ne peut<br />

être que la langue des aristocraties de l'intelligence et ne fut jamais<br />

langue vulgaire, même à Rome. » (P. 10, voy. aussi p. 45.) Le breton<br />

n'est pas seulement à ses yeux une langue de la famille <strong>celtique</strong> comme<br />

le gaulois, c'est le gaulois lui-même, et ce gaulois a donné naissance au<br />

français, en perdant, vers le xi^ siècle, les terminaisons latines dont<br />

l'influence des lettrés l'avait affublé (p. 42). Il se moque fort bien des<br />

étymologies dedom Le Pelletier dont il cite (p. 40) d'amusants exemples;<br />

mais il se laisse à son tour emporter bien loin par ses illusions. Après<br />

avoir cité le subst. plur. raneou = radotages, niaiseries et le verbe ranea<br />

= radoter, « dire des riens », il ajoute : « Les étymologistes français<br />

ne voudront pas voir là l'origine du mot rien », et il raille « leur puérile<br />

répugnance pour les étymologies bretonnes» (p. ici, s. v. rien).<br />

M. Roudaut oublie que rien (=^ rem) voulait dire chose dans le vieux fran-<br />

jçais : « // l'aima sur tonte rien. » Il rapproche le mot memez, qui n'est<br />

•autre chose que le français même (v. fr. mesme, esp. mismo, ital. mede-<br />

''simo = metipsissimus) tantôt de b[j.iç, avec un m initial ajouté, tantôt de<br />

^\).i[i:r^cnq. Et plus loin : « l'article (breton) er (ar) = le, en hongrois (!)<br />

est devenu der. Non-seulement l'auteur confond ici l'allemand avec le<br />

hongrois qui a pour article a ou az [az ember =: l'homme, a haza = la<br />

patrie), mais il paraît ignorer que ar est en breton une altération relati-<br />

vement fort récente de ann ou an. Ces exemples qu'il serait malheureu-<br />

sement facile de multiplier, suffisent, et au-delà, pour montrer jusqu'où<br />

peuvent s'égarer des hommes instruits, des esprits distingués qui veulent<br />

entreprendre d'analyser les éléments constitutifs d'une langue sans<br />

en étudier l'histoire, comparée avec celle des idiomes de la même famille<br />

et sans se mettre au courant de l'état actuel de la science. Si les livres<br />

leur font défaut ou si les longues et arides études nécessaires pour en tirer<br />

Darti les rebutent, ils peuvent faire de leurs loisirs un emploi non moins<br />

loble, non moins utile à la science et à leurs compatriotes. M. Roudaut<br />

"endrait de grands services aux celtistes en général et aux écrivains bre-<br />

tons en particulier s'il voulait bien travailler à leur donner une syntaxe<br />

pratique un peu développée de la langue bretonne ; s'il continuait de re-<br />

:ueillir, pour un futur supplément, — dégagé cette fois de commentaires<br />

étymologiques, — des expressions puisées à la source populaire, et les<br />

nets oubliés par les lexicographes ; si enfin, mettant à pr<strong>of</strong>it le sens très-<br />

uste qu'il a des ressources et des délicatesses de la langue actuellement

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