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lon l’usage traditionnel – fait immédiatement revenir<br />

l’atmosphère initia<strong>le</strong> de la Sonate. Le Trio, sur la<br />

tonalité médiante sol majeur, laisse curieusement<br />

pressentir celui que Schubert composera dix ans<br />

plus tard pour la Sonate D 850, écrite à Gastein.<br />

Même sol majeur dans <strong>le</strong>s deux cas, même thème<br />

mélodique si-mi-ré sur des accords répétés. Mais<br />

dans la Sonate de jeunesse, <strong>le</strong> thème est plus rapide<br />

et à l’octave supérieure, comme la voix d’un garçon<br />

comparée à cel<strong>le</strong> d’un homme. La deuxième partie<br />

du Trio, ce-pendant, est de conception différente :<br />

au lieu de l’invocation à la toute-puissance comme<br />

dans la « Gasteiner », c’est un voyage à travers des<br />

visions oniriques et sensuel<strong>le</strong>s – violoncel<strong>le</strong> solo<br />

avec au-dessus <strong>le</strong>s cordes aiguës ou <strong>le</strong>s vents, prémonition<br />

du monde de Wagner… Cette Sonate est<br />

considérée comme inachevée, parce qu’il lui manque<br />

un quatrième mouvement en mi majeur. Mais<br />

qu’est-ce qui pourrait bien suivre ? Peut-être<br />

Schubert n’était-il lui-même pas conscient qu’avec<br />

ses trois mouvements, cette Sonate était bel et bien<br />

achevée, tout comme la Sonate en La bémol<br />

majeur, D 557, qui se termine sur la dominante –<br />

sans par<strong>le</strong>r de la Symphonie Inachevée.<br />

∆<br />

Sonate n. 2 en Ut majeur, D 279/346<br />

composée en septembre 1815<br />

première édition 1888,<br />

Ancienne édition complète<br />

il n’y a aucune raison de remettre en doute la<br />

chronologie du catalogue Deutsch, d’après <strong>le</strong>quel<br />

Schubert composa plus de cent œuvres durant <strong>le</strong>s<br />

sept mois qui suivirent la Sonate en Mi ma-<br />

66<br />

jeur – une véritab<strong>le</strong> “explosion” de créativité.<br />

Comme on pouvait s’y attendre, cet état de création<br />

continu se reflète dans la plus grande maturité<br />

de cette deuxième Sonate que Schubert appel<strong>le</strong><br />

modetement Sonate i.<br />

La plus grande différence concerne la conception<br />

magistra<strong>le</strong> du premier mouvement. Les<br />

thèmes sont devenus plus personnels, <strong>le</strong> langage a<br />

gagné à la fois en subtilité et en virtuosité. La<br />

Sonate commence avec beaucoup de force sur un<br />

thème viril, à l’unisson, qui après un premier répit<br />

va être répété avec contrepoint – “Mozart, et du<br />

meil<strong>le</strong>ur”, serait-on tenté de dire – dans une progression<br />

allant du piano au fortissimo. La transition,<br />

qui étonne par son “modernisme” harmonique,<br />

débouche sur un thème secondaire doux et<br />

d’un immense charme. La deuxième entrée de ce<br />

thème est confiée dans <strong>le</strong> grave au “violoncello” :<br />

une idée très schubertienne mais qui a déjà son<br />

modè<strong>le</strong> chez Mozart (cf. <strong>le</strong>s Sonates K 309 et 533).<br />

La conception virtuose de la conclusion est inhabituel<strong>le</strong><br />

chez Schubert : on pense d’un côté à la<br />

Sonate « Waldstein » de Beethoven, tout en pressentant<br />

la gaieté “viennoise” et typiquement schubertienne<br />

de l’Ouverture de Rosamunde. Jusqu’ici,<br />

l’exposition s’est déroulée de façon tout à fait classique,<br />

mises à part <strong>le</strong>s dissonances de la transition.<br />

Le développement qui s’amorce va nous immerger<br />

tout à coup dans un chaos harmonique et psychologique.<br />

Ce qui se passe au cours de ces 50 à 70<br />

secondes fait éclater toutes <strong>le</strong>s normes classiques,<br />

et pourtant, <strong>le</strong>s fondements thématique et rythmique<br />

y sont si solides que l’unité du mouvement<br />

est sauvegardée – un petit mirac<strong>le</strong> schubertien.

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