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—Nous sommes venus pour rencontrer Madame Mathilda, lui envoya Hermione. Nous sommes ses…<br />

sœurs.<br />

Son hésitation était la preuve que <strong>ce</strong> dernier mot lui avait coûté.<br />

Le vagabond examina Hermione d’un peu plus près, puis ensuite Gabriella. Il avala sa salive, nerveux,<br />

puis il se toucha le front et poursuivit sur un ton bien plus respectueux.<br />

—Désolé, maîtresses. J’avais pas reconnu. Prenez la première allée et contournez le bâtiment, vous<br />

serez plus <strong>au</strong> calme.<br />

—Merci, mon brave, répondit Hermione avant de se reculer dans le fond de la banquette et de faire<br />

signe <strong>au</strong> cocher de poursuivre.<br />

Ils se remirent en route, Ulrika entendit siffler le garde.<br />

—Dirk ! cria-t-il. Dis à la dame qu’elle a d’la visite !<br />

Gabriella regarda par la fenêtre lorsque le carrosse s’engagea dans l’allée étroite et que les murs<br />

sombres vinrent l’entourer de part et d’<strong>au</strong>tre.<br />

—Ne sommes-nous pas en train de nous jeter dans la gueule du loup ? demanda-t-elle.<br />

Hermione leva une main.<br />

—Les gens de Mathilda ne sont que des mendiants. Bertholt pourrait à lui seul nous sortir de là.<br />

Gabriella fronça les sourcils, mais n’ajouta rien. Ulrika comprenait son état d’esprit. Si Mathilda était<br />

bien derrière les meurtres des <strong>au</strong>tres Lahmianes et si leur présen<strong>ce</strong> en <strong>ce</strong>s lieux débouchait sur un<br />

affrontement ouvert, la situation serait fort délicate. Elle baissa les yeux sur sa jolie robe et regretta que<br />

la comtesse ne lui ait pas permis de porter une tenue plus adaptée.<br />

Le carrosse ralentit.<br />

—C’est un cul-de-sac, madame, leur annonça la voix du cocher depuis son siège. Je ne sais pas si…<br />

Des raclements et des grin<strong>ce</strong>ments couvrirent la fin de sa phrase et Ulrika et tous les <strong>au</strong>tres se tinrent<br />

immédiatement sur leurs gardes. Était-<strong>ce</strong> une attaque ? Ulrika regarda par la fenêtre vers l’avant du<br />

carrosse. Ce qui avait tout d’abord semblé être un mur tout à fait banal était en train de reculer dans une<br />

sorte de cour carrée et boueuse entourée par le dos de plusieurs bâtisses. Il semblait que le domaine de<br />

Mathilda ne se limitait pas qu’à <strong>ce</strong>tte seule taverne du coin de la rue. Cette pensée ne la rassurait pas.<br />

—Avan<strong>ce</strong>z vos seigneuries ! les invita une voix féminine et gouailleuse.<br />

Les carrosses se remirent en route et une fois qu’ils furent tous entrés dans la cour, la porte secrète se<br />

referma derrière eux dans les mêmes raclements et grin<strong>ce</strong>ments.<br />

—La gueule se referme, murmura Gabriella.<br />

Les cochers s’arrêtèrent <strong>au</strong> <strong>ce</strong>ntre de l’espa<strong>ce</strong>, Ulrika aperçut plusieurs individus armés d’arquebuses<br />

ou d’arbalètes <strong>au</strong>x fenêtres des bâtisses environnantes, une douzaine d’<strong>au</strong>tres sortirent par une porte<br />

arrière de la taverne dont le toit en pente surplombait un coin de la cour. Les individus allèrent entourer<br />

les carrosses, l’épée déjà à la main. Ulrika tenta de s’imaginer von Zechlin en train de les combattre dans<br />

ses bottes à talon. Non, il ne s’en sortirait pas. Mais peut-être disposait-il de ressour<strong>ce</strong>s dont elle ignorait<br />

l’existen<strong>ce</strong>.<br />

Hermione regarda le <strong>ce</strong>rcle de gredins et hésita lorsque von Zechlin ouvrit la portière depuis<br />

l’extérieur. Gabriella s’<strong>au</strong>torisa un petit sourire glacé.<br />

—Vous pensez toujours qu’il sera <strong>au</strong>ssi facile d’abattre la louve dans sa tanière ?<br />

Hermione ricana.<br />

—Bah, répondit-elle. Ils ne sont rien. Une fois Mathilda morte, ils se battront pour nous baiser les<br />

pieds.<br />

Elle ramena ses ép<strong>au</strong>les en arrière et des<strong>ce</strong>ndit le marchepied pour poser le pied dans la cour boueuse<br />

comme si elle était chez elle. Gabriella suivit, puis Ulrika et Famke firent de même, Rodrik et von

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