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Mais je n’ai jamais essayé de le faire, ajouta-t-elle en rougissant un peu.
—Bien entendu, répondit Ulrika avec un petit sourire.
Elle se leva et se dirigea vers l’armoire, puis l’ouvrit. Elle était remplie de jolies toilettes, manteaux et
capes et tout le plancher était recouvert de délicates chaussures. Ulrika les enleva et regarda le panneau
de bois. Il n’y avait aucune serrure ni poignée. Cela semblait plein. Elle frappa de ses doigts, cela sonnait
même parfaitement plein. Elle tenta d’utiliser ses nouveaux sens afin de déjouer l’illusion qui dissimulait
la serrure, mais elle ne put voir que de furtifs détails qui s’évanouissaient dès qu’elle y portait le regard.
Elle n’avait pas assez de contrôle sur ses aptitudes magiques pour percer ce genre de protection.
Elle soupira et regarda la porte. Elle pourrait attendre le retour de la comtesse, une fois que celle-ci
aurait terminé de « réconforter » Herr Aldrich, mais elle était trop impatiente. Elle voulait savoir
maintenant.
Elle grogna et leva un poing qu’elle abattit lourdement. Le panneau craqua sur toute sa longueur. Elle
frappa à nouveau et finit par l’éventrer. Elle écarta les débris et regarda à l’intérieur du petit
compartiment. Une pile de lettres, de journaux et quelques bijoux avaient été rangés. Elle était sur le point
de fouiller quand elle vit, juste au sommet d’une pile, un petit morceau de parchemin portant l’inscription
« À l’attention de Frau Alfina Aldrich » tracée d’une écriture élégante et sure. Elle le ramassa et le
déroula. À l’intérieur, de la même main, on avait rédigé une courte note.
Cinq cents couronnes d’or portées à la maison avec la porte noire au coin de Messingstrasse et Hoff,
demain à minuit, ou vous serez dénoncée, comme l’ont été vos sœurs.
Ulrika examina la note. Qui donc pouvait être assez stupide pour tenter de faire chanter une vampire ? Et
la réponse arriva rapidement. Quelqu’un qui avait le pouvoir de la mettre en pièces au cas où elle
refuserait de payer. Une autre question suivit la première. Pourquoi ? Pourquoi une créature disposant
d’une telle puissance s’abaisserait-elle à se comporter en maître chanteur ?
Ulrika entendit alors des pas dans la pièce d’à côté. Elle se releva et referma l’armoire. La porte
s’ouvrit et Gabriella entra, puis elle la referma derrière elle et resta là durant de longues secondes, les
yeux fermés.
—Allez-vous bien, maîtresse ? s’inquiéta Ulrika.
Gabriella frissonna, puis se mit à sourire.
—Par chance, ce fut assez rapide et notre séjour entre ces murs est désormais assuré.
Elle se redressa et avança dans la pièce, tirant sur les lacets de sa robe.
—Et toi, ma chère ? T’es-tu remise de tous les événements de la soirée ?
—Parfaitement bien, répondit Ulrika. Mais regardez, j’ai découvert quelque chose. Elle rejoignit
Gabriella et lui tendit le petit parchemin. C’était dans l’armoire, lui expliqua-t-elle.
Gabriella déroula le message et lut, puis elle grimaça.
—Un chantage ? Je n’aurais jamais cru cela possible, mais voilà qui nous donne un point de départ.
Elle leva les yeux vers Ulrika et lui sourit.
—Bien joué. Demain, tu te rendras à cette adresse pour voir si tu peux trouver quelque chose. Mais
dans l’immédiat… Elle soupira et se détourna pour continuer de se déshabiller. Si tu pouvais avoir
l’amabilité de m’apporter de l’eau chaude, j’ai envie d’un bon bain.