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et Hermione avaient repris leur discussion.
—Six Lahmianes régnaient sur Nuln avant toute cette horreur, disait Gabriella. Il n’en reste plus que
trois. Vous, Dagmar et Mathilda. Si vous partez en guerre, il n’y en aura plus que deux, voire moins.
Comprenez-vous ? Quels que soient les événements, vous battre entre vous ne fera qu’affaiblir l’emprise
des Lahmianes sur Nuln, pour un avenir incertain. Vous ne pouvez pas vous le permettre.
—Mais ce n’est pas moi qui ai commencé, répliqua Hermione. C’est cette louve de malheur, quoi que
vous puissiez en penser.
Gabriella soupira.
—Tant qu’il restera ne serait-ce qu’un infime doute quant à sa culpabilité, nous ne pourrons rien faire.
La reine aura nos têtes à toutes les deux s’il s’avère qu’elle est innocente.
—Et si elle est coupable ? Elle sait maintenant que nous la suspectons. Elle frappera de nouveau avant
que vous ayez trouvé votre magnifique preuve !
—Vous ne pouvez pas me reprocher d’avoir dévoilé votre jeu trop tôt, tout de même !
Ils atteignirent l’autre extrémité du pont et s’engagèrent sur les chaussées pavées du district Neuestadt.
Ulrika crut voir une masse sombre s’éloigner d’eux par une autre voie, elle regarda par la fenêtre en
retenant son souffle. Elle se décontracta en s’apercevant qu’il ne s’agissait de rien d’autre que du
carrosse de Madame Dagmar qui s’était séparé du convoi pour prendre la direction du Silver Lily. Elle
en rit intérieurement. Une vampire qui plongeait pour se cacher dans l’ombre. Quelle honte ! Cependant,
après cette petite visite dans le domaine de Mathilda, cette réaction était assez compréhensible.
Quelques minutes plus tard, les deux derniers carrosses franchirent la porte donnant dans l’Altestadt,
puis ils finirent par s’arrêter devant la demeure d’Hermione. En descendant, Gabriella se tourna une
dernière fois vers Hermione.
—Je ne demande pas que vous restiez les bras croisés, lui dit-elle. Si vous suspectez réellement
Mathilda, faites-la espionner, faites-la suivre, surveillez ses connaissances et rassemblez toutes les
preuves que vous pourrez. Mais surtout, n’attaquez pas, pas avant que je puisse présenter le cas à notre
reine. Ai-je votre parole sur ce point ?
Hermione sembla lutter contre elle-même, mais elle finit par hocher la tête.
—Très bien, ma sœur. Mais je suis certaine que nous regretterons de ne pas avoir agi quand nous le
pouvions.
—Dans ce cas, répondit Gabriella, il ne me restera plus qu’à implorer votre clémence pour ma
personne.
Sur ces mots, Rodrik, Ulrika et la comtesse regagnèrent leur propre voiture. Ulrika surprit Famke en
train de la regarder. La fille lui adressa un sourire attristé, puis elle se détourna et suivit sa maîtresse qui
se dirigeait vers le perron.
En approchant de la demeure du maître de guilde, Gabriella cogna d’un doigt contre le plafond du
carrosse pour faire arrêter le cocher.
—Vous devez retourner à votre auberge, dit-elle en se tournant vers Rodrik.
Le chevalier ne bougea pas.
—La situation devient de plus en plus dangereuse, madame. L’assassin court toujours et Dame
Hermione vous a prise en grippe. Je dois rester à vos côtés pour assurer votre protection.
—J’aurais aimé que cela soit possible, Rodrik, en toute franchise, lui répondit la comtesse. Mais je ne
suis pas encore totalement installée dans la maison de ce gros fou. Il me tolère tout juste. Si je lui disais
qu’il doit vous héberger vous aussi, il se rebellerait probablement et courrait tout droit trouver les
chasseurs de sorcières. N’ayez pas peur. Ce ne sera plus très long, je vous en fais la promesse.