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Revue celtique - National Library of Scotland

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68 La Poésie populaire en Bretagne.<br />

le vide dans la campagne, pendant que des aigles noirs et des aigles<br />

gris se battaient dans la plaine. M. de la Borderie admettait sans hésita-<br />

tion l'antiquité de ce chant, passé, selon lui, du gaulois dans le breton :<br />

il y<br />

lisait couramment l'histoire de la fiscalité romaine, des guerres<br />

civiles pour l'Empire, des invasions barbares : il voyait dans Ahès<br />

une figure allégorique et faisait à ce sujet un rapprochement émouvant<br />

avec la Marianne des carriers socialistes de Maine-et-Loire. Ce chant<br />

confirmait tellement sa thèse, qu'il n'avait qu'une crainte, c'était d'être<br />

soupçonné de l'avoir fabriqué pour les besoins de la cause. M. de la<br />

Borderie avait tort de s'inquiéter : nul ne le soupçonnera d'inventer des<br />

textes, et d'ailleurs le « coupable « est connu. Cette pièce sort de la<br />

collection Penguern, et l'auteur est M. K. désigné plus haut.<br />

Ainsi, pour me résumer, le mouvement philologique breton a inspiré<br />

des œuvres qu'on peut ranger en deux catégories distinctes, celles qu'on<br />

a faites en cette langue et celles qu'on a faites sur d\e, en d'autres<br />

termes, les travaux purement littéraires et les choses d'érudition. Cette<br />

dernière classe est nécessairement la plus faible des deux. Outre que le<br />

patriotisme ardent et souvent chimérique des Celtes s'accommode mal de<br />

la froide rigueur que l'érudition contemporaine a empruntée aux sciences<br />

d'observation, nos celtistes provinciaux, éloignés des grands centres où<br />

ils pourraient se mettre au courant des progrès inou'is que la philologie cel-<br />

tique a faits depuis trente ans à l'étranger, aiment mieux se tirer d'affaire<br />

par le dédain. Vous rencontrerez des gens qui vous diront sérieusement<br />

que Zeuss et Pictet, ne parlant pas le breton, n'ont pas eu qualité pour en<br />

traiter. Les excentricités de la vieille école <strong>celtique</strong>, — celtica negaîa,<br />

negatur orbis, — se manifestent encore de temps à autre. A un récent<br />

congrès gallois (eisteddfod), un orateur bas-breton est venu déclarer qu'on<br />

parle breton en Perse, et que sans savoir un mot de persan, il causait<br />

couramment avec les marchandes de légumes de Téhéran. Ce n'est là<br />

qu'un cas isolé : mais il n'en est pas moins vrai que les études <strong>celtique</strong>s<br />

n'existent pas en Bretagne, et que MM. Gaidoz et d'Arbois de Jubain-<br />

ville, qui représentent dignement dans ces études la philologie française<br />

en face de l'Allemagne, sont tous deux étrangers au sol armoricain.<br />

Si les œuvres érudites font un peu défaut, le contingent littéraire est<br />

abondant. Autour du drapeau de Legonidec relevé par M. de la Ville-<br />

marqué s'est groupé un essaim de chauds patriotes, jeunes pour la plu-<br />

part, qui ont pris pour mot d'ordre l'épuration de la langue et essayé

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