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Schubert, n’a pas une seu<strong>le</strong> fois utilisé cette note.<br />

Schubert, on <strong>le</strong> sait, composait à sa tab<strong>le</strong> de travail.<br />

Peut-être n’était-il même pas conscient de ce “dépassement<br />

de limite” (ou bien avait-il l’espoir de<br />

voir <strong>le</strong>s facteurs de piano étendre l’ambitus de<br />

<strong>le</strong>urs instruments dans un proche avenir).<br />

Pourtant dans ses œuvres de clavier postérieures,<br />

il respecta <strong>le</strong> fa aigu comme la note la plus é<strong>le</strong>vée<br />

compatib<strong>le</strong> avec l’étendue des pianos viennois.<br />

Ce dépassement de l’ambitus admissib<strong>le</strong> est<br />

symptomatique d’une ambition stylistique résolument<br />

révolutionnaire. Cel<strong>le</strong>-ci se caractérise par la<br />

virtuosité, l’étendue de la position des mains et une<br />

“modulation illimitée” dans <strong>le</strong>s tonalités <strong>le</strong>s plus<br />

éloignées, renforcée d’effets chromatiques et enharmoniques.<br />

Simultanément, la forme devient plus<br />

rigoureuse, plus concise, <strong>le</strong> travail s’effectuant par<br />

l’utilisation de rapports de “<strong>le</strong>itmotiv” entre <strong>le</strong>s sections<br />

des mouvements. C’est ainsi que <strong>le</strong> thème secondaire<br />

du premier mouvement est développé à<br />

partir du motif de tril<strong>le</strong> du thème principal et, dans<br />

<strong>le</strong> Scherzo, c’est <strong>le</strong> motif conclusif qui sert d’embryon<br />

mélodique au Trio. Mais avant tout, <strong>le</strong> contenu émotionnel<br />

est d’un romantisme tel qu’on a parfois tendance<br />

à se croire transporté dans l’univers musical<br />

de Chopin. Le “fougueux” Scherzo, et davantage<br />

encore l’inquiétant début à l’unisson du fina<strong>le</strong>, font<br />

l’effet d’un pressentiment de la Sonate en Si bémol<br />

mineur, opus 35, de Chopin, dont <strong>le</strong> dernier mouvement<br />

commence d’ail<strong>le</strong>urs par la même note fa. Pour<br />

un peu, on croirait que Chopin connaissait cette<br />

Sonate de Schubert, ce qui ne paraît cependant<br />

guère possib<strong>le</strong>, sa première impression se situant en<br />

1897, soit 48 ans après la mort de Chopin.<br />

85 English Français Deutsch Italiano<br />

Vraisemblab<strong>le</strong>ment Schubert avait-il pressenti certains<br />

développements dont l’accomplissement interviendrait<br />

tôt ou tard. Mais son époque n’était pas<br />

encore mûre pour cela. C’est probab<strong>le</strong>ment la raison<br />

pour laquel<strong>le</strong> Schubert n’a pas, tout d’abord, poursuivi<br />

dans cette voie, trouvant peu de temps après <strong>le</strong><br />

sty<strong>le</strong> de sonate épique-dramatique personnel que<br />

nous connaissons. C’est seu<strong>le</strong>ment l’année de sa<br />

mort, 1828, qu’avec <strong>le</strong> lugubre fragment de<br />

Symphonie en Ré majeur récemment découvert<br />

s’ouvrait une nouvel<strong>le</strong> voie, qui sans doute eût récolté<br />

<strong>le</strong>s fruits de l’année 1818…<br />

Mais revenons à la Sonate en Fa mineur.<br />

D’un autre point de vue encore, cel<strong>le</strong>-ci préfigure<br />

<strong>le</strong>s particularités stylistiques de Chopin : dans <strong>le</strong><br />

fina<strong>le</strong> apparaît <strong>le</strong> thème secondaire hymnique,<br />

d’abord dans la “fauste” tonalité de Fa majeur,<br />

pour n’être cité que dans la réexposition dans <strong>le</strong><br />

ton relatif de La bémol majeur qui, à cet endroit, ne<br />

paraît pas “convenir”. On retrouve la même déviation<br />

du schéma classique de modulation dans <strong>le</strong><br />

Concerto en Mi mineur de Chopin !<br />

Seul <strong>le</strong> charmant et tendre Adagio avec son début<br />

diatonique et ses courbes mélodiques en forme de<br />

Lied, possède <strong>le</strong> caractère familier schubertien.<br />

Curieusement, cet Adagio avait d’abord été imprimé<br />

en 1897 en tant que pièce individuel<strong>le</strong>. C’est seu<strong>le</strong>ment<br />

en notre sièc<strong>le</strong> que l’éminent chercheur schubertien<br />

O.E. Deutsch découvrit un catalogue<br />

d’œuvres inédites, constitué après la mort de<br />

Schubert par son frère Ferdinand et dans <strong>le</strong>quel<br />

étaient notés <strong>le</strong>s incipit des quatre mouvements de<br />

cette Sonate, dont il n’existe qu’une seu<strong>le</strong> copie. il est<br />

vrai que l’Adagio y était situé en seconde position.

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