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ses croches. Dès l’exposition du premier mouvement,<br />

des enchaînements harmoniques inusités<br />

éveil<strong>le</strong>nt l’attention. Le développement qui suit est<br />

tout simp<strong>le</strong>ment magistral. il ne travail<strong>le</strong> qu’à partir<br />

d’un “motif de chant d’oiseau” caractéristique<br />

que l’on avait entendu juste après <strong>le</strong> thème initial,<br />

à qui il apporte un éclairage harmonique sans<br />

cesse renouvelé. Ce glissement vers des tonalités<br />

éloignées se fait apparemment sans effort, comme<br />

en rêve : un secret essentiel de la créativité de<br />

Schubert. Une sonate apparemment “mozartienne”<br />

comme cel<strong>le</strong>-ci n’est donc en rien une<br />

preuve d’éc<strong>le</strong>ctisme, mais révè<strong>le</strong>, dès <strong>le</strong>s jeunes<br />

années de Schubert, l’indépendance du génie.<br />

Le point névralgique de la Sonate est cependant<br />

<strong>le</strong> deuxième mouvement, Andante – allant – mais<br />

sans aucune <strong>le</strong>nteur. Au début, on croit entendre<br />

deux cors avec <strong>le</strong>urs quintes typiques : quelque<br />

chose de si familier qu’on se croirait dans une symphonie<br />

de Haydn ou de Mozart. Et pourtant l’invention<br />

est toute schubertienne : <strong>le</strong>s périodes sont<br />

irrégulières, complètement aconventionnel<strong>le</strong>s.<br />

Dès <strong>le</strong> début, on a une phrase de cinq mesures,<br />

puis, après quatre mesures, des phrases de 5, 6, 7<br />

et 9 mesures, tout cela combiné avec une écriture<br />

harmonique très prolixe, mais qui retrouve toujours<br />

avec une sûreté infaillib<strong>le</strong> <strong>le</strong> ton principal de<br />

Mi bémol majeur. Dans la partie centra<strong>le</strong> en mineur,<br />

un petit orage éclate. On entre dans <strong>le</strong>s domaines<br />

obscurs et exaltés du sentiment, puis <strong>le</strong>s<br />

apparitions finissent par se dissiper : après <strong>le</strong> ra<strong>le</strong>ntissement<br />

d’un diminuendo, <strong>le</strong> thème initial<br />

revient dans sa sérénité, mais cette fois une octave<br />

plus bas qu’au début, assombri. L’explosion pas-<br />

74<br />

sionnée de l’orage a laissé des traces. Puis la joie<br />

sereine s’impose peu à peu, bien que mélangée<br />

d’une ombre de nostalgie : un exemp<strong>le</strong> de psychologie<br />

musica<strong>le</strong> tel<strong>le</strong> qu’on ne la rencontre que chez<br />

<strong>le</strong>s plus grands maîtres. La signification poétique<br />

se superpose à l’écriture musica<strong>le</strong> et la structure<br />

tout à la fois.<br />

C’est dans <strong>le</strong> brillant fina<strong>le</strong> que la joie jaillit<br />

enfin véritab<strong>le</strong>ment, dans un Mi bémol majeur<br />

qu’il faut peut-être comprendre comme la dernière<br />

réponse au sombre Mi bémol mineur de la partie<br />

médiane de l’Andante. Faute de place, nous ne<br />

décrirons pas <strong>le</strong>s nombreux joyaux de ce dernier<br />

mouvement, comme cette valse, en fin d’exposition<br />

et de reprise, qui commence dans l’exubérance<br />

et se perd dans la rêverie. ∆<br />

Sonate n. 6 en Mi mineur D 566/506<br />

composée en juin 1817<br />

Comment peut-il se faire que cette charmante<br />

Sonate, parfaitement achevée, et de plus relativement<br />

faci<strong>le</strong> à jouer, soit restée jusqu’ici à peu près<br />

inconnue ? On la cherchera en vain dans <strong>le</strong>s éditions<br />

courantes des Sonates. Son destin est typique<br />

de beaucoup d’œuvres de Schubert : peu<br />

après sa mort, <strong>le</strong> dernier mouvement en aura été<br />

séparé par hasard (pour <strong>le</strong>s premières Sonates,<br />

Schubert composait <strong>le</strong>s mouvements séparément,<br />

sur des feuil<strong>le</strong>s ou des rames non reliées). il parut<br />

assez vite, sous <strong>le</strong> numéro d’opus 145, Adagio et<br />

Rondo, précédé d’un arrangement, défiguré et très<br />

abrégé par l’éditeur de l’Adagio, D 605, qui fait<br />

partie de la Sonate en Fa mineur. Les trois

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