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ses hommes portaient des atours toujours aussi impeccables et paraissaient avoir surmonté leurs excès
alcoolisés de la nuit précédente.
—Regardez, commença Hermione, et voyez à quel point il n’était pas nécessaire que vous veniez à
notre aide, comme vous le disiez. Elle sortit de sa manche un mouchoir enroulé et le posa sur le
couvercle du clavecin. Mon cher Bertholt a trouvé la nuit dernière devant le Silver Lily la preuve
indiscutable de l’identité du tueur.
Hermione déroula le mouchoir, révélant ce à quoi Ulrika s’attendait, quelques touffes de poils noirs.
Tout le monde s’approcha pour regarder. Gabriella leva un sourcil blasé.
—Qu’est-ce c’est ? demanda Dagmar.
—Votre cher Bertholt perd ses cheveux ? demanda Gabriella.
Hermione leva vers ses sœurs un regard exaspéré.
—Ce sont des poils de loup, expliqua-t-elle. Et Bertholt a aussi trouvé des empreintes de pattes.
Gabriella fit mine d’entendre cela pour la première fois, même si Ulrika lui avait déjà tout raconté.
—Suggérez-vous que Maîtresse Alfina aurait été tuée par un loup ? demanda-t-elle. Au beau milieu
d’une cité ?
Von Zechlin pouffa en entendant cela et Hermione roula des yeux.
—Ma chère comtesse, dit-elle. Il est clair que vous ignorez beaucoup de choses au sujet de vos sœurs
ici, à Nuln. Je vous ai déjà parlé de cette fille de joie, Mathilda ?
—Celle qui tient les Taudis au sud du fleuve ? répondit Gabriella. Oui, je m’en souviens.
—Parfait. Mathilda est tellement plongée dans sa nature animale qu’elle est capable de se transformer
en une louve noire quand elle s’emporte. Une louve avec la force d’un vampire, assez puissante pour
mettre en pièce n’importe laquelle d’entre nous.
—Ma sœur, qu’êtes-vous en train de dire ? faillit s’étouffer Dagmar.
Hermione hocha la tête et désigna les touffes de poils.
—Il ne peut s’agir de personne d’autre. C’est Mathilda qui a assassiné Rosamund, Karlotta et Alfina.
Elle tente de prendre le contrôle de tout Nuln. Nous devons l’arrêter avant qu’elle ne réussisse. Nous
devons la tuer avant que ce ne soit elle qui ne nous déchire la gorge.
Ulrika bouillait intérieurement. Elle aurait voulu parler du petit sorcier qui s’était sauvé de la scène du
crime et du fait que l’odeur de loup avait été absente du cadavre de Maîtresse Alfina, quelle n’avait en
fait sentie cette odeur qu’autour de la flaque de boue où avaient été découvertes les traces, mais elle
n’osa pas ouvrir la bouche. Le faire aurait révélé à tous que Gabriella l’avait envoyée enquêter sur ce
crime à l’encontre des ordres directs d’Hermione.
Gabriella fronça les sourcils.
—C’est une accusation très grave, ma sœur, dit-elle. Êtes-vous absolument certaine que c’était elle ? Il
existe d’autres changelins de par le monde.
—Avec autant de griefs contre nous ? lui demanda Hermione avec un regard tranchant. Non. Les frères
des loups et des ours restent dans la forêt avec leurs cousins. Ils ne s’occupent pas de nos affaires.
Mathilda, quant à elle, ne manque pas de raisons de jalouser ses sœurs. Nous avons la beauté et les
ressources alors qu’elle n’a ni l’une ni les autres. Nous habitons de somptueuses demeures pendant
qu’elle vit dans son trou crasseux. Nous fréquentons les hautes sphères de la société pendant qu’elle n’a
le droit de se nourrir que des rebus. C’est elle, je le sais, ajouta-t-elle avec une grimace qui déforma son
beau visage.
—C’est possible, répondit Gabriella avec calme. Mais j’ai tout de même du mal à le croire. Comme je
l’ai déjà dit, aucune Lahmiane n’irait exposer d’autres Lahmianes par peur que les chasseurs de sorcières
ne finissent par la débusquer à son tour.