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Ulrika enfila une robe en soie de Cathay et alla se réchauffer devant le feu. Gabriella lui avait déjà
expliqué qu’en tant que vampire, elle n’avait plus besoin de la chaleur pour survivre, mais elle ressentait
toujours le froid. En fait, depuis qu’elle s’était relevée de son lit de mort, elle avait toujours eu un peu
froid, sauf quand elle se nourrissait.
Elle se pelotonna dans un fauteuil de cuir à haut dossier, près du foyer, ses pensées toujours soucieuses
à cause de ces conflits opposant ses nouvelles « sœurs ». Il lui semblait inévitable que, livrées à ellesmêmes,
Hermione et Mathilda allaient très bientôt se déclarer une guerre acharnée, laquelle entraînerait
la mort de l’une des deux, voire des deux, pendant que le vrai meurtrier resterait bien tranquille. À titre
personnel, Ulrika s’en moquait un peu. Elle était trop nouvelle venue au sein de cette étrange société de la
nuit pour avoir déjà développé une certaine loyauté à l’égard de la reine Neferata, ni même le moindre
sens d’appartenance à cette sororité. Ces femmes n’étaient pas sa famille. Pas encore, du moins.
Pour Gabriella, c’était autre chose, et si elle voulait faire en sorte que ses sœurs ne s’entretuent pas,
alors Ulrika ferait tout ce qui serait en son pouvoir pour l’aider. La question était : que pouvait-elle
faire ? Elle ne pourrait certainement pas faire plus que ce que Gabriella avait déjà fait pour maintenir la
paix entre les deux femmes. La seule manière serait de démasquer ce mystérieux assassin. Mais comment
allait-elle procéder ? Elle pourrait retourner à cette plaque par laquelle le petit homme avait quitté les
égouts et chercher une piste olfactive, mais ses odeurs avaient probablement été masquées par une
journée entière d’activité, elle n’arriverait sans doute à rien. Quelles étaient les autres pistes ? Devaientelles
attendre que l’assassin frappât à nouveau ? Cela ne ferait que compliquer les choses entre les deux
sœurs.
Une idée surgit soudain et elle se tourna vers le divan où Imma la servante était toujours endormie, elle
récupérait de ce qu’Ulrika lui avait fait subir le matin précédent. Elle rechignait à la réveiller. La pauvre
fille devait sans doute avoir peur d’elle, maintenant, mais c’était la seule personne à pouvoir lui donner
quelques détails sur les derniers jours d’Alfina. Bien sûr, Gabriella l’avait déjà interrogée, mais peutêtre
avait-elle oublié quelque chose.
Ulrika se leva de son fauteuil et s’approcha d’un pas hésitant du divan, puis s’assit sur le rebord. Elle
tendit une main et secoua doucement la servante.
—Imma ? Réveille-toi ! murmura-t-elle. Je dois te parler.
La fille gémit et bougea un peu, mais elle ne se réveilla pas.
Ulrika la secoua à nouveau.
—Imma !
La servante ouvrit doucement les yeux, puis regarda autour d’elle en paraissant ne pas comprendre ce
qu’elle faisait là. Elle aperçut Ulrika penchée au-dessus d’elle et ouvrit grand ses yeux.
Ulrika posa la main sur son épaule.
—N’aie pas peur, Imma. Je ne te ferai pas de mal.
La servante posa une main sur celle d’Ulrika, puis elle la porta à ses lèvres.
—Oh, maîtresse, voulez-vous vous nourrir encore ? Faites.
Ulrika retira sa main, stupéfaite.
—Mais… mais, j’ai bien failli te tuer !
—Aucune importance, répondit la servante en levant des yeux implorants vers ceux d’Ulrika. Je suis
prête à mourir un millier de fois pour vous appartenir à nouveau, maîtresse. Vous êtes si forte, si…
Elle tourna la tête pour exposer son cou. La blessure était toujours rouge.
Ulrika se releva d’un bond et dut faire de gros efforts pour que son visage ne montre pas sa nausée et
son mépris. Le jeune chevalier Quentin avait eu la même réaction et cela l’avait déjà rendue malade. Elle
avait agressé cette fille, l’avait presque tuée, et cette petite folle l’aimait pour cela ? Ces gens n’avaient-