Télécharger le livret - Outhere
Télécharger le livret - Outhere
Télécharger le livret - Outhere
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
Etait-ce là l’intention de Schubert ? Dans la Sonate<br />
en Si majeur, <strong>le</strong> Scherzo était aussi, à l’origine, situé<br />
en troisième position et ne fut inséré comme<br />
second mouvement que dans sa version définitive.<br />
Dans la Sonate en Fa mineur, une tel<strong>le</strong> modification<br />
était aisément concevab<strong>le</strong>, compte tenu du fait<br />
qu’après <strong>le</strong> premier mouvement, relativement serein,<br />
<strong>le</strong> fougueux Scherzo convient bien plus au principe<br />
dia<strong>le</strong>ctique de la forme sonate que l’Adagio au dérou<strong>le</strong>ment<br />
serein. Ce dernier à son tour contribue à créer<br />
un heureux contraste au dernier mouvement qui est,<br />
lui, d’une extrême animation. Le surprenant début<br />
du Scherzo en Mi majeur, se justifie cependant après<br />
la fin en Fa mineur du premier mouvement sur <strong>le</strong><br />
plan du motif, car ses notes initia<strong>le</strong>s répétées sol<br />
dièze reprennent par enharmonie <strong>le</strong>s notes fina<strong>le</strong>s<br />
(la bémol) précédentes.<br />
il reste encore à mentionner que <strong>le</strong> premier mouvement<br />
de cette Sonate est inachevé et que Schubert<br />
– de même que pour des Sonates antérieures – a<br />
cessé d’écrire au début de la réexposition. Ceci est<br />
sûrement motivé par <strong>le</strong> fait que, pour Schubert, la<br />
réexposition d’un mouvement de sonate correspondait<br />
dans sa forme presque exactement à son exposition<br />
: c’est pourquoi coucher cette réexposition sur<br />
<strong>le</strong> papier revenait à exécuter un processus quasiment<br />
mécanique dont il faisait souvent l’économie en reportant<br />
cette tâche à une date ultérieure, à une éventuel<strong>le</strong><br />
impression de l’œuvre par exemp<strong>le</strong>. De même<br />
que pour d’autres sonates de jeunesse, j’ai éga<strong>le</strong>ment<br />
ici complété la fin du premier mouvement de sorte<br />
que seu<strong>le</strong> la modulation vers <strong>le</strong> thème secondaire, par<br />
rapport à ce qu’el<strong>le</strong> est dans l’exposition, a été modifiée<br />
pour revenir par une brève coda (analogue à la<br />
86<br />
Sonate en La mineur, D 537, opus 164) à la tonalité<br />
mineure. La Sonate en Si majeur, D 575<br />
(opus 147), dont est conservé un fragment semblab<strong>le</strong>,<br />
interrompu avant la réexposition, m’a servi de<br />
modè<strong>le</strong> : cette Sonate existe éga<strong>le</strong>ment dans la version<br />
achevée ultérieurement par Schubert.<br />
Le mouvement final est dominé par l’opposition<br />
entre <strong>le</strong> thème principal “sombre” et agité et<br />
<strong>le</strong> thème secondaire “lumineux” en forme de choral<br />
s’é<strong>le</strong>vant dans une exaltation suprême. Dans <strong>le</strong><br />
développement, qui commence par une modulation<br />
abrupte en La bémol mineur – contre toute<br />
attente – apparaît un nouveau thème chantant et<br />
fervent, d’abord en Si majeur, mais peu à peu tiré<br />
vers <strong>le</strong> domaine de la tonalité mineure du thème<br />
principal pour enfin s’évanouir. Après la réexposition<br />
dans laquel<strong>le</strong> <strong>le</strong> thème principal est enrichi de<br />
contrechants contrapuntiques, une brève coda<br />
termine <strong>le</strong> mouvement et la Sonate qui, de façon<br />
surprenante, s’achève sur une citation du thème<br />
secondaire en Fa majeur – non comme une délivrance,<br />
mais plutôt comme une résignation.<br />
Le dépassement de l’étendue des instruments<br />
de l’époque conditionnait l’emploi d’un instrument<br />
“futuriste” approprié. J’ai donc choisi, pour<br />
<strong>le</strong> présent enregistrement, un Hammerflügel viennois<br />
de J.M. Schweighofer (ca. 1846), plusieurs<br />
fois primé, qui compte parmi <strong>le</strong>s plus anciens instruments<br />
à clavier viennois pouvant atteindre <strong>le</strong><br />
la 4 . Cet instrument est éga<strong>le</strong>ment fort bien adapté<br />
à la restitution de la Sonate en Ut mineur, D<br />
958, dont l’extrême dynamique, franchement explosive,<br />
dépasse pratiquement <strong>le</strong>s possibilités des<br />
pianos existant à l’époque de Schubert.