JE ME SOUVIENDRAI 2012 Mouvement social au ... - La boîte à bulles
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— Exactement, Marie-Bio ! Pis avant ça,<br />
il était <strong>à</strong> Québec. Pour revenir <strong>au</strong>x carrés<br />
rouges, il y avait trois associations étu-<br />
diantes ; la FECQ dirigée par Léo Bure<strong>au</strong>-<br />
Blouin, la FEUQ dirigée par Martine<br />
Desjardins et la CLASSE dirigée par<br />
Gabriel Nade<strong>au</strong>-Dubois.<br />
— Le président de la Caisse de dépôt ?<br />
— C’est bien cela.<br />
— Il est mûr pour sa retraite bientôt.<br />
— Ça approche, l’âge de la retraite est<br />
maintenant <strong>à</strong> 89 ans. Donc, la CLASSE<br />
était le mouvement le plus radical et les<br />
manifestations sont devenues de plus en<br />
plus viriles. <strong>La</strong> police ne donnait pas sa<br />
place non plus. <strong>La</strong> situation a viré en chaos.<br />
— <strong>La</strong> ministre a donc accepté de négocier ?<br />
— Pas tout <strong>à</strong> fait. Madame Be<strong>au</strong>champ<br />
était prête <strong>à</strong> rencontrer les leaders étu-<br />
diants seulement s’ils condamnaient les<br />
actes de violence. Gabriel Nade<strong>au</strong>-Dubois<br />
n’a pas voulu, donc la ministre les a fait<br />
sécher.<br />
— Je ne comprends pas. <strong>La</strong> semaine<br />
dernière, quand vous nous avez raconté la<br />
crise du Camembert...<br />
— Non, Marie-Bio, pas la crise<br />
du Camembert, la crise d’Oka.<br />
— Oui, c’est ça ! Vous nous avez bien dit<br />
que le gouvernement libéral avait accepté<br />
de négocier avec des Mohawks en cagoule,<br />
armés. Et l<strong>à</strong>, ils ne voulaient pas négocier<br />
avec un sosie de Tintin, parce qu’il<br />
ne condamnait pas la violence. Ce n’est<br />
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pas juste. Me semble que c’est plus pédagogique<br />
de le rencontrer et de lui prouver<br />
que le dialogue est plus puissant que la<br />
violence.<br />
— Marie-Bio, tu ferais une excellente<br />
ministre dans le gouvernement de notre<br />
premier ministre Nelson Dion-Angélil.<br />
— Comment ça s’est terminé, la révolte<br />
des cônes orange ?<br />
— Les cônes orange, c’est une <strong>au</strong>tre affaire,<br />
ne te mêle pas dans tes formes et dans tes<br />
couleurs !<br />
— Désolée, comment s’est finie la crise des<br />
carrés rouges ?<br />
— On ne le sait pas, parce qu’<strong>au</strong> bout<br />
d’environ 90 jours, le Canadien de<br />
Montréal a nommé son nouve<strong>au</strong> directeur<br />
général, pis les journ<strong>au</strong>x n’ont plus<br />
parlé du conflit étudiant. Aucune trace.<br />
Nulle part, ni sur le web ni sur la vieille<br />
affaire qui s’appelait du papier.<br />
— Aaah, dommage.<br />
— Bon, le cours est fini. Bonne journée,<br />
Marie-Bio !<br />
— Vous <strong>au</strong>ssi !»<br />
Vous vous demandez sûrement pourquoi,<br />
pendant le cours, le professeur n’a échangé<br />
qu’avec l’élève nommée Marie-Bio ? Parce<br />
qu’elle est la seule élève inscrite <strong>à</strong> son cours,<br />
car les droits de scolarité ont continué de<br />
monter jusqu’en 2072.<br />
Je dédie cette humble chronique <strong>au</strong> grand Serge Grenier qui aimait bien, parfois, projeter<br />
notre société dans le temps. Paix <strong>à</strong> son âme. J’espère que l’éternité est <strong>au</strong>ssi drôle que lui.<br />
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