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Elle sortit ensuite de sa cachette pour bondir sur le toit suivant.<br />

Elle se sentait tellement bien de voler ainsi dans les airs qu’elle ne put s’empêcher de rigoler. Elle<br />

s<strong>au</strong>ta de toit en toit, puis encore un <strong>au</strong>tre, soulevant des panaches de neige à chaque nouvel atterrissage.<br />

Quelle sensation ! Jamais elle n’avait ressenti une telle chose de toute son existen<strong>ce</strong>. En fait, dans sa vie<br />

précédente, elle <strong>au</strong>rait été bien incapable de tels prodiges. C’était ses for<strong>ce</strong>s de morte-vivante qui lui<br />

donnaient <strong>au</strong>tant de grâ<strong>ce</strong> et d’agilité. Elle se retrouva soudain à envisager de rester à danser ainsi sur les<br />

toits à jamais. Quelle joie d’utiliser ainsi ses nouvelles capacités. Quel bonheur de bondir comme un<br />

chat, de s’approprier ainsi les toits de toute une cité, de regarder d’en h<strong>au</strong>t les p<strong>au</strong>vres mortels tout en<br />

sachant que l’on était plus fort et plus rapide et plus redoutable que n’importe lequel d’entre eux, de<br />

savoir que l’on pouvait plonger telle une ombre vengeresse et prendre leur pathétique existen<strong>ce</strong> sans<br />

même qu’ils comprennent que l’on était là. Était-<strong>ce</strong> <strong>ce</strong>la se sentir un dieu ? Elle se passa la langue sur les<br />

lèvres en s’imaginant tomber littéralement sur le premier promeneur venu. La déesse avait faim. Qui<br />

pourrait donc l’empêcher de se nourrir ?<br />

Le premier rayon du soleil passa par-dessus les toits du palais de la comtesse von Liebwitz et lui frôla<br />

la joue. Elle siffla et s’aplatit sur les tuiles du toit sur lequel elle se trouvait, sa pe<strong>au</strong> crépitait sur tout un<br />

côté de son visage, jusque sur son front. La douleur était insoutenable et elle se mit à la recherche d’un<br />

recoin d’ombre, en proie à une soudaine panique. Elle se trouva un endroit entre deux pignons et s’y<br />

engouffra, tremblante et respirant fortement.<br />

Quelle imbécile ! Elle se cacha la tête de ses bras. Quelle folie que de rêver à une telle plénitude alors<br />

que le soleil vous était interdit !<br />

Elle rampa jusqu’<strong>au</strong> bord du toit, puis se laissa tomber sur un balcon et regagna grâ<strong>ce</strong> à une gouttière la<br />

rue toujours plongée dans la pénombre. Elle courut ensuite d’ombre en ombre comme un rat, remontant le<br />

long col de sa veste de cavalier le plus h<strong>au</strong>t possible <strong>au</strong>tour de sa tête, jusqu’à la demeure du maître de<br />

guilde Aldrich.<br />

La comtesse Gabriella se leva d’un bond lorsqu’Ulrika franchit la porte de ses appartements privés.<br />

—Oh, mon enfant ! s’écria-t-elle. Tu es de retour ! J’ai cru que tu avais été capturée. Ou pire.<br />

Ulrika s’effondra dans un f<strong>au</strong>teuil et elle osa enfin révéler son visage. Elle parvenait à peine à y voir<br />

tant ses yeux étaient gonflés.<br />

—Le soleil, parvint-elle à murmurer.<br />

La comtesse hoqueta et se précipita vers elle pour l’entourer de ses bras.<br />

—Oh, ton visage ! Ton p<strong>au</strong>vre visage ! Je n’<strong>au</strong>rais pas dû te laisser sortir.<br />

Elle se retourna et fit claquer ses doigts.<br />

—Imma ! Vite ! Dénude ton cou. Maîtresse Ulrika doit se nourrir immédiatement !<br />

La servante s’approcha après avoir fait une révéren<strong>ce</strong>. Elle dénoua le h<strong>au</strong>t col de sa chemise.<br />

—Bien, maîtresse.<br />

Ulrika ne <strong>ce</strong>ssait de trembler en s’accrochant <strong>au</strong>x robes de Gabriella.<br />

—Oui… Faim. Faim.<br />

Imma s’agenouilla près du f<strong>au</strong>teuil et défit les la<strong>ce</strong>ts qui retenaient son col, révélant une gorge portant<br />

de nombreuses cicatri<strong>ce</strong>s. L’odeur et le vacarme du sang dans ses veines étaient pour Ulrika comme<br />

l’appel de l’amour. Elle ne pouvait attendre davantage. Ses crocs jaillirent, elle attrapa la fille et la tira<br />

contre elle. Imma poussa un petit cri de surprise. Ulrika n’y prêta <strong>au</strong>cune attention. Elle planta ses crocs<br />

dans la chair tendre et but profondément, le sang savoureux se répandit en elle comme un doux breuvage<br />

et calma ses douleurs.<br />

—Ulrika ! fit une voix si lointaine. Dou<strong>ce</strong>ment, Ulrika !

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