11.06.2013 Views

Télécharger le livret - Outhere

Télécharger le livret - Outhere

Télécharger le livret - Outhere

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

iographie, il semb<strong>le</strong> qu’el<strong>le</strong> soit <strong>le</strong> ref<strong>le</strong>t d’un moment<br />

de bonheur que Schubert a connu en cette<br />

période de vacances. Si, bien entendu, <strong>le</strong>s effets de la<br />

tristesse ne sont pas absents de cette Sonate, ils ne<br />

suggèrent ici rien d’autre que des nuages obscurs qui<br />

passent : <strong>le</strong>s paysages n’en resp<strong>le</strong>ndissent après que<br />

d’autant plus vivement dans la lumière du so<strong>le</strong>il. Les<br />

bains de Gastein sont un plus jolis en-droits d’Autriche,<br />

et il est touchant d’observer à quel point<br />

Schubert aimait ce paysage, entre Salzbourg et Bad-<br />

Gastein, dont il nous donne une description fervente<br />

dans la fameuse <strong>le</strong>ttre adressée à son frère<br />

Ferdinand et datée du 12 septembre 1825 : « Nous<br />

mangeâmes à midi chez M. Pauernfeind, et quand <strong>le</strong><br />

temps qu’il fit cet après-midi-là nous permit de sortir,<br />

nous gravîmes <strong>le</strong> Nonnenberg qui, s’il n’est pas<br />

très é<strong>le</strong>vé, offre cependant <strong>le</strong> plus beau des panoramas.<br />

On découvre en effet de là-haut la vallée qui<br />

s’étend derrière Salzbourg. Te décrire <strong>le</strong> charme de<br />

cette vallée est chose pratiquement impossib<strong>le</strong>.<br />

imagine toi un jardin vaste de plusieurs mil<strong>le</strong>s, dans<br />

ce jardin d’innombrab<strong>le</strong>s domaines et châteaux qui<br />

apparaissent de loin en loin à travers <strong>le</strong>s arbres ; imagine<br />

un f<strong>le</strong>uve aux capricieux méandres, des prairies<br />

et des champs comme autant de tapis aux plus bel<strong>le</strong>s<br />

cou<strong>le</strong>urs, où viendraient s’enrou<strong>le</strong>r, comme des turbans,<br />

de superbes chaussées ; imagine des allées infinies<br />

bordées d’arbres, et <strong>le</strong> tout enserré dans <strong>le</strong>s plus<br />

hautes montagnes s’étendant à perte de vue, gardiennes<br />

de cette divine vallée ; imagine çela, et tu<br />

auras une faib<strong>le</strong> idée de son indicib<strong>le</strong> beauté ».<br />

Dans la <strong>le</strong>ttre suivante, datée du 25 (21 ? ) septembre,<br />

Schubert reprend son tab<strong>le</strong>au : « Entouré<br />

de toute une escorte, trônant sur la masse, l’Un-<br />

100<br />

tersberg – qui d’ail<strong>le</strong>urs est en fait la plus haute<br />

montagne – brillait et resp<strong>le</strong>ndissait somptueusement<br />

au so<strong>le</strong>il, – on devrait plutôt dire : à ses côtés.<br />

Nous traversâmes la vallée que je t’ai déjà décrite<br />

comme si nous eussions traversé l’Elysée, à ceci<br />

près qu’el<strong>le</strong> avait sur ce paradis l’avantage que nous<br />

nous trouvions assis au fond d’une adrorab<strong>le</strong> diligence,<br />

commodité que ne connaissaient pas Adam<br />

et Eve. Maintes fois nous rencontrâmes, en guise<br />

d’animaux sauvages, <strong>le</strong>s plus accortes jeunes fil<strong>le</strong>s<br />

[…] il n’est pas du tout convenab<strong>le</strong> qu’en de si<br />

bel<strong>le</strong>s contrées je fasse de si misérab<strong>le</strong>s plaisanteries,<br />

mais je peux bien aujourd’hui, pour une fois,<br />

n’être pas sérieux […] Ciel ! Le diab<strong>le</strong> soit des récits<br />

de voyage, chose atroce ! Je ne peux continuer ».<br />

Le premier mouvement de la Sonate est dominé<br />

par un thème viril dont <strong>le</strong> rythme obstiné (une<br />

note longue suivie de quatre croches frappées) a <strong>le</strong><br />

caractère joyeux d’une marche triomphante. Vers<br />

la fin du mouvement, <strong>le</strong> tempo de cette marche,<br />

plus en<strong>le</strong>vé, suggère l’entrée d’un orchestre au<br />

comp<strong>le</strong>t : on croit entendre retentir <strong>le</strong>s cors et, par<br />

dessus, chanter <strong>le</strong>s violons. Le second thème, au<br />

contraire, évoque une promenade tranquil<strong>le</strong> et<br />

contemplative – élément récurrent dans cette<br />

Sonate. Chose peu fréquente chez ses prédécesseurs,<br />

la musique de Schubert se caractérise entre<br />

autre par <strong>le</strong> plaisir évident qu’il semb<strong>le</strong> éprouver au<br />

contact des sons d’une même harmonie, ici surtout<br />

dans <strong>le</strong> premier mouvement, et qui <strong>le</strong> conduit<br />

à suspendre pour ainsi dire la musique sur une<br />

triade, pour ne la reprendre qu’une fois cette même<br />

harmonie répétée, comme en extase. En d’autres<br />

termes, l’harmonie, la sonorité el<strong>le</strong>-même de-

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!