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cela nous conduit immédiatement au chant de<br />

consolation du deuxième thème, écrit – ce qui est<br />

tout à fait inhabituel pour des mouvements de sonate<br />

en La mineur – dans la tonalité “Claire” de Mi<br />

majeur au lieu de cel<strong>le</strong> de Do majeur comme on<br />

pourrait s’y attendre. On revient au tragique, <strong>le</strong><br />

motif « non confundar » remportant fina<strong>le</strong>ment “la<br />

victoire” et <strong>le</strong> premier mouvement se termine riche<br />

de promesses, dans la tonalité de La majeur.<br />

il existe des œuvres de Schubert (la Sonate en<br />

Mi mineur, D 566) ou de Mozart (<strong>le</strong> Quatuor<br />

avec piano en Sol mineur, K 478) dans <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s la<br />

tension retombe après un premier mouvement sérieux<br />

pour donner suite à une musique idyllique et<br />

enjouée. il n’en est pas ainsi de cette Sonate en La<br />

mineur : <strong>le</strong> chant printanier du deuxième mouvement,<br />

une mélodie intime en Fa majeur, est sans<br />

cesse interrompu par un motif ppp lugubre comme<br />

<strong>le</strong> souff<strong>le</strong> glacial de la mort. On en arrive ainsi rapidement<br />

à d’étranges harmonies, avant tout à cet<br />

accord de neuvième caractéristique de Brahms, revenant<br />

de façon obsessionnel<strong>le</strong>, une harmonie que<br />

Schubert n’a plus jamais réutilisée par la suite. Après<br />

un hymne p<strong>le</strong>in d’élan, suit la « mélodie printanière<br />

» dans <strong>le</strong> registre grave de l’instrument – et<br />

comme entonnée par un chœur d’hommes – mélodie<br />

sur laquel<strong>le</strong> plane « la voix d’un violon » suggérant<br />

<strong>le</strong> chant idéalisé d’un oiseau. Après cette brève<br />

idyl<strong>le</strong>, l’environnement psychologique s’assombrit :<br />

des tril<strong>le</strong>s de rossignol viennent s’imprimer sur <strong>le</strong><br />

lugubre accord de neuvième, ensuite et pour la dernière<br />

fois, on entend <strong>le</strong> thème mélodique comme<br />

venant du lointain. La résignation…<br />

Le troisième mouvement nous replonge dans <strong>le</strong><br />

89 English Français Deutsch Italiano<br />

sombre climat du début de la Sonate : un motif de<br />

trio<strong>le</strong>ts mélancoliques en imitation canonique –<br />

une idée que Smetana a reprise quasiment “à la <strong>le</strong>tter”<br />

dans son poème symphonique Vltava (Moldau)<br />

– forme une délicate introduction à ce mouvement.<br />

On dirait des flocons de neige tombant sur un paysage<br />

printanier pour enterrer la floraison (Edwin<br />

Fischer). De même que dans <strong>le</strong> premier mouvement,<br />

on assiste à des intensifications orchestra<strong>le</strong>s grandioses,<br />

mais plus d’hymne enthousiaste, plus de<br />

consolation… Le thème mélodique constitué par<br />

une suite de sanglots accompagnés par une sorte de<br />

danse à la Chopin, a judicieusement été qualifié de<br />

« bercement de la mort ».<br />

Dans la Sonate en La mineur, D 537,<br />

Schubert avait déjà écrit un thème secondaire<br />

mélancolique semblab<strong>le</strong> : ce qui est caractéristique,<br />

c’est l’emploi de la sixte mineure associée à l’accord<br />

parfait majeur, – sorte de “mineur-majeur” – exprimant<br />

une pro-fonde résignation et qui reviendra<br />

encore à deux reprises. Cependant <strong>le</strong>s trio<strong>le</strong>ts<br />

du début et qui terminent <strong>le</strong> mouvement fortissimo,<br />

conservent <strong>le</strong> dernier mot : la douceur des<br />

flocons s’est transformée en ouragan.<br />

Quel audacieux pari que cet autoportrait : « <strong>le</strong><br />

nain se révè<strong>le</strong> être un géant » ! il est d’ail<strong>le</strong>urs étonnant<br />

de constater que, comme Schubert, la plupart<br />

des “géants spirituals” (Kant, Goethe, Mozart,<br />

Beet-hoven, Brahms, Bruckner et Ravel) étaient de<br />

petite tail<strong>le</strong>. Tout se passe comme si <strong>le</strong>ur cerveau<br />

avait, en quelque sorte, absorbé <strong>le</strong>ur faculté de développement<br />

physique. Œuvre « dépouillée » cette<br />

Sonate, certes, mais en aucun cas dépourvue de<br />

sens artistique, bien au contraire : il s’agit en fait de

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