JE ME SOUVIENDRAI 2012 Mouvement social au ... - La boîte à bulles

203
Banane rebelle au cœur du danger
Gabriel Marcoux-Chabot alias la Banane Rebelle
5 juin 2012 - Alors que la ville de
Québec devient le théâtre d’arrestations
plus massives les unes que les autres,
Banane Rebelle publie cette entrevue
exclusive réalisée la semaine dernière avec
un de ceux sans qui les manifestations ne
seraient que de vastes et bienheureuses
festivités déambulatoires, de joyeuses et
inoffensives cacophonies carnavalesques,
pacifiques et populaires. Un de ceux par
qui la paix sociale est sans cesse troublée,
un extrémiste en son genre, un casseur par
excellence : un policier du SPVQ.
Fred (nous l’appellerons ainsi afin de lui
attirer un minimum de sympathie) a 32
ans, une femme, deux enfants, une maison
en banlieue, une tondeuse, un char
et des paiements. Patrouilleur pour le
SPVQ depuis 9 ans, il alterne sans grand
enthousiasme les shifts de jour, de soir et
de nuit. Il participait le 28 mai dernier à sa
première arrestation massive et s’en câlisse
un peu, comme il se câlisse d’ailleurs de
pas mal de choses.
C’est ce que vous aurez l’occasion de
découvrir dans cette entrevue exclusive
que Fred a accordé à Banane Rebelle lors
d’un périple en autobus qui devait les
conduire de l’édifice de la Banque nationale,
où ils se sont rencontrés, jusqu’au fin
fond du cul de Charlesbourg, où le fruit géant
a été vulgairement abandonné dans un
stationnement.
Les mains menottées de votre sympathique
héros fruité compliquant sérieusement la
prise de notes, il est à noter que l’entretien
a été retranscrit de mémoire. De plus,
inspiré par l’approche pour le moins innovante
du Journal de Montréal, Banane
Rebelle s’est permis de présenter sous
forme d’entrevue suivie ce qui ne constituait
au départ qu’une vague esquisse de
conversation entre deux individus plus
ou moins heureux de se rencontrer. Mais
considérant l’état du journalisme contemporain,
cela ne devrait pas trop détonner
dans le paysage médiatique actuel.
Banane Rebelle (d’une voix calme et mâle) :
Dites-moi, mon brave, n’avez-vous pas
honte de ce que vous faites ?
Fred (sur la défensive) : Honte de quoi ?
As-tu été brutalisé ? Y en as-tu un ici qui a
été brutalisé ?
204