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—Et donc ? parvint-elle à reprendre après quelques secondes. Tu étais donc volontaire ?<br />
—Oh oui, répondit Famke. De tout mon cœur. Tu vois, Dame Hermione m’a recueillie moi <strong>au</strong>ssi. Mon<br />
père…<br />
La fille marqua une p<strong>au</strong>se et Ulrika comprit qu’elle devait lutter contre <strong>ce</strong>rtaines émotions, tout comme<br />
elle-même.<br />
—Mon père, même s’il n’était pas vampire, n’était pas une personne fréquentable. Il vit… une <strong>ce</strong>rtaine<br />
opportunité dans ma be<strong>au</strong>té. Tout comme il l’avait fait pour ma mère, ajouta-t-elle en serrant les poings.<br />
Ulrika grogna. Elle n’aimait pas entendre <strong>ce</strong> genre d’histoire. Elle recouvrit la main de Famke de la<br />
sienne.<br />
—Je suis désolée moi <strong>au</strong>ssi.<br />
Famke h<strong>au</strong>ssa les ép<strong>au</strong>les, comme si elle les débarrassait d’un poids, puis elle retrouva son sourire.<br />
—Aucune importan<strong>ce</strong>. Dame Hermione a vu elle <strong>au</strong>ssi une opportunité dans ma be<strong>au</strong>té, mais elle m’a<br />
<strong>ce</strong>rtifié que <strong>ce</strong> serait moi qui en tirerais profit <strong>au</strong> lieu d’en être esclave. Elle me montrerait comment faire<br />
ramper tous les hommes devant moi <strong>au</strong> lieu que <strong>ce</strong> soit moi qui rampe devant eux. Je… j’étais impatiente<br />
qu’elle me donne le baiser.<br />
Ulrika étudia Famke. Il y avait une <strong>ce</strong>rtaine colère sous la nature apparemment dou<strong>ce</strong> de <strong>ce</strong>tte fille, et<br />
<strong>ce</strong> mariage avait quelque chose d’effrayant.<br />
—J’espère que tu trouveras <strong>ce</strong> que tu cherches, lui dit-elle finalement.<br />
Famke fronça les sourcils et son regard brilla.<br />
—C’est déjà fait. Dès que Dame Hermione m’a changée, je suis retournée à la maison de mon père.<br />
Ulrika cligna des yeux en devinant où Famke voulait en venir.<br />
—Ah, dit-elle. Je vois.<br />
—Et toi <strong>au</strong>ssi, tu as tué ton tourmenteur ? lui demanda Famke sur le ton d’une personne discutant du<br />
temps qu’il faisait <strong>au</strong>-dehors.<br />
—Non, répondit Ulrika en secouant la tête. J’étais toujours plongée dans les tourments de ma<br />
renaissan<strong>ce</strong>. Je n’arrivais à penser à rien. Mes anciens compagnons l’ont tué, deux nains tueurs de trolls<br />
et deux humains, un poète et un mage. Des hommes bons et des amis fidèles. Ils ont traversé tout Kislev et<br />
la Sylvanie pour venir me secourir.<br />
La fille montra les dents et détourna le regard, plongeant en elle-même avec la même soudaineté avec<br />
laquelle elle avait engagé <strong>ce</strong>tte conversation.<br />
—Il n’existe pas d’hommes bons, lâcha-t-elle.<br />
Ulrika étudia durant de longues secondes le profil délicat de Famke, il était devenu <strong>au</strong>ssi froid et figé<br />
que <strong>ce</strong>lui d’une statue. Elle regretta de ne pas pouvoir rendre la vie <strong>au</strong> cadavre du père, simplement pour<br />
que sa nouvelle amie puisse avoir le plaisir de le tuer à nouve<strong>au</strong>.<br />
Les carrosses firent halte en plein cœur du F<strong>au</strong>lestadt. Une taverne <strong>au</strong> toit torturé occupait le coin d’un<br />
pâté de bâtisses tout <strong>au</strong>ssi improbables, une lanterne rouge se balançait <strong>au</strong>-dessus de la porte. Sa lumière<br />
sanguine illuminait l’enseigne de l’endroit, une tête de loup empaillée montée sur une plaque,<br />
passablement fatiguée par les intempéries et ayant même perdu l’un de ses yeux de verre.<br />
Il n’y avait <strong>au</strong>cun garde visible lorsqu’ils approchèrent de l’endroit, Ulrika restait pourtant persuadée<br />
qu’ils étaient surveillés. Une sorte de vagabond armé d’une massue ferrée posée négligemment sur son<br />
ép<strong>au</strong>le leva une main en venant se mettre en travers du chemin avant qu’ils ne puissent pénétrer sur la<br />
petite pla<strong>ce</strong>.<br />
—C’est pas un endroit pour vous, vos seigneuries, croassa-t-il en venant à la h<strong>au</strong>teur des fenêtres du<br />
carrosse d’Hermione. Feriez mieux d’aller vous promener ailleurs.