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Revue celtique - National Library of Scotland

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Aubrays, mort en 165 1 . De<br />

La Poésie populaire en Bretagne. 65<br />

Lezobrè on a tiré Lezbreiz en faisant quelque<br />

peu violence à la langue, et plus tard, quand on a retrouvé les textes<br />

originaux, M. de la Villemarqué a de nouveau affirmé l'origine carolin<br />

gienne de sa version de Lezbreiz, en ajoutant que le peuple ayant perdu,<br />

le souvenir du héros primitif, avait fini par appliquer l'ancien chant<br />

au Des Aubrays du temps de Louis XIV. Bien mieux, il pense que Lez-<br />

breiz, devenu universellement populaire en Bretagne, aura passé chez<br />

les Gallois et sera devenu le prototype du conte de Peredur dans le<br />

cycle de la Table-Ronde. La critique est absolument déroutée par de<br />

semblables assertions, qui sont répétées pour toutes les pièces antérieures<br />

à l'époque de la Ligue.<br />

Le connétable Duguesclin a joué un rôle trop brillant dans notre<br />

histoire pour ne pas avoir une place dans le Barzaz. En 1 363, il était à<br />

Guingamp, et sur les instances des bourgeois du lieu que molestaient<br />

des Anglais, maîtres des châteaux de Trog<strong>of</strong>ï et de Pestivien, il attaqua<br />

et rasa ces deux nids de routiers. De là deux pièces du livre, le Vassal<br />

de Duguesclin et la Sœur de lait, dont les versions réelles, publiées récem-<br />

ment dans la collection Luzel, n'ont rien de l'éclat emprunté qu'elles<br />

revêtent dans le Barzaz. Le noble sire Jean de Pontorson, vassal du con-<br />

nétable, y devient un petit marchand de Rouen, Jeannot-le-Bon-Garçon,<br />

volé dans une auberge de Rohan en allant à une foire et le routier anglais<br />

Rogerson de M. de la Villemarqué est un certain sire de Rosmelchon qui<br />

se lève matin pour aller guetter les jeunes paysannes sur les routes. Je<br />

connais un chant inédit, le Suisse, qui a passé par les mêmes modifica-<br />

tions. Il s'agit de paysans cupides qui vendent leur sœur a un gros<br />

Suisse (probablement un chef de lansquenets de l'armée royale au temps<br />

de la Ligue). Ce Suisse est transformé dans le Barzaz en un baron de<br />

Jauioz, noble gascon du xiv« siècle, que M. de la Villemarqué suppose<br />

arbitrairement avoir voyagé en Bretagne. La version véritable a deux<br />

traits que l'on s'est bien gardé de conserver dans l'autre. « Le grand<br />

Suisse est au coin du feu, gros comme trois hommes ordinaires : com-<br />

ment dormir avec un pareil monstre! » La captive voit passer des<br />

hirondelles et les charge d'un message pour sa famille, (f excepté pour<br />

mon frère Louis, ce brigand qui m'a vendue au Suisse ! » Dans le Bar-<br />

zaz, elle pardonne à son frère Louis, une vraie fin de romance. L'autre<br />

version, la vraie, est plus naturelle, elle est plus bretonne surtout. Ce<br />

système de rajustement est dangereux, car si on l'admet une fois, il<br />

sera difficile d'établir la limite où il doit s'arrêter. Je remarque par<br />

exemple, que plusieurs chants du Barzaz ont été remontés de plusieurs<br />

siècles au moyen d'un très-léger changement, consistant à remplacer des<br />

Rev. Celt. Il<br />

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